Les fils des ténèbres (Dan Simmons)

 



Je retrouve périodiquement des vieux livres de Dan Simmons dans ma bibliothèque et suis régulièrement déçu à leur lecture tant cet écrivain ne m’a semble t il jamais été meilleur que dans « L’échiquier du mal » ou autres « Hypérion ».

Sorti en 1992, « Les fils des ténèbres » est un bon vieux roman de fantastique/épouvante revisitant à la sauce Simmons le mythe de Dracula.

L’histoire se déroule dans la Roumanie juste après la chute de Ceausescu, dans un pays en proie à la désorganisation, les troubles et la misère.

Kate Neuman, une biologiste made in USA (Colorado) effectue une mission humanitaire à Bucarest pour tenter de venir en aide aux nombreux enfants abandonnés et maltraités en raison des insuffisances du système sanitaire roumain.

Le spectacle qu’elle contemple tous les jours éprouve sa conscience de nord américaine, aussi tente t elle avec les moyens du bord d’alléger les souffrances de nourrissons souvent condamnés par avance notamment par une épidémie galopante de Sida.

Intriguée par le cas de Joshua, un nourrisson orphelin dépérissant à vue d’œil et se régénérant à chaque transfusion sanguine, améliorant peu à peu sa résistance, Kate reçoit l’aide inespérée de Michael O’Rourke un prêtre américain lui aussi en mission humanitaire, qui lui recommande étant donné la rareté du cas de Joshua, de l’adopter pour l’emmener aux Etats-Unis afin qu’il bénéficie de traitements de pointe.

Kate est immédiatement séduite par l’idée et notamment le formidable potentiel du cas Joshua pour traiter notamment le Sida, se lance à corps perdu dans les démarches.

Mais elle se heurte rapidement à la redoutable bureaucratie roumaine, corrompue et inefficace.

Heureusement un étudiant roumain du nom de Lucian l’aide à franchir quelques étapes, O’Rourke, en réalité incroyablement influent en raison de ses relations avec d’anciens du Viet Nam, se chargeant de faire pression sur les fonctionnaires de l’ambassade américaine pour lever les derniers obstacles.

Finalement de retour aux Etats-Unis, Kate retrouve son ex mari Tom, alpiniste avec qui elle est heureusement restée en bon termes qui l’aide dans l’accueil de Joshua.

Elle met toutes ses relations à profit pour faire étudier Joshua dans un des laboratoires de pointe du Colorado, arrivant à des résultats impressionnants confirmant l’unicité du cas de Joshua et surtout sa capacité à créer une nouvelle hémoglobine susceptible de guérir du Sida ou du cancer.

Pourtant, Kate subit une agression à son domicile et fait feu à plusieurs reprises sur un homme grand et pale, dont le corps s’évanouit malgré une chute en principe mortelle dans un ravin.

Elle comprend que l’inconnu en voulait à Joshua mais ne peut parer une autre attaque cette fois de plusieurs hommes, qui lui arrachent son fils adoptif et tuent Tom qui essayait de la défendre.

En parallèle, le centre de recherche est saccagé, les données volées et le personnel travaillant sur le cas Joshua assassiné.

Désespérée, Kate se tourne alors de nouveau vers O’Rourke, qui accepte de l’aider à retrouver Joshua, qu’elle pense détenu en Roumanie.

Arrivé en Hongrie, O’Rourke fait jouer ses contacts auprès des prêtres orthodoxes qui le mettent sur la piste des légendaires vampires, appelés strigoi en roumain et notamment de Vlad Tepes, seigneur roumain du XV ième siècle, sensé être le célèbre Dracula.

Usant d’un de ses procédés habituels, Simmons place quelques chapitres savoureusement abominables, ou Dracula, réincarné en milliardaire américain sous le nom de Deacon Trent, se livre à de longs monologues une fois revenu sur sa terre natale des Carpates, et raconte selon lui sa véritable histoire, faite de guerres contre les Turcs, d’horribles tortures et d’asservissements contre la population des Carpates.

On comprend que Dracula est le chef des strigoi, vampires roumains se transmettant leur malédiction génétique de générations en générations, et jouant une influence majeure au sein des pouvoirs politiques du pays.

A la tête d’une véritable organisation secrète utilisant des gros bras et des fonctionnaires aisément achetables dans un pays en pleine déliquescence, Dracula déclinant lentement a en réalité fait enlever Joshua pour en faire son fils et le nouveau roi des strigoi.

Aidés par le toujours serviable Lucian qui a passé un examen sanguin pour les rassurer, Kate et O’Rourke prennent contact avec une filière tzigane mafieuse pour pénétrer clandestinement en Roumanie et surveiller Radu Fortuna, hommes réputé proche du pouvoir strigoi, tout en ignorant que Fortuna n’est autre que le frère de Dracula en personne.

Ils filent le dignitaire, arrivent jusqu’à un monastère dans la ville de Snagov, non loin de Bucarest et découvrent ce qui ressemble à une cérémonie strigoi visant à préparer Joshua à recevoir la paternité de Dracula en profitant de son étonnant capacité à régénérer son organisme sans sang humain.

Soumis à une intense surveillance de la Securitate aux ordres de Fortanu, Kate et O’Rourke partent en cavale bord d‘un side car hors d‘âge, un peu perdus dans un pays de l’ex Europe de l’Est et peu hospitalier pour des étrangers surtout s’ils sont américains.

Devenus entre temps amants, Kate et O’Rourke, sont finalement livrés à Fortuna par de simples paysans et par une trahison de Lucian, puis et emmenés en hélicoptère jusqu’au château de Dracula dans la ville de Sighişoara, ou doit avoir lieu la dernière partie de la cérémonie.

Ligotés et torturés, ils doivent servir de victimes humaines à Dracula, en finissant leur jours empalés et dévorés par les strigoi venus du monde entier assister à la cérémonie suprême de leur race.

Mais alors qu’elle s’apprête à se faire violer par une des brutes de Fortuna, Kate est sauvée par une intervention miraculeuse de Lucian, finalement agent double d’un ordre dit du Dragon, destiné à lutter toute sa vie contre les strigoi.

Malheureusement Lucian meurt dans une fusillade, révélant avant de mourir à Kate que le château a été piégé dans ses fondations pour exploser en plein milieu de la cérémonie et tuer les strigoi venus en masse.

Après avoir reçu l’aide d’une tzigane, Kate poussée par le désir plus fort que tout de sauver son fils, se lance dans une escalade périlleuse et pénètre en pleine cérémonie, arrachant Joshua aux strigoi, et exigeant la libération de O’Rourke contre sa restitution.

Le plus grand chaos règne alors, Fortuna est grièvement blessé, mais finalement O’Rourke est libéré, parvient on ne sait trop comment à prendre les commandes d’un hélicoptère emmenant Kate et Joshua hors du château de Dracula qui explose lorsque les charges placées dans ses fondations entrent en action.

Si le trio victorieux parvient à rentrer en hélicoptère jusqu’à Bucarest, le roman se termine sur un énième songe de Dracula, finalement rescapé de l’explosion fatale aux autres strigoi.

En conclusion, « Les fils des ténèbres » est un volumineux roman fantastique introduisant une forte dose de polar et de semblant de théorie scientifique, autour d’un mythe dont le charme est par essence le mystère et l’inexpliqué.

Simmons peine donc à construire une histoire réellement palpitante autour de son duo improbable de prêtre ancien pilote du Viet Nam et bonne petite mère courage américaine prête à tout pour retrouver un orphelin roumain sauvé d’une catastrophe humanitaire.

Je me suis donc assez rapidement désintéressé des incompréhensibles explication pseudo scientifiques sensés faire de Joshua un être exceptionnel pour l’humanité mais plus grave ai eu les plus grandes peines du monde à trouver les personnages principaux attachants et les vampires effrayants.

Seuls point positifs donc de ce roman fantastique poussif, la description d’une société roumaine en décomposition après l’écroulement du tyran des Carpates, avec les trafics en tout genre, y compris d’enfants vendus par des tziganes misérables et des usines évoquant un cauchemar industriel.

Tout en brossant un portrait sans concession de la société roumaine, Simmons qui semble avoir acquis quelques notions de roumain, en reconnait toutefois les beautés notamment de la splendide zone montagneuse des Carpates.

On appréciera également les quelques monologues de Dracula, évoquant le coté plus hardcore de l’écrivain avec des actes de tortures particulièrement sadiques vis-à-vis de serfs ou de moines osant défier son autorité.

Tout ceci ne suffit donc pas à élever « Les fils des ténèbres » à la cheville du « Dracula » de Bram Stroker.

Commentaires