Operation mindcrime (Queensryche)

 



Retour à une musique plus « classieuse »  et sophistiquée avec Queensryche, groupe américain originaire de Seattle, pratiquant un heavy metal fortement teinté d’influences de rock progressif.

Formé de Chris Degarmo et de Michael Wilton aux guitares, d’Eddie Jackson à la basse, de Scott Rockenfield à la batterie et de Geoff Tate au chant, Queensryche sort en 1988 son plus gros succès commercial et artistique  « Operation mindcrime ».

« Operation mindcrime » est un concept album assez poussé racontant l’histoire du conflit intérieur de Nikki un jeune drogué manipulé par une organisation révolutionnaire extrémiste pour commettre des assassinats politiques.

Même s'il n’est pas nécessaire d’être bilingue en anglais et de rentrer totalement dans le concept pour apprécier l’album, on sera forcé de reconnaître un agencement particulier des morceaux avec un grand nombre d’interludes sensés être des parties liantes entre les différents évènements jalonnant l’histoire.

En 2001, un ami m’avait passé cet album et je l’avais je dois dire à l’époque assez injustement snobé, prétextant un manque de punch par rapport à mon groupe de chevet de l’époque le grand Judas Priest.

Mais avec le temps et en y revenant avec une oreille plus aguerrie, j’ai appris à goûter les plaisirs raffinés de ce disque peu commun.

Passée l’intro, « Anarchy X » produit un court instrumental exceptionnel ou les guitares s’envolent haut dans les étoiles annonçant le premier vrai « morceau » de l’album le très rythmé « Revolution calling ».

On est au passage frappé par la voix extraordinaire de Geoff Tate, si haut perchée et mélodieuse rappelant un mélange entre Bruce Dickinson et Rob Halford avec qui il pourrait tenir la comparaison quasiment sans rougir.

Le son est fantastique, la batterie sonne généreusement, les guitares produisant des mélodies finement ciselées semblent en symbiose avec la voix aérienne de Tate.

« Operation mindcrime » est un peu dans la même veine, mais légèrement plus  plat.

« Speak » est le premier chef d’œuvre du disque, très intense, d’une qualité exceptionnelle, avec ses refrains magnifiques de beauté ou se pose cette voix céleste si terriblement émouvante.

Pourtant « Spreading the desease » réussit le tour de force de lui être supérieur, avec ses riffs plus typiquement heavy metal, ses changements de rythme opportunément placés, et surtout ses refrains en liaison directe avec les dieux du cosmos.

Touché par la grâce, Queensryche compose ici un met unique qu’on aimerait goûter sans fin.

En comparaison « The mission » redescend certes à un niveau plus accessible mais n’en demeure pas moins un plat raffiné et agréable.

Porté par des chœurs néo classiques, « Suite Sister Mary » est un prodigieusement ambitieux titre fleuve de plus de 10 minutes racontant presque un film dramatique à lui tout seul.

On ne peut être que séduit par autant de classe, de créativité et de maestria.

Plus sobre et rapide « The needle lies » officie dans un style  heavy metal beaucoup plus classique mais néanmoins d’un niveau toujours anormalement élevé.

Dans un registre plus mélodique, « Breaking the silence » met bien en avant le formidable organe de Tate qui brille de mille feux sur un refrain purement irrésistible.

Et la fête continue avec « I don't believe in the love » le TUBE de l’album, morceau tellement universel et fédérateur qu’il pourrait conquérir à mon sens aisément d’autres publics plus larges que les fans de hard rock.

Après quelques interludes et autres bruitages d’ambiance, le disque se termine sur le grandiose « Eyes of a stranger » , autre chef d’œuvre influencé cette fois par le rock progressif.

En conclusion, « Operation mindcrime » se révèle après une mise en chauffe de quatre titres, un album unique, d’un niveau absolument prodigieux composé par un groupe en état de grâce artistiquement parlant.

La musique ici proposée, réussi le tour de force de marier la technicité, le raffinement, le sophistication, le maniérisme du rock progressif avec la puissance utilisée à bon escient du heavy metal.

Lorsqu’on écoute « Operation mindcrime » on s’aperçoit  finalement assez vite que l’idée du concept est totalement accessoire en comparaison avec la qualité de la musique.

La star de ce disque reste néanmoins pour moi l’omniprésent Geoff Tate, dont la voix (de tête ?) systématiquement en recherche d’émotions pourra par instants en irriter certains.

Jamais par la suite le groupe ne sera en mesure de rééditer pareil exploit, atteignant avec ce disque référence son zénith artistique !

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