End of the century (The Ramones)
Sorti en 1980, « End of the century » marque un tournant dans la carrière des Ramones et pas seulement à cause de la fin d’une décennie magique les 70’s ou d’un mouvement punk qui commence (déjà !) à s’essouffler.
Pour la première fois en effet le groupe quitte sa chère ville de New York pour aller enregistrer à Los Angeles avec Phil Spector, producteur aussi légendaire que sulfureux.
Spector, tyrannique et monomaniaque va imposer une discipline de fer aux Ramones ce que Johnny et Dee Dee supporteront très mal contrairement à Joey et Marky qui seront eux fascinés par la personnalité du gourou du son.
Le résultat de ce travail de forçat est donc « End of century » avec cette pochette ridicule basée sur un jeu de couleur assez peu heureux.
Le disque débute par « Do you remember rock ’n’ roll radio ?», très rythmé, musclé dont le coté rock n' roll rétro et la surcharge d’instruments (piano, saxophone, clappements de mains) ont un rendu trop poussé à mon gout.
« I’m affected » qui suit sonne de manière plus sobre mais étonnamment agressive.
Ballade subtile et douce « Danny says » est aussi vite oubliée qu’entendue.
Premier titre rapide, « Chinese rock » se situe dans une veine punk rock efficace qui ne soulèvera néanmoins pas les foules.
Les morceaux s’enchaînent et on attend toujours avec espoir le titre phare qui viendra lancer l’album.
Ces espoirs sont vite douchés par « The return of jackie and judy » tentative franchement médiocre de capitaliser sur les anciens hits du groupe.
Et même si « Let’s go » très rapide, intense et violent renoue avec la furia punk des débuts, « Baby, I love you » ballade sirupeuse truffée d’arrangements insupportables coule à pic dans un océan de mièvrerie sans fond.
Alors qu’on s’apprête à décrocher définitivement et à en terminer avec cet album décevant, le groupe se réveille enfin et parvient à rectifier quelque peu le tir.
Si « I can’t make it on time » est encore plombé par des bruitages lourdingues, il est sauvé par des riffs solides et un refrain particulièrement réussi.
« This ain’t havana » déboule à toute vitesse et emporte tout son passage à coup de riffs accrocheurs et de refrains aussi amusants que décalés.
Alors qu’on ne l’attendait plus « Rock ‘n’ roll high school » LE tube de l’album arrive enfin avec toute la simplicité, la naïveté, la fraîcheur et l’efficacité mélodique dont a toujours su faire preuve le groupe depuis ses débuts.
L’album termine par « All the way » et « High risk insurance » tous deux puissants et explosifs comme des grenades à main.
En conclusion avec « End of the century », les Ramones sentant le vent tourner, tentent de modifier et adoucir légèrement leur style pour prendre leurs distances avec le mouvement punk.
L’apport de Spector ne fait pour moi qu’alourdir, surcharger, sophistiquer inutilement une musique originellement faite pour être jouée rapidement et simplement afin d’obtenir un maximum d’efficacité.
Je ne pense donc pas que les Ramones avaient besoin de travailler avec Spector si ce n’est pour gonfler leur ego de jeunes musiciens impressionnés à l’époque par la réputation de faiseur de tubes du gourou cinglé.
Heureusement, cet album qui aurait pu être un naufrage complet est sauvé in extremis de la catastrophe par une deuxième moitié gavée de titres puissants et enlevés que n’a pu complètement dénaturer leur producteur-dictateur de l’époque.
Pour l’anecdote, si cet album plus commercial se vendit bien, il provoqua en revanche la perte d’une bonne partie des fans de base du groupe.
Pour moi « End of the century » est donc tout à fait dispensable.
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