Adios amigos ! (The Ramones)
En ce bas monde tout à un commencement et une fin j’imagine et même les groupes de rock légendaires comme les Ramones n’échappent pas à cette loi terrestre immuable.
En 1995, après « Acid eaters » un album de reprises-hommages à leurs influences, les quatre héros du punk rock usés par les querelles internes, la lassitude et les problèmes de santé de Joey, sortent le bien nommé « Adios amigos! » qui sera leur dernier album.
A la production de ce bijou on retrouve le fidèle Daniel Rey.
CJ Ramone à la basse, Marky Ramone à la batterie, viennent compléter l’épine dorsale formée des deux « dinosaures » Joey et Johnny.
De dinosaures il est également question sur la pochette très loufoque figurant deux tyrannosaures rex portant de superbes sombrero mexicains (!).
Le dos de la pochette représentant une parodie de western mexicain ou les membres de groupes se trouvent alignés contre en mur en attendant leur exécution est un joli clin d’œil explicite à leurs débuts mais aussi à leur fin.
Mais avec les Ramones il est impossible que l’enterrement soit triste, il sera donc de haute volée et fidèle à leur fantastique carrière.
On démarre très fort avec une géniale reprise de Tom Waits, « I don’t wanna grow up ».
Rythme enlevé et refrain fédérateur font de ce morceau un formidable hymne à la jeunesse éternelle et au refus de grandir qui habitent ces éternels teen agers montés en graine.
Le son est clair, puissant sans être trop lourd et agressif.
« Makin monsters for my friends » irrésistible tube punk-rock est dans le même esprit potache et décalé.
Joey glisse sa voix de velours sur le plus subtile et nuancé « It’s not for me to know » avant de remettre les gaz sur « The crusher » titre survitaminé, génial dédié au monde assez cartoonesque également du catch.
Émotion sur « Life’s gas » , superbement mélodique et mélancolique, digne des plus grands morceaux des Ramones.
Sur ce titre à la philosophie simple mais juste, Joey déjà meurtri dans sa chair par sa maladie naissante compare la volatilité de la vie à celle d’un gaz.
« Take the pain away » poursuit la sarabande de manière très efficace mais le poussif « I love you » marque le seul et unique faux pas de ce disque jusqu’alors parfait.
Le léger affaiblissement est vite balayé d’un revers de perfecto par un fantastique « Cretin family » et « Have a nice day » , hilarants, très punk et formidablement attachants par leurs coté adolescents rebelles.
Le groupe aborde le dernier virage avec un « Scatter gun » assez rock et « Got a lot to say » rappelant par son dépouillement, sa rage et sa férocité punk les débuts glorieux de la formation dans les années 70.
« She talks to rainbows » est une très magnifique ballade, sur laquelle la voix d’un Joey solitaire et mal aimé donne envie de pleurer.
On croit trouver en « Born to die in Berlin » solidement rock une digne conclusion à ce disque historique mais le groupe envoie une ultime fusée éclairante à la face du monde sous la forme de l’incroyable bonus « R.A.M.O.N.E.S » qui en 1’24 résume à lui tout seul le génie de ce groupe.
« Adios amigos ! » est un superbe album, un formidable cadeau d’adieu de l’un des plus grands groupes de rock de tous les temps à son public restreint mais fidèle jusqu’aux derniers instants.
Les Ramones retrouvent ici la carburation idéale et un son de guitare parfait à mi chemin entre l’offensive contrôlée du punk et le coté mélodique dévastateur de leurs influences rock.
Album d’adieu, « Adios amigos ! » est paradoxalement souvent drôle et gavé d’une énergie communicative idéale pour se mettre de bonne humeur et en train le matin.
En chroniquant récemment une bonne partie de leurs disques, je me suis aperçu que j’avais souvent la tête remplie des formidables chansons des Ramones, que celles ci habillaient ma vie et continueraient à le faire vraisemblablement jusqu’à ma mort.
Alors que représentent les Ramones pour moi ? Des chansons immortelles, une des plus grande voix du rock, un feeling et une attitude insurpassables.
L’héritage des Ramones aujourd’hui ? Leurs tee shirts se vendent comme des petits pains et sont souvent portés par des jeunes qui n’étaient même pas nés lorsqu’ils faisaient leurs débuts dans les petits clubs new-yorkais dans les années 70.
Hyper influents mais assez underground puisqu’ils vendirent très peu de disques, les Ramones avaient tous les attributs d’un groupe culte.
Ils étaient le vrai rock dans sa plus pure expression, jeune, instinctif, sauvage, rebelle, indomptable mais aussi parfois terriblement fragile et émouvant.
Adieux les amis donc...et merci.
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