Fighting (Thin Lizzy)

 



Je tenais à rendre hommage à Thin Lizzy, légendaire groupe de hard rock des années 70 qui a été injustement oublié dans l’histoire de la musique comparativement à son énorme talent et influence.

Thin Lizzy est un groupe irlandais de Dublin qui à ses débuts pratiquait un rock matiné de blues et de country/folk avant de s’orienter vers le milieu des années 70 vers une musique plus musclée lorgnant vers un hard rock inspiré d’une prodigieuse richesse mélodique.

Après avoir commencé à faire parler de lui en reprenant « Whiskey in the jar » de Bob Seger en 1973, le groupe aspire à s’imposer par ses propres compositions et donne naissance à partir de leur album « Nightlife » à une succession de disques qui va le faire exploser au niveau international.

« Fighting » sorti en 1975 est donc le deuxième album issu de cette éclosion d’un talent brut dévoilé à la face du monde.

Le guitare héros Gary Moore ayant quitté le vaisseau après «Nightlife », le groupe stabilise son personnel avec Brian Downey à la batterie, le génial duo de guitares Scott Gorham/Brian Robertson et bien sur l’homme sans qui Thin Lizzy n’aurait jamais sans doute eu autant  d’ame, l’exceptionnel chanteur, bassiste, compositeur Phil Lynott.

« Fighting » débute (encore une fois ! ) par une reprise de Bob Seger, « Rosalie » qui n’a rien à voir avec le classique du regretté pachyderme Carlos, mais qui montre tout de suite le formidable potentiel du groupe.

Porté par une mélodie rock fraîche, fluide, agréable et presque « facile », « Rosalie » est le genre de morceau qu’on se surprendrait un jour à fredonner sans s’en rendre compte dix ans aprés l'avoir écouté tant il est au final prodigieux.

Il faut dire que la voix magique, chaude et sensuelle de Lynott y est pour beaucoup.

« For those who love to live » est typique de Thin Lizzy, guitares aériennes se chevauchant en un déluge de riffs de grande classe, basse-batterie insufflant un groove irrésistible, voix soul magnétique, l’ensemble formant un régal de subtilité ...

« Suicide » est le premier morceau véritablement hard rock du disque, les riffs sont puissants, les solo fantastiques d’intensité, le chant de Lynott plus dur avec un refrain d’une grande efficacité.

« Suicide » est un classique de Thin Lizzy qui étire ses griffes comme un gros félin puissant et gracieux sur plus de 5 minutes d’enchantement.

Tutoyant les anges, « Wild one » montre toute la finesse et l’émotion que pouvait générer ce groupe doté d’un chanteur au feeling prodigieux.

Autre morceau plus rugueux, « Fighting my way back » passe formidablement bien avec son refrain puissamment martelé.

Plus tranquille et doté d’une structure alambiquée hachant son rythme, « King’s vengeance » est peut être le premier morceau au dessous du lot de l’album.

Lui succédant, « Spirit slip away » est une ballade d’une classe et d’une beauté exceptionnelles, réussissant le tour de force de surpasser le pourtant excellent « Wild one ».

Classe folle toujours, car avec sa basse omniprésente et son rythme lent légèrement reggae, « Silver dollar » est rendu irrésistible par les divines envolées aériennes de la voix de Lynott.

« Freedom song » est un titre rock sympathique mais qui fait pale figure comparé aux merveilles garnissant cette précieuse galette.

Avec son rythme syncopée et puissant, ses guitares emphatiques et toute la verve de conteur de rue de son interprète, « Ballad of a hard man » conclut de manière terriblement convaincante ce disque fantastique.

« Fighting » appartient pour moi aux disques de grande classe, aux chefs d’œuvre du hard rock des années 70.

On y retrouve en effet tout le charme redoutable de Thin Lizzy, à savoir ce son de guitare si particulier (les connaisseurs parleront de ces accords à la tierce si caractéristiques ), ce coté à la fois direct et sophistiqué, gentleman séducteur et bagarreur de rue, ce mélange de puissance et de mélodie noyé dans un feeling sonnant irrésistiblement rock.

Pour moi le rock et son cousin le hard rock n’ont  jamais été aussi bon que lorsqu’ils se sont enrichis d’autres influences tout en parvenant à garder leurs fondamentaux.

C’est ce que Thin Lizzy est parvenu à faire dans les années 70 synthétisant une forme supérieurement novatrice de hard rock.

Ce groupe est pour moi à l’image de son regretté chanteur, métisse Afro-Brésilien et Irlandais capable d’intégrer aussi bien la culture noire que la culture celtique dans sa musique.

Comme sans doute son modèle Jimmy Hendrix, Phil Lynott synthétisait donc inconsciemment les cultures africaine et européenne ce qui donna à son hard rock ce son si particulier et envoûtant.

Il est pour moi toujours gênant de constater combien ce groupe est tombé dans l’oubli aujourd’hui.

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