Thunder and lightning (Thin Lizzy)
Je viens d’écrire deux critiques peu élogieuses sur Thin Lizzy et je n’en suis pas heureux.
Fort heureusement, voici « Thunder and lightning » avec sa pochette un peu cliché mais sympathique pour redresser la barre et faire un peu plus justice à ce groupe aussi talentueux qu’ attachant.
Sorti en 1983 l’année ou Yannick Noah remportait Roland Garros, « Thunder and lightning » est le dernier album de la carrière des Irlandais.
Comme pour beaucoup de groupes de rock, la vie n’a pas été un long fleuve tranquille pour Thin Lizzy qui a connu de multiples turbulences liées à l’alcoolisme et à la drogue, puis de nombreux changements de personnel, le départ de Brian Robertson, celui de Gary Moore, avant l’arrivée en 1982 d’un claviériste nommé Darren Wharton.
Sur cet album, c’est John Sykes qui prendra place aux cotés de Scott Gorham aux guitares, le reste du groupe étant constitué de l’inamovible paire Lynott-Downey.
On sait tout à présent ou presque de la vie tumultueuse de Phil Lynott, son statut d’hommes à femmes, de buveur cogneur de bars mais aussi son mal être, son addiction à l’heroine, qui le conduira à un décès prématuré par overdose en 1986.
Privé de son ame créatrice et de son charismatique chanteur, Thin Lizzy ne se remettra jamais de cette perte.
Pourtant cette déchéance ne se ressent pas de manière flagrante à l’écoute de ce disque.
« Thunder and lighting » débute l’album de manière conquérante par un déluge d’énergie électrique et de puissance dévastatrice.
La musique de Thin Lizzy a ici pris de l’épaisseur et flirte ici avec le heavy metal dans son approche.
Après cette démonstration de puissance brute, « This is the one » poursuit dans la même veine mais en ajoutant habilement un refrain plus accrocheur, irrésistible ou tout le charisme de Lynott peut s’exprimer.
Toute en subtilité et en classe infinie, « The sun goes down » est pour moi la plus belle ballade jamais écrite par Thin Lizzy.
On sent beaucoup de lassitude dans la voix de Phil sur cette ballade crépusculaire, prémonitoire, agrémentée de superbes effets de claviers et d’un solo à la beauté déchirante.
Difficile de ne pas être touché par la mélancolie de ce morceau quand on connaît la destiné tragique du chanteur.
« The holy war » (le morceau préféré d’Oussama Ben Laden ?) est également un titre magique, donnant des frissons dans l’épine dorsale avec son riff de guitare surnaturel et son souffle épique prodigieux.
Très intense avec son riff typiquement heavy metal, « Cold sweat » renoue avec le coté instinctif, sauvage et bagarreur de rue des Irlandais.
Meme si moins réussi, « Someday she is going to hit you back » est néanmoins agréable avec son tempo rapide et ses énormes solo de guitares.
Alors qu’on pouvait s’attendre à une ballade plaintive, « Baby please don’t go » est en réalité véloce sans être absolument inoubliable.
Après cette légère perte de vitesse « Bad habits » renoue avec un hard rock plaisant, fluide avec son refrain très séduisant.
Brillant et enlevé, « Heart attack » parachève ce disque de haute volée.
De manière inquiétante et prémonitoire avec le recul, cette chanson parle de crise cardiaque, d’overdose et de mort, preuve que Lynott était lucide sur son état.
En conclusion, marquant une sorte de renouveau pour Thin Lizzy, « Thunder and litghning » porte fort bien son nom.
Ayant influencé la plupart des grands groupe de heavy metal des années 70/80 comme Judas Priest ou Iron Maiden par ses harmonies de guitare si particulières et novatrices, Thin Lizzy reprend ici à bon escient une partie de son héritage pour insuffler une coloration heavy metal à son hard rock mélodique.
Le résultat est faramineux, avec une première partie du disque écrasante de puissance et majesté.
Thin Lizzy perd donc ici son coté bluesy au profit d’un son plus puissant mais sans toutefois renier la classe habituelle de ses mélodies enchanteresses.
« Thunder and lighting » referme donc un peu tristement une des plus belles pages de l’histoire du rock avec le sentiment que le groupe avait encore beaucoup à donner artistiquement parlant.
Alors si pour beaucoup U2 est le plus grand groupe irlandais de tous les temps, pour ma part mon cœur battra toujours plus fort pour Thin Lizzy.
Un chanteur incroyablement charismatique à la voix chaude et émouvante, un son de guitare alliant puissance et beauté… tel était le hard rock de pur sang de Thin Lizzy.
Il paraît qu’une statue à la gloire de Phil Lynott a été érigée à Dublin.
Ceci n’est que justice pour tout ce qu’il a apporté à la musique.
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