Garage inc (Metallica)


 

Après avoir sorti la doublette « Load-Reload » ayant considérablement entamé son crédit auprès des fans de heavy metal, Metallica se devait de réagir rapidement.

Ceci sera chose faite en 1998 avec « Garage Inc » habile double compilation de reprises regroupant sur le premier disque de véritables nouveautés montrant les multiples influences des californiens et sur le second disque, des morceaux plus anciens piochés lors de leurs débuts au milieu des années 80.

Comme d’habitude en réécoutant cette compilation, les souvenirs affluent dans ma mémoire mais il faut dire qu’à l’époque je continuais à suivre même avec moins de ferveur les productions des four horsemen, c'est pourquoi je conserve un souvenir tenace de "Garage Inc".

La pochette plutôt sympathique mettant coté pile un groupe roots et crasseux couvert de graisse et de sueur et coté face une version de crooners gominés des années 60 en vestes à paillettes, donne une image plutôt relax d’un groupe jouant sans pression juste pour le plaisir d’évoquer ses idoles de jeunesse.

Le premier disque, composé de nouvelles reprises commence sur les chapeaux de roues par le court et intense « Free speech for the dumb » infiniment plus musclé et féroce que le morceau originel du groupe punk Discharge.

Après les punks vient le heavy metal anglais de Diamond head, groupe dont était complètement fan le batteur Lars Ulrich.

« It’s électric » est un mid tempo rock et festif rendu ultra tonique par le chant magistral de James Hetfield.

Vient ensuite le tour des maitres de Black sabbath avec « Sabbra Cadabra » dont la version original déjà géniale par sa joie de vivre et sa belle ode à l’amour est largement égalée par celle de Metallica.

On change complètement de registre avec Bob Seger, célébrissime blues rocker américain dont le « Turn the page » est rendu émouvant par le chant inspiré d’Hetfield.

Le heavy metal cette fois danois revient en force avec « Die, die my Darling » reprise fantastique de l’obscur Danzig, aux refrains irrésistibles.

Nouveau changement d’ambiance avec le ténébreux « Loverman » de Nick Cave, aussi oppressant et reptilien que la version originale.

Metallica se fait ensuite plaisir avec un medley de onze minutes consacré à Mercyful fate, reprenant et à vrai dire surpassant des titres pourtant accrocheurs comme « Satan’s fall » , « Curse of the pharaon » «  A corpse without a soul », « Into the coven » « Evil » meme si bien entendu Hetfield ne chante pas aussi haut que la castra King Diamond.

Le hard rock des années 70 est également à l’honneur avec « Astronomy » superbe reprise gavée d’énergie et de feeling du Blue Oyster Cult et le plus quelconque « Whisky in the jar » de Thin Lizzy ne présentant d’intérêt que par son clip très osé en montrant une orgie lesbienne.

Etant hermétique à la country, je passerai sur l’interminable reprise de « Tuesday’s gone »  de Lynrid Skynrid pour pleinement gouter la fulgurance d’une autre reprise de Discharge, l’impressionnant « The more I see » surpassant en violence et en nihilisme le pourtant déjà redoutable « Free speech for the dumb ».

Le second disque opère dans un registre plus prévisible mais toujours efficace.

Le son est plus rêche, plus abrasif, le chant de Hetfield moins maitrisé et plus agressif.

Diamond head est bien entendu mis à l’honneur sur « Helpless » rapide et enlevé avec un coté vintage fort plaisant, puis vient l’obscur Holocaust avec le rampant « The small hours » , plus surprenant le métal industriel de Killing joke avec « The wait » avec un chant étouffé de Hetfield très original.

La reprise du faiblard Budgie « Crash in brain surgery » est plus poussive avant un très musclé « Last caress/Green hell » véritable tir de barrage issue du répertoire punk des Misfits.

On goute avec délectation le meilleur morceau de Diamond head, « Am I evil ? » et ses sept minutes aussi vénéneuses qu’intenses avec un chant brut de décoffrage d’Hetfield.

Petit clin d’œil au redoutable « Blitzkrieg » aux riffs destructeurs avant un deuxième Budgie « Breadfan » cette fois plus convainquant.

Quatrième reprise de Diamond head, « The prince » manque d’assise malgré sa vitesse supersonique et laisse la place à une fantastique reprise de Queen « Stone cold crazy » peut être la plus réussie de toute l’histoire de Metallica.

Quitte à rester dans le musclé, Metallica y va à fond sur « So what » des punk irrévérencieux d’Antinowhere League, agressif et provocateur en diable.

Le tabassage en règle se poursuit avec « Killing time » tonitruante gifle des anglais Sweet Savage, qu’on peut considérer également comme un chef d’œuvre d’intensité.

En bonus à des fans déjà comblés, Metallica offre trois reprises plus tardives de Motorhead enregistrées en 1995, le surtinense « Overkill » , les plus médiocres « Damage case » , « Stone dead forever »  ou « Too late too late ».

En conclusion,

« Garage Inc » est une compilation assez monumentale avec un premier albu éclectique et varié montrant toutes les vastes influences du groupe débordant de sa base heavy metal et punk anglais pour atteindre le rock, le blues et même la country.

Le second ravira sans doute plus les fans de la première heure car il est essentiellement composées de reprises heavy et punk très intenses issues des premiers pas de Metallica.

En écoutant le résultat on ne peut que se dire que si les racines de Metallica sont solides, le groupe révèle son statut de géant de la musique en se réappropriant les titres et en neuf fois sur dix surpassant les originaux pourtant souvent déjà fort plaisants.

« Garage inc » est à posséder pour les fans du groupe ou pour les amateurs de musique rock désirant découvrir des groupes éphémères souvent tombés dans l’oubli réellement remis en valeur par l’interprétation inspirée d’un groupe de premier plan.

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