Blah Blah Blah (Iggy Pop)

 



En 1986 et en pleine période new wave, Iggy Pop alors en grosse perte de vitesse s’acoquine de nouveau avec son vieux compère David Bowie pour sortir « Blah Blah Blah ».

L’Iguane s’est ici associé avec un personnel réduit composé de Kevin Armstrong à la guitare et de Erdal Kizilcay, véritable homme orchestre qui assure rien que moins que la basse, les synthétiseurs, la batterie et même les chœurs !

Ce qui frappe tout de suite sur la pochette c’est le look très propret limite gendre idéal d’Iggy Pop, cheveux courts, blue jean et tee shirt d’une sobriété plus que surprenante.

L’album débute avec « Real wild child » au rythme plaisant et au refrain très efficace.

Ensuite les choses se gâtent, en effet on comprend que « Blah Blah Blah » ne sera pas un album de guitares rock et qu’un affreux son de synthétiseur régnera en maître sur toute la durée du disque.

«Baby, it can’t fall »  lent et pénible, illustre fort bien le style froid et synthétique adopté par le tandem Pop/Bowie sur ce disque.

Meme si Iggy use de sa belle voix de crooner sur « Shades » , cela ne suffit pas à sauver ce morceau globalement plus que poussif.

La même réflexion reste valable sur « Fire girl » : très belle performance vocale d’Iggy Pop sur une mélodie moelleuse, une batterie robotisée et d’atroces sons de synthétiseurs.

Le mode somnifère se poursuit sur « Isolation » encore plus insipide.

Arrive le seul morceau de bon niveau de ce disque, « Cry for love »  avec Steve Jones à la guitare, brillant par un refrain de toute beauté.

Mais la relative accalmie est de courte durée tant « Blah Blah Blah »  est une véritable catastrophe ressemblant à un jingle de générique de jeux télévisé ringard des années 80.

Sur « Hideaway »  et « Winners and losers » l’auditeur continue d’endurer sa punition tel un malade mental shootés à mort aux tranquillisants.

Dans son délire narcoleptique, il croit entendre le son timide d’une guitare électrique sur « Little miss emperor » mais ce doux rêve se transforme rapidement en hideux cauchemar hallucinatoire.

En conclusion, « Blah Blah Blah »  est un naufrage, une horreur kitsch et fadasse, une monstruosité, une aberration dans la carrière d’Iggy Punk.

Le duo Pop/Bowie semble ici totalement victime de son époque et proposer un produit édulcoré expurgé de toute velléité rock n' roll et truffé de bidouillages électroniques sans âme.

Ce disque laisse une impression triste de déchéance, comme celle de voir un vieux lion enfermé dans une cage exiguë, un fauve au pelage terni, aux dents cassées, aux griffes usées attendant docilement que son gardien lui donne sa pitance chaque jour et faisant rire les visiteurs qui se moquent de sa faiblesse derrière les barreaux de sa captivité.

Avec ce disque Iggy Pop semble avoir perdu son instinct de prédateur sauvage et le sentiment qui en ressort est à vrai dire plutôt attristant.

Heureusement le vieux lion montrera par la suite qu’il a encore de la ressource...

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