Chroniques de San Francisco (Armistead Maupin)

Nous abordons maintenant un genre littéraire plus léger avec « Chroniques de San Francisco » d’Armistead Maupin.

Ecrit dans les années 70 et devenu ensuite un best seller, « Chroniques de San Francisco » raconte l’évolution de quelques habitants type de la ville californienne en pleine libération sexuelle.

Le petit monde Maupin tourne autour d’une logeuse, Madame Madrigal, ancienne libraire à l’esprit new âge et de ses locataires.

Parmi eux on trouve Mary Ann Singleton, jeune secrétaire de Cleveland, qui tombe amoureuse de la ville et décide contre l’avis de ses parents d’y rester pour voguer de petits boulots en petits boulots.

Timide et peu habituée à l’ambiance libertaire de la ville, Mary Ann va avoir du mal à intégrer les comportements masculins des habitants avec un détachement total dans les rapports sexuels.

Puis il y a Mona, une rédactrice publicitaire un peu perdue, qui se fait virer sur un coup de tête et erre dans la ville avec son voisin Michael, jeune homosexuel fréquentant frénétiquement les lieux de dragues.

Deux autres habitants viennent compléter l’entourage de Madame Madrigal, Brian pendant hétérosexuel de Michael, qui collectionne les aventures féminines et Norman, timide mais doux célibataire de plus de quarante ans.

Ce petit cercle de personnage s’active dans sa vie quotidienne et croise un autre cercle important de personnages, celui gravitant autour de Edgar Halcyon, patron d’une agence de pub, sa maitresse Anna, son beau fils Beaufort mariée à sa fille Dee-Dee.

Homme à poigne (comme tous les patrons ?), Edgar cache derrière une apparente carapace une insuffisance rénale qui le condamne à court terme à une mort certaine.

Sachant ses jours comptés, il fréquente donc souvent Anna avec qui il passe quelques moments très intimes.

Le couple Beaufort-Dee Dee contient tout les aspects du mariage de convenance en réalité catastrophique.

Les deux époux n’ont aucune intimité, Beaufort se montre désinvolte et rebelle auprès de son beau père qui lui a trouvé une place dans son entreprise.

Finalement ce qui doit arriver arrive, Dee-Dee tombe enceinte d’un livreur asiatique de 19 ans avec qui elle a eu une aventure et on apprend tardivement que Beaufort fréquente les saunas homosexuels.

Chacun évolue donc au cours de l’histoire et parfois de manière significative comme Mona qui décide d’aller vivre avec son ancienne maitresse Dorothea une mannequin noire revenue à Frisco après avoir été à New York cherché le succès ou Mar Ann qui après une courte liaison sans avenir avec Beaufort fréquente le calme et rassurant Norman, pour s’apercevoir au final que derrière ce représentant de commerce en vitamines se cache un homme beaucoup plus complexe et inquiétant, détective privée et pornographe pédophile.

Maupin déroule son intrigue à son terme, la soldant par deux morts, celle attendue d’Edgar apprenant tout de même qu’il sera grand père par Dee-Dee et l’autre plus brutale de Norman, tombé d’une falaise alors que Mary Ann avait découvert une partie de ses secrets et notamment qu’il enquêtait sur Madame Madrigal …

En conclusion, « Chronique de San Francisco » se lit bien mais parait par instant provenir d’une autre galaxie, avec l’usage de termes, de références (comme les noms d’acteurs) de la culture de l’époque aujourd’hui complètement inconnus en Europe.

Difficile donc de décoder et d’apprécier la finesse des jeux de mots et de pleinement adhérer à ce style vif, impertinent reposant sur des dialogues se voulant percutants.

De mon point de vue, les histoires personnelles de personnages souvent déconnectés dans leur monde et leur époque, n’ont d’intérêt que parce qu’elles révèlent le mode de vie d’une ville dans les années 70.

A mon sens, Maupin ne met pas assez en valeur sa ville (aucune référence au Golden State ? Ou a Alcatraz ? Chinatown ? ) et se concentre sur des aspects superficiels qui m’intéressent moins comme les clubs branchés et le monde homosexuel largement décrit par l’intermédiaire de Michael, qui vit sa sexualité de manière complètement débridée.

C’était un monde sans Sida, sans crise économique, un monde aspiraient à une vie détachée avec retour à la nature, pacifisme, drogues et sexe libres.

L’utopie n’a pas fini de fasciner aujourd’hui ….