Déclassée, de Roland-Garros au RMI (Catherine Tanvier)
Changement d’univers avec le premier livre de l’ex joueuse de tennis Catherine Tanvier « Déclassée, de Roland-Garros au RMI ».
Sorti en 2007, ce livre au titre racoleur rappelle au grand public l’existence de l’ex numéro 1 française des années 80, avant que les joueuses plus athlétiques comme Mary Pierce puis Amélie Maursemo ne lui fasse passer la main.
De manière surprenante, cette autobiographie attaque toute de suite très fort avec un ton plein de rage et de mal-être.
Catherine Tanvier dite « Cathy » à l’époque est née à Toulouse en 1965 puis ayant suivi ses parents en Algérie, est vite apparue comme un prodige du tennis en reportant la quasi-totalité de ses compétions.
Surdouée sur un terrain de sport, Catherine ne sera pas en revanche entourée de manière adéquate au niveau familiale.
Son père architecte s’apparentait à un tyran domestique, brutal et coureur, qui a développé rapidement chez elle une carence affective.
Malgré un divorce, les choses restèrent difficile avec sa mère que Catherine supporte encore aujourd’hui très mal dans leur vie dans un petit appartement à Nice.
Seul son frère ainée Eric, mort prématurément du SIDA après une transfusion, semble avoir trouvé grâce à ses yeux.
Tout trop vite, trop tôt, semble avoir été le principal problème de Tanvier.
Propulsée à 15 ans sur le circuit professionnel, l’adolescente est incapable de comprendre les enjeux notamment financiers qui s’agitent autour de son physique agréable de type scandinave.
La famille en profitera donc, notamment son père qui récupéreras ses gains ou parviendra à se faire aider pour échapper à la prison en raison de dettes colossales mais aussi des « agents » ou « managers », prédateurs rodant autour des jeunes joueuses professionnelles pour leur faire signer des contrats commerciaux ou ils prennent un juteux pourcentage.
Lorsque le corps de Catherine commence à craquer, incapable de supporter les exigences physiques d’une athlète de haut niveau, la sportive, jeune et isolée, se retrouve fragilisé.
Dès lors sa carrière ne sera qu’une succession de blessures, de retours/performances en dents de scie ou la championne jouera en serrant les dents, sous la pression constante des agents du Fisc.
Dépressive, Tanvier tentera plusieurs fois de mettre fin à ses jours…et masquera longtemps sa souffrance aux médias, à ses partenaires et à son entourage.
Les quelques matchés clés, très peu nombreux font surtout état de défaites écrasantes contre Martina Navratilova, qu’elle place au niveau d’une déesse inaccessible et Mary Pierce, représentant la nouvelle garde marquant la fin de son époque.
Une fois la carrière arrêtée, Tanvier qui n’a jamais été soutenue par la FFT, se retrouve ruinée et va connaitre les affres de la pauvreté et devoir pointer à l’ANPE pour toucher le RMI.
Partageant un appartement à Nice avec sa mère, Tanvier partage son quotidien entre séances en salle de gym et longues journées consacrées à l’écriture ou elle déverse tout son mal être.
Dans la seconde partie du livre, l’ex joueuse se livre de manière plus intime : attouchements subis à 5 ans par un ami de son père, rapports de violence et de dégouts avec les hommes qui à de rares exceptions près la répugnent, attirance trouble mais non officiellement déclarée pour les femmes, liaison à distance avec deux amis-amants australien ou anglais… et surtout toujours de grosses difficultés à trouver la paix intérieure.
En conclusion, « Déclassée, de Roland-Garros au RMI » est plus qu’un livre, mais une vrai catharsis pour une ancienne joueuse de tennis que plus de vingt ans après sa retraire sportive tout le monde avait oublié ou presque.
Le ton agressif, amer et désespéré surprend, les règlements de compte aussi avec une grande violence pour un monde, celui du tennis professionnel qui semble par essence pourri.
Mais comme tous les enfants-champions grandis trop vite, Tanvier semble avoir été victime d’une vie déséquilibrée et surtout très mal entourée sur le plan familial, ses proches étant souvent des parasites/bourreaux que des aides stabilisatrices.
Outre son coté dark et révolté, ce livre m’a déçu car parlant finalement du tennis en tant que sport, mis à part par le prisme de défaite lourde psychologiquement.
Je me rappelle vaguement que les rares fois que à l’époque, le tennis féminin était beaucoup moins athlétique et qu’un fossé immense existait entre le Top 10 et les autres joueuses qui servaient plutôt de faire valoir.
Il est probable que Tanvier, joueuse talentueuse n’ait pas eu le physique ou l’entrainement nécessaire pour prémunir son corps des terribles blessures qui ont martyrisé son corps trop frêle.
Au final, malgré son succès et la seconde carrière qu’il lui a ouvert dans la littérature, « Déclassée, de Roland-Garros au RMI » s’est trop apparenté à une succession de règlements de comptes pour me passionner.
Et qu’en ont pensé vos psy, Cathy ?
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