Infernal love (Therapy ?)

 




En 1995 soit un an à peine après le retentissant succès de « Troublegum », Therapy ? sort « Infernal love » au style curieusement très éloigné de son prédécesseur.

« Infernal love » qui ouvre ce disque prend un chemin assez rock, alambiqué sur un rythme distordu et saccadé.

Malgré son introduction étrange, « Stories » morceau le plus accessible du disque avec ses refrains et ses riffs solides sera judicieusement sorti par la maison de disque qui voulait sans doute facilement capitaliser sur le succès récent du groupe.

Après c’est le grand plongeon vers l’inconnu ou presque, « Moment of clarity », lent, déchirant et superbe, s’inscrit dans une veine plus atmosphérique et intimiste ou la voix Cairns se révèle de manière très surprenante très convaincante dans un registre moins violent qu’à l’accoutumée.

« Jude the obscene » poursuit dans cette approche avec toutefois un peu moins de réussite mais « Bowels of love » se montre d’une irrésistible beauté mélancolique avec l’addition d’un violoncelle du plus bel effet.

Plus électrique, « Misery » rappelle fugitivement que les Irlandais peuvent toujours composer des titres rock rythmés et accrocheurs avant que « Bad mother »  sympathique bien qu’un peu mou ne vienne renouer avec le style général de ce disque.

« Me vs you » pousse encore plus loin l’expérimentation musicale avec l’usage de machines pour un résultat franchement médiocre.

La tentative de retour à un rock simple, frais et léger avec « Loose » n’aboutit qu’à un glissement vers la pop la plus insipide.

Heureusement « Infernal love » est sauvé par « Diane », reprise de Husker Du, superbe et lancinante ballade morbide agrémentée d’une magnifique mélodie jouée eau violon.

Ce titre parlant des obsessions d’un tueur en série pour le viol et le meurtre fut malgré la controverse et la censure qu’il provoqua un énorme succès en raison de la beauté cristalline de sa mélodie.

Concluant l’album, « 30 seconds » punk rock corrosif semble bien semble bien déplacé dans cette ambiance glauque à l’humidité étouffante.

En conclusion « Infernal love » prenant le contre pied du style percutant et direct de l’infernale machine à tubes qu’était « Troublegum » et ressemble fort bien à un grand bras d’honneur au music business, comme si Therapy ? n’assumait pas son succès et cherchait inconsciemment à se saborder en perdant son public généraliste par un brutal changement brutal de direction musicale.

 « Infernal love » est un disque déroutant et étrange, sauvé surtout par ses ballades d’une beauté rarement atteinte mais pêchant sur quelques expérimentations hasardeuses et ses morceaux rapides comme si ces derniers avaient été composés à contre cœur.

Même si il marcha moins bien que « Troublegum » , « Infernal love » connut un succès honorable mais marqua le début d’une lente érosion artistique et commerciale chez un groupe pourtant talentueux, attachant et prometteur.

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