Black album (Metallica)


 


 

Que je le veuille ou non, le « Black album » de Metallica a joué un rôle important dans la maturation de mes gouts musicaux.

En 1991, alors adolescent et complètement hermétique voir hostile au hard rock, j’entends la power ballade « The unforgiven » à la radio et quelque chose se met alors en branle chez moi, chose qui à l’époque n’était pas sale.

Après avoir réécouté plusieurs fois ce titre dont la mélodie m’avait assurément ferré comme un poisson de rivière peu habitué aux eaux troubles, je me pique de curiosité pour ce groupe alors si populaire au même titre que Nirvana et Guns n’roses.

Puis ma Mère m’offre pour mon anniversaire ledit album à l’époque en cassette audio, cassette que je possède encore  malgré l’état déplorable de sa bande magnétique usée jusqu’à la moelle à force d’avoir été tournée.

Aujourd’hui vingt ans ont passé, j’ai vieilli et Metallica n’atteindra plus jamais le même niveau de popularité qu’à l’époque alors on peut aujourd’hui se demander ce qu’il reste de ce fameux « Black album » colossal succès commercial, qui transforma d’obscurs mais talentueux thrashers californiens en rock stars internationales abonnées aux méga tournées dans les stades.

L’album à la pochette unicolore commence par une véritable bombe, « Enter sandman » porté par un riff infernal devenu mythique et des refrains emballants mettant en avant des paroles sombres, ambigües voir menaçantes à l’instar de sa prière centrale flirtant avec le satanisme.

Malgré sa puissance et sa dynamique, « Enter sandman » n’appartient déjà plus à la catégorie thrash metal mais plutôt à une nouvelle définition du heavy metal, toujours agressive mais plus généraliste.

Le clip extraordinaire, mettant en avant un enfant pourchassé par ses cauchemars (serpents, camion américain, chute dans le vide) tournera en boucle sur MTV, contribuant pour beaucoup à l’explosion commerciale de Metallica.

Aujourd’hui encore « Enter sandman » finissant les concerts du groupe, peut être considéré comme le titre majeur du groupe.

L’auditeur est également frappé par le son de la batterie de Lars Ulrich rendu surpuissant par la production de Bob Rock et par la voix de James Hetfield, ayant gagné en assurance.

Cette impression est confirmée par « Sad but true » dont la lenteur et la lourdeur de bulldozer n’entache pas la terrible dynamique.

Mais Hetfield et sa bande montrent qu’ils sont toujours capable d’affoler les compte tours avec « Holier than you » titre supersonique d’une puissance et d’une fluidité inouïes.

Puis le groupe place l’une de ses armes secrètes, la fameuse power ballade « The unforgiven » , brillant par des couplets appuyés contrebalancés par des refrains très aériens.

Longue, originale (quelques légère touches hispanisantes ?) , alternant douceur et violence épique, « The unforgiven » reste vingt ans après une réussite époustouflante commun pour un groupe de heavy metal.

Le clip assez fou et mystérieux (un homme passe toute sa vie à essayer de sortir d’une pièce ou on l’avait enfermé avant de mourir vieillard une fois la lumière du jour à sa portée) est également un chef d’œuvre.

Retour à la puissance brute avec « Wherever I may roam »  contenant absolument tout d’un titre culte, riffs fantastiques, ambiance et paroles épiques, chant magistral le tout enrobé d’un halo de pure énergie nucléaire.

Abonné jusqu’alors au sans faute, les californiens baissent pour la première fois de niveau avec « Don’t tread on me » mid tempo viril un peu trop indigeste.

Metallica se reprend en beauté avec le rapide « Through the never » dont le punch dévastateur enfonce tel un bélier les défenses des plus récalcitrants puis place sa bombe atomique, la ballade « Nothing else matters » leur plus grand succès commercial à ce jour et qui fut matraquée dans tous les média du monde.

Malgré son coté trop entendu et son clip assez nul, « Nothing else matters » reste une très belle ballade avec quelques belles poussées de fièvre et un James Hetfield d’un niveau hallucinant au chant.

Passé ce moment d’émotion, Metallica ressort les flingues sur « Of wolf of man », mid tempo dévastateur inspiré par la passion du chanteur pour la chasse.

Tout y est, riffs d’aciers, paroles prenantes et break central du meilleur effet.

Certes « The god that failed » n’est pas le morceau le plus inoubliable de l’album mais comment résister à son barrage de riffs, à son coté chaloupé et dur comme la pierre ?

Plus introspectif, mélancolique voir plaintif on trouve « My friend of misery » dont la longueur, la structure alambiquée et le tempo balourd auraient pu convenir à l’album suivant, le très controversé « Load ».

Mais après ce léger passage à vide, Metallica termine en seigneur avec « Struggle within » qui renverse tout sur son passage à la vitesse d’un train express blindé gavé jusqu’à la gueule d’artillerie lourde.

En conclusion, malgré les critiques de pisse froids et de thrashers étroits d’esprit qui crièrent à la trahison, le « Black album » reste une véritable monstruosité, le meilleur album de Metallica et l’un des meilleurs voir le meilleur de metal de tous les temps au niveau de la qualité juste impeccable.

Avec le « Black album », Metallica trouve en effet une formule magique, un équilibre parfait entre heavy metal d’une puissance inouïe et aspect mélodique très prononcé qui lui permettra d’obtenir un succès démesuré auprès des média internationaux.

Les musiciens sont ici à leur firmament, passant d’un thrash complexe à un heavy plus efficace et accessible.

Si les riffs sont fantastiques, la rythmiques hallucinantes, c’est assurément le chant de James Hetfield à la fois puissant et mélodieux qui impressionne le plus, car montrant toute l’étendue des progrès réalisés depuis les aboiements du début des années 80.

Si Nirvana a son « Nevermind », The Beatles son « White album », Ac/Dc son « Highway to hell » , Metallica peut sans problème prétendre avoir réalisé avec son « Black album » le disque de heavy metal parfait.

Aucune déception donc pour moi avec le temps…

La suite sera bien entendu une nouvelle mue musicale, une dégringolade artistique et commerciale puis des problèmes internes (alcoolisme d’Hetfield, éviction du bassiste Jason Newsteed ….) comme si l’accouchement d’une telle œuvre devait se payer argent comptant dans son corps et son âme pervertis par le succès galopant.

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