Confession d'un masque (Yukio Mishima)




Poursuite de la découverte de l’œuvre de Yukio Mishima avec « Confession d’un masque ».

Publié en 1949, « Confession d’un masque » est un récit largement autobiographique traitant assez courageusement de l’homosexualité de l’auteur, homosexualité qu’il s’ingénia à essayer cacher dans le Japon des années 30-40.

Issu d’une famille bourgeoise mais désargentée par un train de vie dispendieux, le héros vit avec sa famille dans une modeste maison à Tokyo.

Très jeune, il prend conscience de ses forts penchants homosexuels avec une attirance morbide pour les jeunes hommes de type soldats ou chevalier mourant au de manière tragique tués sur un champs de bataille ou face à des monstres.

Ces curieux fantasmes de beauté classique grecque sont nourris par d’abondantes lectures de contes, légendes, récits historiques majoritairement européens.

Mishima apparait hanté par la peinture de San Sebastian par Benozzo Gozzoli représentant un jeune et beau martyr chrétien au corps percé de flèches par les soldats Romains.

Pourtant, Mishima n’est pas sensible à l’intellect d’un homme mais recherche la jeunesse, la virilité voir l’animalité qui est en l’homme ce qui pousse ses désirs vers les marins, soldats ou voyous comme son camarade de classe le jeune marginal Omi dont il admire l’assurance et la forte corpulence physique.

Cette contradiction prend tout son sens lorsqu’on découvre qu’il est complexé par sa constitution chétive et sa forte propension à tomber malade.

Mishima comprend néanmoins l’importance du jeu social et apprend à se composer un masque de normalité pour tenter de se fondre dans la société.

Comme tout être humain, il s’adapte à son environnement et acquiert des comportements automatiques afin de donner le change quand à ses préférences sexuelles mais ce jeu de travestissement est en réalité un véritable écartèlement pour sa nature profonde.

Torturé intérieurement et profondément malheureux, Mishima se force malgré sa répugnance à fréquenter sans grand succès des femmes en parallèle de laborieuses études de droit.

La Seconde guerre mondiale arrive et Mishima déjà hanté par ses fantasmes de mort violente (sur un champs de bataille ou lors d’un bombardement américain) a la grande désillusion de se voir recaler de l’armée en raison de sa constitution chétive.

Il est néanmoins astreint à un emploi de bureau dans une usine de fabrication de pièces d’aéronautiques.

Le temps passe et Mishima fit ainsi la connaissance de Sonoko, la sœur de Kusano camarade de classe mobilisé comme soldat.

La relation entre Mishima et Sonoko est extrêmement complexe, et même si le jeune n’a aucune attirance physique, il est néanmoins sensible à la délicatesse et au charme de la jeune fille.

Les choses vont si loin que après un baiser, Sonoko espère que Mishima va la demander en mariage.

C’est à ce moment que pris de cours, Mishima ne peut que faire machine arrière devant la totale impossibilité de se marier avec une femme.

Il en éprouve une forme de déchirement intérieur, ce qui accentue ses tourments.

Malgré ce refus et le mariage de Sonoko, Mishima restera étonnement proche de la jeune fille en entretenant jusqu’au bout une relation ambigüe …

En conclusion, « Confession d’un masque » n’est pas un livre qui m’a particulièrement intéressé en raison de son sujet (l’homosexualité cachée) et du caractère trop introspectif du style de Mishima.

On sent donc beaucoup de souffrance et d’errements dans la personnalité de l’écrivain et on est juste horrifié par ses fantasmes de tortures sur de jeunes corps masculins.

Au vue du récit apporté, Mishima était assurément 110% homosexuel et n’a fréquenté les femmes que de manière platonique sans doute par convention sociale à tel point qu’on peut même douter de la profondeur de ses sentiments à l’égard de Sonoko.

Peu de poésie donc ou de splendides descriptions mais plutôt une ambiance de gymnases, de casernes et de dortoirs d’adolescents cherchant maladroitement leur sexualité.

Et bien entendu, la mort planant déjà au dessus de tout, comme une délivrance au fardeau de l’existence trop lourd à porter pour un homme tourmenté et seul.


Commentaires