Journal d'une femme de chambre (Luis Buñuel)



 

Découverte du cinéma de Luis Buñuel avec « Le journal d’une femme de chambre » adaptation de 1961 de l’excellent roman d’Octave Mirbeau.

Dans les années 30, Célestine (Jeanne Moreau) arrive de Paris pour prendre une place de femme de chambre dans une maison bourgeoise près de Saint-Aubin.

Cette femme belle et indépendante découvre la vie des habitants aux mœurs passablement détraquées : les autres domestiques tout d’abord : le palefrenier Joseph (George Géret) étant une brute cruelle doublée d’un activiste d’extrême droite puis les maitres de maison : Monteil (Michel Piccoli) un oisif obsédé par le sexe et la chasse, sa femme (Françoise Lugagne) une femme froide et résignée et son père M Rabour (Jean Ozenne) un vieil homme fétichiste des bottes féminines.

Les relations avec les voisins sont également explosives, le capitaine Mauger (Daniel Ivernel) haïssant Monteil jetant des objets lourds et sales dans son jardin tandis que sa compagne Rose (Gilberte Geniat) assure les commérages.

Rapidement Célestine s’oppose à Joseph dont le comportement trouble à l’égard de la petite Claire (Dominique Sauvage) l’incommode mais use de son pouvoir de séduction pour le tenir en respect tout comme Monteil qui ne désire que coucher avec elle et Rabour enfermé dans ses fantasmes étranges.

Tout bascule lorsque Rabour est retrouvé mort avec ses bottes puis Claire tuée dans la foret.

Pour Célestine qui comptait reprendre le train pour Paris, la culpabilité de Joseph dans ce dernier crime odieux ne fait aucun doute mais le palefrenier n’a aucune preuve contre lui.

Sur le point de témoigner à la justice, Célestine se rétracte in extremis et change de stratégie : elle fait miroiter à Joseph de l’épouser pour aller tenir au bar à Cherbourg pour gagner sa confiance et ses confidences.

Dans le même temps, Mauger qui a renvoyé Rose lui propose également de l’épouser malgré la différence d’âge entre eux.

Célestine met un bout de chaussure de Joseph sur les lieux du crime afin de le faire accuser et se marie avec Mauger qu’elle mène par le bout du nez.

Mais Joseph est finalement relaxé faute de preuves et réalise son rêve de cafetier à Cherbourg en affichant toujours ouvertement son radicalisme politique.

En conclusion, « Le journal d’une femme de chambre » est une adaptation réussie du livre avec une Moreau parfaite dans le rôle d’une jeune femme qui sait user de ses atouts (jeunesse, beauté, caractère bien trempée) pour s’imposer et arriver à ses fins.

Les mœurs de la bourgeoisie de province sont passées au lance-flammes avec une perversion absolue de ses habitants, une haine farouche entre voisins et toute la bassesse des domestiques.

L’un des personnages principaux, joué par Geret est terrifiant de brutalité, de bêtise et incarne à lui seul la montée des mouvements antisémites/poujadistes de l’époque.

Un très bon Buñuel donc !

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