Pour qui sonne le glas (Ernest Hemingway)

 



Malgré quelques déceptions, je persévère dans ma découverte d’Ernest Hemingway avec cette fois l’un de ses plus grand classiques « Pour qui sonne le glas ».

Ce livre prend place dans un contexte très difficile, la guerre civile qui ensanglanta l’Espagne de 1936 à 1939.

Le personnage principal, Robert Jordan, est un jeune professeur américain qui s’est enrôlé comme dynamiteur dans la coalition des forces communistes étrangères qui luttent aux cotés de républicains contre l’insurrection nationaliste et fasciste de Franco.

Sa mission principale est de faire sauter un pont dans la région de Castille afin de préparer une contre offensive républicaine d’envergure pour de reprendre Ségovie puis ensuite de marcher sur Madrid.

Après avoir pris ses ordres d’un général russe (Golz), Jordan prend alors contact avec une bande de partisans espagnols pour arriver jusqu’à son objectif.

Ayant déjà vécu en Espagne avant le conflit, Jordan à l’avantage de parler parfaitement l’espagnol ce qui facilite son intégration au sein de la bande dirigée par leur chef Pablo qui s’est brillamment illustré par une attaque de train.

Mais Pablo semble usé par le conflit et son attitude étrange, son manque de combativité font de lui un personnage dangereux et ambigu qui met en péril la cohésion du groupe et la mission de Jordan.

Pourtant sans doute séduit par sa personnalité trouble, l’américain prend sa défense afin de lui éviter d’être exécuté et contre toute attente Pablo viendra jusqu’au bout hanter le roman.

La totalité du livre tient sur une durée de trois jours avec la préparation de l’acte de dynamitage et la description de la vie de guérilleros.

Dans cette environnement règne Pilar, la femme de Pablo, une matrone de prêt cinquante ans, énergique et idéaliste qui est la véritable locomotive du groupe.

Il y aussi le vieil Anselmo, pisteur infatigable et chaleureux qui guide Jordan dans le maquis castillan et Raphaël le gitan, peu fiable car enrôlé un peu malgré lui dans une guerre dont les enjeux le dépassent.

Mais la grande histoire de Robert Jordan reste Maria, jeune paysanne recueillie par le groupe après avoir été tondue et violée par les nationalistes.

Durant les trois jours, Robert et Maria s’aiment d’un amour pur et intense.

Malgré le cadre tragique qui les entourent, tous deux découvrent l’amour pour la première fois dans toute sa beauté et sa simplicité.

Tout au long du récit, Hemingway décrit les horreurs de la guerre, la peur des patrouilles, des tanks, des avions et les massacres abominables comme celui que confessent Pilar et Pablo, de tous les hommes fascistes de leur village alors qu’ils étaient désarmés et retranchés dans une maison.

Puis vient l’heure d’exécuter la mission et le plus grand pic d’intensité du roman.

Jordan parvient à ses fins mais est cruellement blessé à la jambe en s’enfuyant.

Avec sa jambe cassée il devient un poids pour le groupe et demande a être abandonné.

Les adieux avec Maria sont déchirants.

Le roman se termine sur une scène particulièrement forte ou Jordan grièvement blessé attend avec anxiété la patrouille tout en hésitant encore à se suicider ou à vendre chèrement sa peau en assassinant un officier.

En conclusion, « Pour qui sonne le glas » est un roman très dense et dramatique.

Hemingway s’est bien sur inspiré de son expérience comme correspondant de guerre pour le personnage de Jordan mais outre l’aspect historique, le roman comporte un arrière fond philosophique des plus intéressants.

Se sachant sans nul doute condamné, Jordan vit pourtant au contact de ses gens rustres mais généreux et de la jeune Maria, sans nul doute les meilleurs moments de son existence et est prêt à accepter de mourir en échange de se trois jours merveilleux car il comprend que l’important n’est pas de vivre longtemps une vie vide mais de vivre bien et intensément en ayant l’impression d’avoir rempli sa vie.

La seule critique que je pourrais faire est que le livre m’a paru trop long et l’action plutôt réduite ce qui est plutôt décevant pour une œuvre traitant de la guerre.

Le lecteur s’installe donc dans l’attente et la routine de la vie de camps avec les interminables discussions autour du feu.

Malgré cela, les quelques pics d’intensité et la philosophie sous-jacente de ce livre font de « Pour qui sonne le glas » une œuvre puissante et marquante.

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