Les belles endormies (Yasunari Kawabata)
Attiré par les écrivains japonais sans doute par Yukio Mishima, j’ai voulu découvrir Yasunari Kawabata autre immense écrivain contemporain avec « Les belles endormies ».
Paru en 1970, durant les dernières années de sa vie, « Les belles endormies » est une courte œuvre de vieillesse de Kawabata qui raconte la fascination d’un vieil homme nommé Eguchi qui se rend dans une maison spécialisée pour observer des jeunes femmes endormies.
Cette maison est dédiée aux vieillards impuissants simplement désireux d’étancher leurs penchants voyeurs en profitant du sommeil de femmes consentantes préalablement droguées.
En contemplant et touchant les jeunes corps dormant d’un sommeil artificiel, Eguchi subit d’intenses émois érotiques mais revit également son passé de jeune homme et de père à travers les femmes de sa vie.
Il examine avec soins les corps assoupis et dénudés, se sentant soumis à de brusques bouffées de désir, mais parvient à chaque fois à réfréner in extremis ses pulsions physiques, respectant ainsi la règle de la maison.
Eguchi se prend de compassion pour les filles endormies, imaginant leurs vies et les raisons les ayant poussées à en arriver là.
Les filles changent pratiquement à chaque fois, avivant à chaque nouvelle rencontre de nouvelles sensations érotiques chez le vieil homme dont les désirs ne sont pas encore éteints.
Aimanté par la maison, Eguchi rapproche ses visites, envisageant même de prendre la même drogue pour s’endormir à leurs cotés de manière aussi lourde, voir définitive comme ceci est arrivé à un client appelé Fukura dont le corps a été transposé dans une auberge afin d’éviter tout scandale.
Cet événement n’arrive pas, en revanche au cours d’un rendez vous avec deux filles, un drame survient avec la mort d’une fille noire par overdose ce qui clôt de manière un peu inattendu le récit.
En conclusion, pour un coup d‘essai, « Les belles endormies » ne m’ont pas assommé par le talent de son auteur.
Le sujet très pervers est certes original et son traitement intéressant, même si les longues descriptions minutieuses de corps juvéniles assoupis trainent pour moi en longueur et ne se révèlent pas aussi érotiques qu’elles pourraient l’être.
Kawabata touche pourtant une vérité essentielle, qui est que les désirs des hommes ne s’estompent pas avec l’âge, certains s’accroissant même à mesure que la santé et la vigueur déclinent lentement.
Derrière le masque de la sagesse qu’est censé donné l'age mur, se cache donc souvent des hommes torturés par de puissants désirs à l’état de fermentation du fait de l’impossibilité de leur réalisation physique.
Mais à coté de ce propos et d‘une certaine finesse de style, Kawabata déroute par sa conclusion en queue de poisson laissant le lecteur interdit sur la teneur réelle du message apporté.
Malgré ces quelques réserves, il est fort probable que je veuille encore découvrir cet auteur.
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