Post orgasmic chill (Skunk Anansie)

 



En 1999, Skunk Anansie sort son dernier album « Post orgasmic chill » avant de se dissoudre dans le néant deux ans après.

On notera le remarquable effort fait sur la pochette très classe montrant le groupe dans une position d’attente dans un magnifique appartement lumineux avec vue sur l’océan.

Mais quel océan au juste ? Celui de l’inconnu ? Des nouveaux départs ? On ne le sera sans doute vraiment jamais.

« Post orgasmic chill »  débute par une gigantesque gifle avec « Charlie big potato »  véritable chef d’œuvre rampant d’une puissance, d’une noirceur et d’une profondeur que je ne soupçonnais pas chez ce groupe.

« Charlie big potato » diffuse sur une rythmique ultra massive à la « Kashmir » de Led Zeppelin, une atmosphère inquiétante, contrebalancée par d’intenses et dramatiques montées en puissance introduites par des nuages de cordes ou la voix de Skin s’élève vers les étoiles.

De mémoire, le clip chef d’œuvre de noirceur collait parfaitement à l’ambiance de ce titre majeur.

On retrouve avec un plaisir immense le Skunk Anansie du premier album sur « On my hôtel tv » : basse sautillante, riffs métalliques, tempo rapide, incisif, irrésistiblement ravageur.

« We don’t need who you think you are » alterne couplets languissant avec des refrains d’une puissance cataclysmique.

Comment résister à la voix enivrante de Skin sur « Tracy’s flow » , ballade déchirante à vous fendre l’ame ? Impossible pour moi.

« The skank heads » enclenche à nouveau le turbo et l’infernale machine à cracher du rock à haut potentiel électrique.

Continuant son incroyable marche en avant, Skunk Anansie sort « Lately »  mélodique en diable, véritable tube en puissance avec son refrain génialement fédérateur.

Ballade moelleuse dégoulinante de cordes, « Secretly » et « Good things don’t always come to you » plus sobre poussent le bouchon encore très  voir trop loin même si comme à son habitude Skin est irréprochable.

J’ai beau être critique sur l’usage de ballades, le groupe délivre sur « Cheap honesty » power ballade un savoir faire proprement renversant contre lequel on ne peut que s’incliner.

« You’ll follow me down »  avec sa belle mélodie très éthérée n’est pas désagréable mais s’enfonce tout de même dans un océan de guimauve.

« I’m not afraid » marque le retour à un rock terriblement puissant, sautillant et frais, parsemé de furieuses ruades punk judicieusement placées.

Nouvelle et ultime ballade « Post orgasmic sleep » n’a aucun intérêt si ce n’est de finir l’album sur une note endormante pour faire de beaux rêves.

« Post orgasmic chill » aurait sans doute pu être un album exceptionnel et  le meilleur de Skunk Anansie sans sa deuxième partie plombée de lourdes ballades.

Sur la première partie disque, le groupe réalise en effet des prouesses et atteint un niveau parfois prodigieux bien supérieur au pourtant déjà terriblement efficace « Paranoid and sunburnt ».

Alors certes Skin ne manque pas de coffre et de talent, mais le registre adopté mélodique à outrance s’écarte grandement des folles ruades rock pour converger vers une pop boursouflée et sucrée dure à ingurgiter.

La carrière météorique de Skunk Anansie (à peine plus de cinq ans !)  s’achève donc sur ce disque tour à tour impressionnant ou irritant avec le sentiment que le groupe termine sans avoir pu exprimer véritablement tout son potentiel, hésitant trop longuement entre le rock violent des débuts et les sirènes de la pop édulcorée qui leur tendaient logiquement les bras en une tentation que l’on peut logiquement comprendre quand on dispose dans ses rangs d’une chanteuse du calibre de Skin.

En 2010, après neuf années de retraite de black out et d’éparses carrières solo, le groupe renait finalement de ses cendres pour connaitre un succès commercial plus modeste.

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