Un prophète (Jacques Audiard)

 



Sorti dans les salles en 2009, « Un prophète » de Jacques Audiard, grand prix du festival de Cannes, n’a contrairement à ce que laisserait penser son titre rien à voir avec la religion mais appartient à ce qu’on appelle le genre des films de prison.

L’histoire est celle de Malik El Djebena (Tahar Rahim), jeune maghrébin, condamné à six ans de prison pour un motif obscur, sans doute une agression à l’arme blanche contre des policiers.

Malik, à peine majeur, est incarcéré pour la première fois avec des adultes.

Le jeune homme fragile et sans appui tombe vite sous la coupe de César Luciani, un vieux caïd d’un gang corse joué par Niels Arestrup.

Les Corses ayant corrompu des matons sont dominants de la prison.

Luciani exige que Malik accepte d'approcher et de tuer un détenu maghrébin qui allait témoigner contre lui.

Mis sous pression et pris au piège, Malik finit par accepter et après avoir fait mine d’accepter les avances du repenti, lui tranche la gorge.

En gage de reconnaissance, Luciani le prend sous sa protection mais en échange Malik devra servir d’homme à tout faire pour les Corses, avec entre autres petits services faire le ménage, la cuisine et coucher.

Peu à peu le jeune s’endurcit et comprend les règles du monde carcéral.

Il apprend à lire, se lie d'amitié avec Ryad un autre détenu maghrébin proche des musulmans qui sort prochainement de prison car il est atteint d’un cancer.

Intelligemment Malik apprend le Corse et achève de gagner la confiance de Luciani.

Il va alors profiter de se permissions pour devenir l’homme de main du Corse dans ses affaires mais également monter son propre business de trafic de drogue vers l’Espagne en se rapprochant d’un gitan nommé Jordi.

Dans ce trafic il utilise Ryad pour transporter la marchandise.

Au fur et à mesure, les affaires dans lesquels Malik s’impliquent sont de plus en plus sérieuses, il traite avec des maffieux marseillais, s’associe avec eux mais prend bien garde de ne pas froisser Luciani.

Il parvient également à faire pression sur les Musulmans de la prison.

Puis les choses tournent, par décret politique, les prisonniers politiques corses sont déplacés sur leur île et Luciani se retrouve isolé et affaibli.

Malik accepte une dernière mission particulièrement dangereuse, l’assassinat d’un rival de Luciani lors d’une de ses permissions.

Il l’effectue avec Ryad qui se sait condamné par sa maladie.

L’exécution a lieu dans les beaux quartiers de Paris.

Assez miraculeusement Malik s’en sort.

Soutenu par le milieu marseillais, respecté par les musulmans, il acquiert une réputation de caïd et détrône son ancien protecteur.

Ayant purgé sa peine, Malik sort enfin de prison auréolé d’une nouvelle dimension de parrain du crime.

« Un prophète » est l’un des films les plus dur que j’ai vu de ma vie.

L’action se passe à 90% dans une prison lugubre de région parisienne ou règnent saleté, brutalité et violence permanentes.

Les acteurs sont parfaitement crédibles surtout Niels Arestrup véritablement effrayant.

L’aspect prophète de Malik est en réalité assez peu explicité.

On se rend juste compte qu’il est hanté par le fantôme du premier homme qu’il a tué, le repenti mais sans que cela perturbe beaucoup sa conscience.

Malgré son ambiance prenante et la qualité des acteurs, ce film ne m’a spécialement touché.

L’atmosphère de violence permanente est véritablement étouffante, en effet pas une once d’espoir ou d’humanité ne caractérise des personnages paraissant avoir perdu leur âme.

De plus la manière dont Malik échappe à la police ou à une vengeance après l’exécution en plein jour d’un parrain de la maffia m’est apparu totalement invraisemblable.

Même si le facteur chance peut certaines fois jouer il me paraît inéluctable que celle-ci tourne inévitablement à un moment donné ce qui n’est pas le cas dans ce film.

« Un prophète » peut être vu avec la morale toujours dérangeante que le crime paie...ce qui à terme est bien entendu faux, malsain et dangereux.

Il peut aussi être vu comme un film campant avec âpreté et réalisme la vie dans les prisons françaises même si bien entendu le réalisateur a pris le parti pris de montrer une prison fortement corrompue dans laquelle les détenus ne se suicident pas.

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