Confucius (Jean Lévi)

 



Ne connaissant quasiment rien de la philosophie chinoise j’ai lu « Confucius » d’un auteur français spécialiste de l’Orient, Jean Lévi.

Ce livre extrêmement dense se propose de brosser en trois parties distinctes un portrait de la vie, de la pensée et de l’héritage du plus célèbre philosophe chinois.

Pour quelqu’un de relativement peu familier d’histoire chinoise et de culture asiatique, la première partie traitant de la Chine au VIiéme siècle av JC a été plutôt difficile d’approche.

L’auteur dans un style dense et parfois lourd, fait état d’une Chine troublée, instable, gouvernée en provinces belliqueuses et ayant du mal à retrouver l’essence des traditions des anciens souverains plus éclairés comme Fou-Hsi, Chen-Nong, Yao et Chouen ou même des Hsia et ses Tcheou.

Confucius eut  très tôt le goût l’étude et devint précepteur puis fit l’acquisition de responsabilités administratives et politiques pour devenir premier ministre de Lu.

Mais déçu du peu d’écoute du souverain il quitta son poste pour mener une vie d’errance à travers la Chine.

Durant cette vie, Confucius chercha a étoffer sa philosophie au fil des rencontres qu’il faisait, même si son but final était de rencontrer des aristocrates gouvernants afin de les amener à suivre la Voie de la Vertu pour ensuite mieux diriger leurs peuples.

Sa renommée allant en grandissant, il eut de nombreux disciples qui le suivirent.

Apparemment le Maître ne refusait personne y compris les pauvres, les brigands ou les gens difformes.

Levi explique le mode de pensée du Confucianisme comme une philosophie non dogmatique, prenant appui sur le respect de la Nature divinisée et sur l’application de rites anciens pour faire atteindre au disciple une harmonie intérieure.

L’enseignement  des rites se faisait par la récitation de poèmes, de canons puis par l’exécution de danses et enfin par l’usage de la musique que le Maître plaçait en plus haut point.

Etaient également très prisés l’enseignement du tir à l’arc et de la conduite de char, en raison des analogies que voyait Confucius avec la manière de mener sa propre vie, le tireur à l’arc ne devant compter que sur lui même pour atteindre sa cible (de Vertu) et le conducteur de char devant être en harmonie avec son attelage afin de le bien conduire.

Levi fait état d’un enseignement écrit inexistant, d’un usage parfaitement limitée de paroles souvent énigmatiques mais plutôt d’un comportement général, d’une éthique, d’un goût pour l’esthétique du geste s’inscrivant dans des rituels destinés à recréer la cohésion dans la société chinoise.

Le rite créateur de cohésion sociale, hiérarchise aussi beaucoup les rapports entre les gens.

Il est à noter que les questions sur  la femme sont complètement inexistantes dans la philosophie de Confucius, ce qui confirme le rôle subalterne qui leur était assigné à cette époque.

Les anecdotes massivement tirées des « Entretiens » de Confucius, illustrent assez bien la subtilité et la souplesse de la philosophie du Maître dont les réponses pouvaient varier du tout au tout selon les circonstances (un deuil par exemple) ou la psychologie de la personne qui venait lui demander conseil quitte à dérouter ces disciples.

Les relations avec ces derniers furent quelques fois très fortes, et notamment quasi filiales avec trois d’entre eux qui sortaient du lot, Yen Houei et Tsé-Lou et Tsé-Kong.

Houei le taciturne, visait le dénuement extrême et l’accomplissement de soi, Tsé-Lou le bouillant, plutôt l’héroïsme et Tsé-Kong brillant orateur, une application plus pragmatique de la philosophie en l’inscrivant dans l’art politique.

Malgré sa renommée et le nombre croissant de ces disciples, Confucius ne fut jamais en position pour peser sur la vie politique d’un royaume, car bien souvent les souverains qui le recevaient voir qui l’embauchaient ne souhaitaient ou ne pouvaient pas suivre ses conseils.

Aussi le philosophe repartait il souvent déçu de ces expériences.

La dernière partie du livre insiste sur la portée de l’héritage de Confucius dont les divers courants instaurés par de brillants disciples comme Mencius ou Hsiun tse qui déformèrent sa philosophie pendant plusieurs siècles.

Lévi affirme que l’influence du Confucianisme en Asie est comparable à celle de Jésus Christ et Socrate en Occident, n’hésitant pas à le comparer au Taoïsme et au Bouddhisme.

Ses rares écrits faillirent apparemment plusieurs fois disparaître au fil des revirements politiques suivant que le Maître était ou non appréciés des souverains.

Comme toute philosophie le Confucianisme fut par la suite souvent attaqué et critiqué, et ce fut finalement la révolution communiste qui marqua le grand coup d’arrêt à son influence en Chine.

Au final, si ce livre est parvenu à m’intéresser, à me faire prendre conscience du personnage et à me donner envie de découvrir ses écrits, je n’ai pas beaucoup apprécié le style d’écriture de Jean Lévi.

La division en trois partie extrêmement denses, avec peu de chapitres rend difficile l’approche première de l’ouvrage, notamment lors des deux premières ou des éléments de la pensée du Maître se mélangent au contexte biographique, historique et politique de l’époque.

J’ai également trouvé le style de Jean Lévi très souvent lourd et ampoulé comme le montre le passage suivant « cette subversion de la fonction classificatoire du langage au profit de son rôle performatif »  tout compte fait assez ironiquement très éloigné de la grâce, de la simplicité  et de la beauté limpide d’un  bon mot de Confucius.

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