Skull ring (Iggy Pop)

 




Les années 70 furent assurément l’age d’or d’Iggy Pop alors en pleine jeunesse et tout encore auréolé de ses collaborations avec les Stooges et David Bowie.

L’Iguane eut plus de mal à traverser les années 80, mais réussit néanmoins à survivre après de multiples errements artistiques et personnels pour amorcer une reprise bancale dans les années 90 puis revenir en force dans les années 2000.

Atteindre  la soixantaine et être encore en pleine possession de ses moyens quand on a mené la vie d’Iggy Pop en pleine déferlante punk et rock n roll avec tous les abus que cela suppose, provoquera toujours chez moi un mélange d’incrédulité, d’admiration et de fascination.

En 2003, après un « Beat’em up » influencé par le heavy metal, Iggy Pop sort « Skull ring » un album marquant un retour à un son plus garage et punk rock.

La liste des invités de luxe est ici particulièrement impressionnante, car outre ses musiciens habituels regroupés sous le nom de The Trolls,  Iggy  a fait appel à ses anciens partenaires des Stooges, mais aussi à la jeune garde des punk rockers en culottes courtes du moment, Sum 41 et Green Day ainsi qu’à une jeune artiste électro-rock peu connue à l’époque nommée Peaches.

L’album débute avec un électrisant « Little electric chair » composé avec les Stooges , superbe morceau gavé de fraîcheur, de fun et de pur groove rock n roll.

Le son est éclatant, puissant et clair, l’Iguane pète le feu et s’éclate …et à vrai dire nous aussi.

« Perverts in the sun » (quel titre génial !) déboule ensuite à toute vitesse, boosté par toute la férocité d’une rythmique punk.

« Skull ring » joué avec les Stooges est plus lent mais doté d’une assise en acier et d’un refrain martelé ou la belle voix grave d’Iggy fait des merveilles.

Plus rock « Superbabe » s’avère très fun et rafraîchissant.

« Loser » avec les Stooges, paraît en revanche plus laborieux.

« Private hell » n’est pas un mauvais morceau mais a ce coté sautillant qui me déplaira toujours chez Green Day.

« Little know it all » joué avec Sum 41 sonne aussi bizarrement et me paraît trop s’éloigner du style originel d’Iggy.

« Whatever » dans la même veine qu’un « Superbabe » s’avère original, frais et léger.

 Joué avec les Stooges « Dead rock star » est un morceau magnifique, profond, sombre, mélancolique ou Iggy se voit comme une vieille gloire du rock au bout du rouleau agonisant dans sa voiture.

Vient ensuite la première bombe electro composée en duo avec la diablesse de Peaches, cette jeune canadienne ultra provocante qui ferait passer Madonna pour la Sainte Vierge.

« Rock show » fait figure d’hymne electro-punk avec son tempo d’enfer et son intensité permanente.

« Heres comes the summer » qui lui succède est une très bonne chanson de rock simple et enlevée.

Deuxième bombe concoctée avec Peaches, « Motor inn » est encore supérieur à « Rock show » pour la simple et bonne raison que Iggy chante ici la majeure partie du temps.

Ce morceau rend fou, provoquant de violentes décharges d’adrénalines dans tout le corps.

Au passage je recommande le clip, génial hommage aux films de zombies de série B.

Changement radical d’ambiance avec « Inferiority complex » magnifique ballade glacée et introspective ou le temps semble suspendu à la voix magnétique d’Iggy Pop.

« Supermarket » très dispensable, voit le retour des pénibles Green Day.

Très surprenant « Till wrong feels right » est un (très bon !) blues caverneux à la Johnny Cash dont on se demande le pourquoi de la présence sur cet album majoritairement garage punk.

« Blood on your cool » (j’adore ce titre !) parachève de manière étincelante ce disque hautement énergétique.

En conclusion « Skull ring » est un excellent disque, gavé de force, d’énergie et de folles cavalcades, qui parvient à retrouver le coté sauvage et festif du vrai rock n' roll.

Sur cet album Iggy semble avoir balayé ses doutes, ses idées noires,  s’être fait plaisir et ce plaisir tangible s’avère  très communicatif.

« Skull ring » est tout à fait le genre d’album à écouter le matin pour se mettre de bonne humeur et bien entamer une journée pied au plancher.

On peut évidemment attribuer cette cure de jouvence, cette résurrection même aux retrouvailles d’Iggy Pop avec ses anciens camarades des Stooges mais à vrai dire l’album tout entier ne comporte que de très bonnes vibrations.

Bien sur je trouve que les collaborations avec Green Day et Sum 41 n’apportent rien à Iggy Pop, tandis que celles avec Peaches aussi sulfureuse et décalée que lui font des merveilles.

Enfin un dernier mot pour saluer l’excellent artwork de l’album, avec un humour très second degré que j’apprécie beaucoup comme par exemple sur cette photo ou l’on voit Iggy juché sur une chaise électrique avec un ridicule petit chien dans ses bras tandis qu’une superbe noire américaine déguisée en policier s’apprête à l’exécuter !


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