Judge Dredd, l'intégrale 1 (John Wagner, Carlos Ezquerra, Pat Mills, Robert Flynn, Kelvin Gosnell, Charles Herring, Malcom Shaw, John Collins ...)
Plusieurs articles de ce blog ont déjà été consacrés à Judge Dredd, que ce soit par le film de Danny Cannon avec Sylvester Stallone ou par la chanson d’Anthrax « I am the law », aussi était-il temps de s’intéresser au comic book lui-même, « Judge Dredd, l’intégrale 1 » qui regroupe les premiers épisodes du juge parus en 1977 dans le magazine de comics anglais 2000 AD.
A l’époque, les aventures du Juge paraissent en noir et blanc sous format hebdomadaire, leur format est donc court et les artistes se succèdent rapidement même si les créateurs du personnages sont John Wagner (scenario) et Carlos Ezquerra (dessins), certes reliés par une pléiade de scénaristes (Pat Mills, Rober Flynn, Kelvin Gosnell, Charles Herring, Malcom Shaw, Joe Collins).
L’histoire se déroule dans un futur lointain (2099 après Jésus Christ) qui prend pour cadre Mega-city one, avatar futuriste et décadent de New-York, gangréné par une criminalité galopante.
Pour enrayer la montée du crime, ont été crée les Juges, patrouilleurs des rues regroupant pouvoir législatif, exécutif et judiciaire.
Les Juge n’ont qu’un maitre, la Loi et obéissent à leur chef le Juge suprême.
Puissamment équipés, ils patrouillent sur leurs tribuno glisseurs, énormes motos de type Harley Davidson du futur et n’hésitent pas à faire usage de leur arme maitresse, un gros pistolet capable de tirer tout une variété de balles à létalité variable.
Le plus intègre et le plus craint des juges est Joe Dredd, réputé pour son caractère inflexible dès qu’une infraction est commise.
Contrainte par leur format de parution, beaucoup d’aventures de Dredd sont courtes et relativement peu étoffées, le Juge se contenant après quelques péripéties de coffrer des criminels classiques, violents mais peu futés.
La sentence est généralement la mort, soit par armes à feu soit par accident cruel venant châtier le délinquant.
Outre les classiques bande de pillard, Dredd affronte sporadiquement des mutants dégénérés par un futur angoissant, et désireux de se venger de leur condition en semant le trouble à Mega city one.
Pourtant une trame plus étoffée se dessine lorsque les robots de la ville, doués de sentiments, se révoltent contre les mauvais traitements que les humains leur infligent.
Un gros robot charpentier appelé Call me Kenneth devient le leader de la révolte et prend la tête d’une véritable armée de robots dont les fers de lance sont les énormes Heavy metal kids, désireux de renverser l’humanité.
Dredd va alors recevoir l’aide d’un robot domestique appelé Walter, qui est resté fidèle à ses anciens maitres.
Libéré par Walter d’une situation délicate, il va aider les robots à prendre conscience que Call me Kenneth est un tyran encore plus cruel que les hommes et organiser une rébellion dans les usines de production gouvernées par le robot rebelle.
Après une lutte acharnée, Call me Kenneth finira bruler dans une usine de pétrole ou il tentait de se ravitailler et Walter deviendra en récompense, le premier robot affranchi.
Pourtant, le gentil Walter se montrera incapable de quitter Dredd et deviendra l’acolyte principal de ses aventures.
Par la suite, Dredd reprend la trame normale de ses aventures, démantelant des gangs des criminels agressifs, des jeux de télé réalités mortels (au sens propre), des tueurs inspirés par des machine à rêves, ou des organisations racistes tueuses de robots.
Il récupère ensuite un adjoint appelé Giant, jeune aspirant juge noir, fils d’un champion de basket ball.
Toujours aussi rude, Dredd manque d’évincer l’apprenti qui finit finalement par faire ses preuves dans la rue de la plus convaincante des manières, honorant ainsi les nobles aspirations de son père.
Dredd renoue ensuite fugacement avec son passé, en affrontant son camarade de promotion Ricoh, revenu d’exil sur la planète Titan après être tombé pour corruption.
Salement amoché par sa détention, Ricoh ne peut aller au bout de sa vengeance et est finalement tué par Dredd en combat singulier.
Après avoir protégé la population contre Komputel, un ordinateur hôtelier devenu fou, Dredd simule la mort pour arrêter un braqueur se cachant sous une tête de singe, en réalité un juge corrompu.
Survient alors le second grand tournant des aventures du Juge, affectée sur la base lunaire de Luna 1 pour une mission de six mois à haut niveau de danger.
Sur place, aidé par Walter et son adjoint bedonnant Tex, il doit faire face à un haut degré de criminalité dans une sorte de Far West lunaire gouverné par le puissant industriel Moonie, pionnier de la conquête spatiale lunaire.
Dredd déjoue les tentatives d’assassinats de robots ou de psychopathes envoyés par Moonie, sauve la vie d’un pauvre comptable de la société menacé de mort et finit par tuer l’industriel horriblement défiguré par un virus attrapé sur la lune.
Après avoir frôlé la mort en affrontant Carmody un criminel qui l’avait privé d’oxygène, Dredd semble terriblement affecté par son erreur et décide de quitter l’institution.
Il se reconverti en balayeur des rues mais ceci n’est en réalité qu’une ruse pour attirer Carmody hors de sa zone et l’arrêter.
Après une aventure douteuse sentant bon la guerre froide Dredd délivre un message pacifiste après avoir combattu ses homologues soviétiques au cours de jeux olympiques lunaires, Dredd a fort à partir avec Elvis une voiture folle dotée de conscience propre et revient finalement avec le sentiment du devoir accompli sur Terre.
Là il reprend ses activités avec encore plus d’énergie et de sévérité.
En conclusion, malgré son statut d’œuvre culte de l’undergound comics, « Judge Dredd, l’intégrale 1 » ne peut que laisser un arrière gout de malaise, tant le personnage crée par Wagner et Ezquerra véhicule une forte teneur en fascisme, en apparence justifié par la violence des criminels.
Hiératique, dur et impitoyable, le personnage est absolument antipathique, sans aucune humanité ni même second degré sur ses actes.
Les fumeurs, chauffards ou mauvais payeurs sont traités avec une sévérité disproportionnée tandis que les braqueurs sont la plupart du temps purement et simplement éliminés.
L’idéologie de ce juge intégriste, rendant une justice expéditive à l’aide de son sacro saint pistolet est donc nauséabonde …
Après le fond, la forme.
L’aspect futuriste du monde dans lequel évolue le héros est plutôt intéressant même si assez peu révolutionnaire avec robots grossiers, pillards mutants et systèmes dits technologiques échappant à tout contrôle.
Les dessins de Ezquerra et consorts (Mike Mc Mahon, Ian Gibson, Brian Bolland, John Cooper, Massimo Belardinelli) sont un peu datés mais sobres et efficaces.
Le manque de couleurs nuit cependant au rendu des aventures du Juge.
Au final, je confirme avoir plutôt tendance à fuir à toute vitesse ce juge brutal et facho, faisant passer Robocop et Donald Trump pour des hippies alter mondialistes.
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