Autoportrait de l'auteur en coureur de fond (Haruki Murakami)
Étant un joggeur du dimanche depuis l'age de mes quatorze ans, j’ai été attiré par le sujet du dernier livre de Haruki Murakami « Autoportrait de l’auteur en coureur de fond ».
L’idée de base de cet écrivain à la renommée internationale est de se raconter à travers le prisme de sa passion pour la course à pied.
Murakami établit en effet un parallèle étroit en son métier d’écrivain et le fait de courir.
Assez étrangement il avoue avoir commencé à courir peu après avoir choisi d’arrêter son métier de gérant de club de jazz pour se consacrer à temps plein à l’écriture.
Devenu plus sédentaire, fumant beaucoup et ayant tendance à l’embonpoint, Murakami a commencé à courir assez tardivement (trente trois ans) pour être tout d’abord en meilleur forme.
Puis il s’est aperçu que ce sport convenait de manière profonde et intime à sa personnalité solitaire, méticuleuse et opiniâtre alors le passe temps est devenu une passion voir un mode de vie.
Ainsi Murakami court quasiment tous les jours au minimum dix kilomètres avec toujours une musique rock dans ses écouteurs que ce soit les Lovin'Spoonful, Byan Adams, ou les Red Hot Chili Peppers.
Seule la pluie, la neige ou certaines impossibilités professionnelles assez rares, semblent en mesure de l’empêcher d’assouvir sa passion.
Voyageant beaucoup entre le Japon, les Etats Unis et l’Europe, l’auteur décrit ses habitudes, ses parcours et tente d’analyser les sensations qu’il éprouve lorsqu’il foule le bitume.
Murakami parle donc de ses expériences de joggeur à Tokyo, Cambridge, Hawaï, New York ou même Athènes ou il accomplit seul le mythique parcours Athènes-Marathon.
Puis conscient de certaines aptitudes, il se met à courir des marathons, un par an dans une recherche de performance.
Repoussant sans cesse les limites de son corps, Murakami participe à des triathlons ou même à un ultra marathon de 100 kilomètres sur une île située au Nord du Japon.
Dans ce livre, Murakami ne tente pas de convaincre le lecteur des bienfaits de la course à pied, il explique simplement comment ce sport d’endurance l’a aidé à équilibrer sa vie, à mieux se connaître et à développer des qualités utiles pour son métier d’écrivain.
« Autoportrait de l’auteur en coureur de fond » ne m’a pas passionné outre mesure...
Sur la forme le style de Murakami m’est apparu assez froid et fade.
Sur le fond, l’auteur ne se montre pas pour moi comme quelqu’un de très attachant mais plutôt comme un être solitaire, obsessionnel, maniaque, très centré sur lui même et ses performances, ayant du mal à accepter le vieillissement inéluctable de son corps.
Pour avoir connu des marathoniens et des triathloniens, je pense que ces caractéristiques se retrouvent souvent chez les pratiquants des sports d’endurance.
Ayant passé un été à Cambridge et couru le long de la Charles River de Boston, j’ai particulièrement apprécié les passages du livre ou Murakami y décrit ses joggings.
Pour autant je crois aux vertus de la course d’endurance, à la pureté de la pratique de cet acte inné chez l’être humain, au lent processus qui forge l’esprit lorsque le joggeur parvient à surmonter toutes les conditions hostiles (fatigue croissante, climat pénible ) qui le poussent à renoncer.
Se retrouver en tête à tête avec soi-même et courir 10, 15, 20 km ou plus qu’il pleuve, vente, neige ou fasse un soleil de plombs a toujours été pour moi une expérience intime très formatrice et enrichissante.
Dommage que Murakami ait racontée cette expérience de manière trop rationnelle et sportive à mon goût sans en décrire l’aspect quasi mystique proche pour moi du chemin de croix menant à l’absolution de ses propres péchés.
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