Enter the void (Gaspard Noé)

 

Réputé enfant terrible du cinéma français, Gaspard Noé sort « Enter the void » en 2010.

Ce film inclassable raconte selon un procédé de marche arrière déjà employé dans « Irreversible » comment Oscar (Nathaniel Brown) un petit dealer de Tokyo est abattu par la police dans un club appelé le Void après avoir été trahi par Victor (Olly Alexander) un de ses collègues.

Après sa mort dans les toilettes, son âme flotte au dessus de la ville, refusant de mourir en vertu d’une promesse faite à sa sœur Linda (Pas de la Huerta) de ne jamais être séparés.

Remontant le temps à rebours de la mort d’Oscar on comprend le cheminement du jeune homme, sa rencontre avec son ami et conseiller Alex (Cyril Roy) qui lui met également le pied à l’étrier dans le trafic de drogue en lui présentant notamment Bruno (Ed Spear), un grossiste violent et pervers.

Une fois dans le trafic, Oscar rencontre Victor et a une aventure avec sa mère Saki (Sara Stockbridge), une belle femme d’âge mur qui le pousse également à rentrer dans ce business pour gagner rapidement de l’argent.

Lorsque l’argent afflue, Oscar fait venir Linda à Tokyo mais le jeune femme au corps de liane sensuelle ne tarde pas à taper dans l’œil d’un patron de club Mario (Masato Tanno) qui lui propose de travailler dans sa boite de strip-tease.

Devenu un consommateur de drogues dures, Oscar finit par laisser de coté ses réticences et capitule devant la volonté de Linda de devenir strip-teaseuse.

On suit donc la dérive nocturne du trio Oscar-Alex-Linda sur fond de philosophie bouddhiste,, entrecoupée des scènes de l’enfance du frère et de la sœur, avec l’horrible mort de leurs parents, tués dans un accident de voiture aux États-Unis.

Le film se poursuit dans un délire visuellement éprouvant, montrant comment après la mort d’Oscar trahi par Victor pour avoir couché avec sa mère, Linda avorte d’un enfant conçu avec Mario devenu son amant et unique protecteur à Tokyo.

En conclusion, « Enter the void » se veut comme un film expérimental prenant comme cadre le monde de la nuit dans sa version la plus glauque de la drogue et du sexe pour proposer un univers visuel psychédélique s’étirant sur plus de deux heures dans la capitale japonaise.

Noé instaure un climat pesant, filmant surtout les corps maigres et blafards de toxicomanes, de trafiquants et de stripteaseuses dans un ballet morbide absolument désespérant, à peine sauvé par quelques scènes de tendresse enfantine malheureusement vite réduites à néant.

Pour autant, malgré sa longueur, sa langueur rédhibitoires et ses acteurs défoncés, « Enter the void » contient d’indéniables qualités artistiques que pourront apprécier les spectateurs les plus aguerris.

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