Poids léger (Jean-Pierre Arméris)

 



 « Poids léger » de Jean-Pierre Arméris est un film franco-belge sorti en 2004 d’après le roman éponyme de Olivier Adam.

Ce petit film aux allures de téléfilm de France télévision m’a en réalité beaucoup touché.

Le personnage principal est Antoine (Nicolas Duvauchelle) partageant une vie frustre entre sa carrière de jeune boxeur amateur et son métier de croque mort.

Antoine passe bien entendu beaucoup de temps à la salle de boxe ou Chef (Bernard Campan) son entraîneur le couve comme un fils.

Tout semble se dérouler pour le mieux du monde puisqu’il fait même la connaissance de Sue (Mai Anh Lee) , une jeune et belle asiatique étudiante en stylisme.

Mais pourtant derrière ce masque de guerrier, le jeune homme semble torturé, comme rongé par un mal sournois qui le mine de l’intérieur.

On comprend assez vite la nature du mal qui ronge Antoine, le jeune homme a perdu récemment ses deux parents et la souffrance du deuil le détruit progressivement.

Antoine partage son fardeau avec sa sœur Claire (Sophie Quinton) mais cette dernière semble avoir une attitude en apparence plus positive que celle de son frère.

Lentement le spectateur assiste à la dégradation de l’équilibre psychique d’Antoine, à sa violente souffrance qui se manifeste par des insomnies, des crises de violence et d’auto destruction.

Arméris distille habilement de terribles flash backs que vit Antoine autour de souvenirs de son enfance avec sa sœur et ses parents, le plus dévastateur d’entre eux étant celui ou Claire et Antoine se rendent une dernière fois dans la maison vide de leurs parents et revivent leurs souvenirs communs sous forme de lettres, musiques, odeurs, sons ..

Antoine part donc  à la dérive, il boit beaucoup, fume, se bat, perd ses combats, quitte son emploi rendu insupportable par la vision de la douleur des autres, se brouille avec Sue, gâche le mariage de Claire en frappant son mari …

Seul Chef semble le soutenir encore mais son déménagement dans le Sud n’arrange pas les choses.

Finalement, Antoine parvient à se ressaisir, Sue le rejoint et lui apprend qu’elle est enceinte.

Le film se termine sur la naissance du fils d’Antoine sensé lui apporter le réconfort nécessaire pour affronter la vie.

Film psychologique très sombre, doté de scènes terriblement émouvantes « Poids léger » est un très bon film français ou le jeu d’acteur de Duvauchelle permet de rentrer totalement en empathie avec la souffrance d’un jeune homme en deuil.

Aussi brillant que dans « Le petit voleur » , il montre que son talent, sa belle gueule et son physique de voyou fragile font de lui un des meilleurs jeunes acteurs des années 2000.

J’ai trouvé la différence d’approche du deuil très bien vue, entre Antoine pris dans une spirale de destruction et Claire dans la négation et le bonheur forcé comme le résume son mariage en carton pâte avec un informaticien.

Seul bémol à ce film, Bernard Campan aussi crédible en entraîneur de boxe que Stallone en comique et dont chacune des répliques déclenche des torrents de clichés entre ses problèmes conjugaux bidons, sa gentillesse paternelle dégoulinante et ses aspirations de parigot désirant s’acheter son cabanon dans le Sud en pensant que cela améliorera sa vie.

Une seule scène résume tout pour moi : Campan parle à Antoine dans le restaurant asiatique ou travaille Sue, et personne n’écoute ce qu’il raconte.

Je recommande néanmoins ce film profond, douloureux, introspectif et sombre.

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