Qu'est-ce qu'un chef ? (Pierre De Villiers)

 



Démissionnaire avec perte et fracas du Gouvernement Macron en 2017, le général d'armée Pierre de Villiers sort en 2018 son second livre, l'essai « Qu'est-ce qu'un chef ? » alors qu'il est travaille comme consultant pour Boston Consulting Group.

Dans ce court ouvrage, le général le plus populaire de France, fait part de son expérience en tant que militaire mais surtout en tant que Chef de l’État-major des Armées pour diagnostiquer les maux de la société française.

Et son diagnostic est celui d'une crise de l'autorité en France, avec pour principales raisons, la dilution des responsabilités dans un monde globalisé entre organisations internationales peu efficaces (ONU, OTAN, UE...) et frilosité des dirigeants lobulés par ce qu'il appelle « le temps immédiat ».

Le résultat est donc une grande irrésolution, une absence de vision stratégique basée sur le long terme avec une gestion à la petite semaine des crises attisées par le harcèlement médiatique.

Les effets se portent sur le peuple qui selon lui souffre comme le montre les manifestations des gilets jaunes ou celles contre le dérèglement climatique.

Bien qu'issu de Saint-Cyr, de Villiers fustige abondamment les « élites », énarques, polytechniciens ou issues des grandes écoles de commerce, en leur reprochant leur manque d'humanité, de fibre sociale au détriment d'une froide intelligence et d'un amour déraisonné pour les chiffres.

Il peut donc ensuite développer sa vision d'un dirigeant, celle d'un homme courageux, exemplaire, ouvert aux autres, rassurant et proche de la base.

Ses outils doivent être la maitrise de son temps et donc de son agenda afin de se réserver pour les sujets réellement importants nécessitant des réflexions plus poussées.

Mener une vie équilibrée en faisant du sport, en ayant des horaires de travail raisonnables et en ayant une vie de famille sont essentiels, aussi n'hésite-t-il pas à pointer du doigts les « mauvais chefs » incapable de déléguer quoi que ce soit et s'abrutissant dans des journées à rallonge pour terminer en burn-out ou pire.

Il conclut enfin par une déclaration d'amour à la France, à son génie, à sa jeunesse prompte à adhérer à un projet d'envergure pour peu qu'on lui propose...

En conclusion, ceux qui s'attendaient avec « Qu'est-ce qu'un chef ? » à des règlements de comptes sanglants et des prises de positions radicales seront déçus, tant le résultat se montre au final bien tiède.

Malgré son statut et sa haute expérience des responsabilités, Pierre de Villiers se contente souvent d'enfoncer les portes ouvertes ou d'aligner les lieux communs, tout en restant évasif sur la définition des stratégies qu'il appelle de tous ses vœux.

Trop d'organisations internationales ? Très bien mais que faire ? Quitter l'ONU, l’Otan, l'UE ?

Le problème de l’environnement ? Oui la maison brule, mais Jacques Chirac le disait déjà il y a presque 20 ans. Les lobbies font barrage mais si on exerce son autorité sur les grandes entreprises, ne sera-t-on pas accusé de les étrangler sous les charges publiques ?

Une administration lourde et inefficace ? Grande découverte ! Alors, faut-il supprimer des structures ? Mais et le risque de l'abandon par l'Etat de certains territoires notamment les plus ruraux tant prisés par le général ?

Trop de normes pour les entreprises ? Faut-il alléger la réglementation pour les TPE/PME ? Comment mieux réguler la question environnementales sans adoptions de normes drastiques ?

Le budget de la Défense trop faible ? Faut-il s'aligner sur les % du PIB des super-puissances comme les USA, la Russie ou la Chine ? Revenir à des formats de Guerre froide ? Oui les commandos sont agiles et rustiques, mais aucun groupe commando n'a jamais gagné une guerre à lui tout seul donc, peut-être ne sont-ce pas les qualités les plus nécessaires ?

Enfin sur la forme, cette profusion de citations à tout-va pour montrer qu'on a un certain bagage culturel, doublée de certaines facilités de langage façon slogan politique sont parfois irritantes.

Donc malgré le respect voir la sympathie qu'on peut avoir pour l'homme qui a tenu tête à un Président de la République connu pour son arrogance, Pierre de Villiers ne m'a pas ébloui en tant qu'écrivain !

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