Show no mercy (Slayer)

 



Slayer ou l’archétype même du groupe qu’on écoute à l’adolescence pour énerver ses parents ?

Certes avec les pionniers du thrash metal américain on a souvent affaire à du mauvais goût, du politiquement incorrect et à des volumes sonores largement trop répulsifs pour les fans d’artistes plus mainstream.

Mais peu importe ce que pensent les « biens pensants » j’aime ce groupe depuis fort longtemps et c’est donc avec un grand plaisir que je m’en vais chroniquer leur premier album « Show no mercy » sorti en l’an de grâce 1984.

Slayer  s’inscrit dans cette vague de groupes californiens comme Metallica, Megadeth, Exodus et Anthrax, qui au début des années 80 donnèrent naissance à un nouveau courant musical dérivé du heavy metal : le thrash metal, plus rapide et violent que son prédécesseur.

« Show no mercy » possède donc toutes les caractéristiques de ce courant musical.

Peu de moyens donc, un son vintage ultra roots, une pochette « sataniste » assez ridicule comme dessinée par un gamin de cinq ans, mais en contre partie toute l’ énergie, toute la fougue et l’audace d’un jeune groupe de blancs-becs forcenés décidés à dévorer la terre entière.

Dés l’entame de ce disque, « Evil has no bondaries » assène les premières déflagrations.

Le tempo frénétique, les riffs surpuissants, les solos supersoniques de la paire infernale Kerry King/Jeff Hanneman assaillent l’auditeur de toute part en vagues successives irrésistibles.

La voix de Tom Arraya est déjà si caractéristique, grondante, claquant comme un fouet, basculant même de manière aussi subite qu’exaltée dans les aigus sur des textes malsains parlant de violence, de meurtres et de satanisme.

Mais l’atout maître  de Slayer est  sans nul doute son batteur Dave Lombardo, l’homme capable d’insuffler du punch et une certaine fluidité à une musique aussi violente.

Les charges explosives se succèdent en une tornade sonore de puissance et de brutalité totalement maîtrisée et canalisée.

Le sulfureux « The Antichrist », le très cinglant « Die by the sword » ou le sans concession « Fight till death » s’enchaînent dans un déferlement continu laissant l’auditeur sonné, malmené, emporté comme un fétu de paille par ce torrent de puissance sauvage.

L’enchaînement avec l’instrumental « Metal storm » puis « Face the slayer » vient apporter une courte accalmie à laquelle l’auditeur s’accroche tel un naufragé à un radeau de fortune mais c’est pour mieux ensuite succomber à la tempête finale tant le pilonnage intensif des artilleurs de première classe reprend.

Altérée, enivrée, la raison renonce laissant la place à l’instinct guidé par un plaisir intense et bestial.

Le très obscur « Black magic »  l’irrésistible « Tormentor » avec ses vocaux déraillant dans les aigus, la pure leçon de thrash à 1000km/h « The final command », puis le légèrement plus calme « Crionics » et le final « Show no mercy » viennent porter le coup de grâce à un auditeur agonisant.

En conclusion « Show no mercy » n’est certainement pas l’album que vous utiliserez pour faire la cour à une femme ou pour jouer le jour de votre mariage ou alors pour provoquer quelques crises cardiaques dans la famille des beaux parents découvrant un peu tard que leur fille chérie épouse un sociopathe au lieu d’un gendre idéal.

Cet album paraîtra aux puristes sans doute également un peu linéaire mais il contient une telle spontanéité, une telle énergie, une telle fougue qu’il paraît difficile de résister un temps soit peu à ces attraits si on apprécie la musique intense.

Le son  « old school » excellent, les intro vicieuses, les riffs assassins, les solos subsoniques vrombissant et surtout ces tempo ultra rapides si caractéristiques font de « Show no mercy » un monument du thrash metal et du hard rock tout court.

Avec cet album, les quatre mouflets de Huntington Park, accouchent d’un Monstre, d’une Légende et donnent le coup d’envoi à une carrière des plus mythiques.

« Evil has no bondaries » dit l’album en introduction ?

Cela tombe bien, Slayer non plus.

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