Black Sabbath (Black Sabbath)
En 1970, un quatuor anglais du nom de Black Sabbath, sort son premier album « Black Sabbath » et vient révolutionner la musique rock en inventant un nouveau style : le heavy metal.
En effet si Led Zeppelin et Deep Purple étaient antérieurs à l’éclosion du Sabbat Noir, leur musique encore profondément ancrée dans ses racines blues et rock’n’roll s’apparentait plus au hard rock originel qu’au style des quatre de Birmingham.
Black Sabbath invente un nouveau son et une nouvelle imagerie ténébreuse, torturée, teintée de sciences occultes, de drogue, de science fiction et de satanisme.
A l’origine de cette révolution sonore, on retrouve le guitariste Tommy Iommi, le bassiste Geezer Butler, le batteur Bill Ward et le chanteur Ozzy Osbourne dit « The Madman » en raison de ses excentricités scéniques sans limites.
La pochette de ce disque est sans nul doute l’une des plus fascinante de l’histoire de la musique, avec cette jeune femme, énigmatique fantôme gothique figurant devant une grande et sinistre bâtisse de la campagne anglaise.
Le morceau d’ouverture, « Black Sabbath » débute par une introduction glaçante, un glas résonne au loin sous une pluie battante avant que ne surgissent des riffs sinistres, inquiétants, d’une lourdeur écrasante.
La voix angoissante, calme, légèrement nasillarde d’Ozzy Osbourne égrène une sorte de prière funèbre dans une atmosphère sulfureuse de cérémonie de messe noire.
L’auditeur hypnotisé, voit le temps se figer et entre à son corps défendant dans ce noir envoûtement.
Après 4 minutes 30 d’apathie cauchemardesque, une brusque cassure dynamique s’opère, le tempo s’accélère, les guitares entrent en action et le morceau se termine en une pluie de décibels.
Lui succédant, « The wizard » est un titre étrange au tempo saccadé, presque jazzy, hanté par un harmonica fiévreux.
Les riffs puissants et plaqués de Iommi lui insufflent une grande impression de puissance.
Inspiré d’un roman de HP Lovecraft, « Behind the wall of sleep », démontre toute la classe du groupe avec une alternance quasi continuelle de passages lents et mélodieux avec d’autres plus violents et puissants qui ensorcellent littéralement l’auditeur charmé par cette redoutable danse hypnotique.
En comparaison on qualifierait presque « N.I.B » de commercial, car ci ce il ne cède en rien à la lourdeur sonore et au coté sulfureux de ses prédécesseurs, il présente en revanche une mélodie plus légère et accessible que ces derniers.
Dynamique toujours, « Evil woman » est une excellente reprise de blues de Wiegand métamorphosée en hard rock puissant et entraînant.
Le Sabbath redevient Noir sur « Sleeping village » et « The Warning » (reprise d'un blues ), riffs monolithiques, multiples cassures rythmiques provoquées par un jeu de batterie complètement fou, subites envolées guitaristiques, voix vénéneuse du prêtre Osbourne propulsent l’auditeur médusé dans un océan de ténèbres oppressantes et de pure magie noire.
Le dernier titre « Wicked world » est une véritable bombe, alimentée par une merveille de jeu de balance subtil et gracieux entre la voix envoûtante du Madman et les terribles délires de la guitare de Iommi.
En conclusion, difficile d’émettre la moindre critique sur un album tel que « Black Sabbath ».
Les musiciens tous individuellement d’un niveau fantastique, paraissent en symbiose parfaite et donnent libre court à leur imagination pour donner naissance à une musique nouvelle, incroyablement créative, avec un esprit d’exploration finalement assez proche de celui du jazz.
Pour certains l’atmosphère de ce disque pourra paraître évidemment trop sombre, triste et étouffante.
Pour ma part je dirai que outre son pur aspect historique, ce disque profond, douloureux et dense, se doit d’être écouté par tout amateur de musique quel qu’il soit pour ouvrir son esprit et vibrer au son de ce terrible voyage intérieur vers une autre dimension tapie dans les tréfonds de son âme.
Plus de cinquante ans après sa sortie, « Black Sabbath », n’a pas pris une ride et le choc initial de sa découverte est toujours aussi traumatisant.
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