Gimme danger (Jim Jarmsuch)
Grand fan d’Iggy Pop je me devais de voir « Gimme danger » de Jim Jarmsuch.
Sorti en France en 2017, « Gimme danger » se veut comme le documentaire testament ultime sur le mythique groupe des Stooges dont les musiciens sont considérés comme les parrains du punk et du glam rock.
Seul survivant on se demande bien comment de la formation originelle, Iggy Pop raconte calmement du haut de ses presque soixante dix ans son histoire et l’histoire de son groupe.
Tout démarre dans les années 50 à Ann Arbor dans le Michigan, ou James Osterberg mène une vie de bohème, de pauvreté mais aussi de grande liberté dans une caravane avec ses parents.
Très tôt passionné par la musique, il s’essaye à la batterie et rejoint un premier groupe local appelé The Iguanas.
Il découvre la musique noire blues et rock ‘n’ roll au cours d’un voyage à Chicago et décide à son retour de monter un groupe au son novateur permettant aux gens de se défouler au mépris des convenances sociales étriquées de l’époque.
Iggy se rapproche des frères Asheton, Ron (guitare) et Scott (batterie) eux aussi passionnés de musique comme lui et se reconverti en chanteur, un poste plus en conformité avec son envie de briller…
Rejoints par le bassiste Dave Alexander, les jeunes squattent de maison en maison abandonnée dans un Détroit déjà en crise industrielle, expérimentant beaucoup musicalement sur fond de picole et de fumette.
Soutenus par le MC5, groupe précurseur au son explosif de Détroit, les Stooges parviennent à décrocher des premières parties et se font remarquer par le style tout aussi puissant ainsi que par les performances de leur exubérant chanteur.
Repérés par le manager Danny Fields, ils sont signés par Elektra et enregistrent leur premier disque en 1969.
Composé uniquement de morceaux qui deviendront après coup des classiques dont le fameux « I wanna be your dog », « The Stooges » se vend mal mais l’attitude provocatrice et volcanique d’Iggy Pop sur scène (exhibitions, insultes, contorsions, mimiques simiesques) attire du monde lors de concerts houleux.
Malgré sa qualité exceptionnelle et la présence du saxophoniste Steve Mc Kay, leur second album « Fun house » est également un échec commercial pour Elektra qui embarrassée par l’attitude ingérable des musiciens met fin à leur contrat.
Se détachant de l’engagement communiste radical de leurs grands frères du MC5, les Stooges tournent alors dans des clubs avec un second guitariste James Williamson et un nouveau bassiste Jimmy Recca.
De son coté, Iggy Pop qui a réussi à surmonter temporairement avec l’aide de ses parents son addiction à l’héroïne, répond à une invitation de David Bowie pour aller enregistrer un disque à Londres et reforme sur place son groupe.
Le résultat « Raw power » sorti en 1973 est une véritable déflagration sonique mais les Stooges incapables de gérer leur violence et leurs addictions doivent se séparer en 1974 après une succession de concerts ratés, d’incarcération et de bagarres.
Alors que les frères Asheton reviennent chez leurs parents aux Etats-Unis, Iggy et Jame restent à Londres et enregistrent un album ensemble « Kill city ».
Ensuite, Iggy épaulé par Bowie se lance dans la carrière solo qu’on connait tandis que tous les autres membres du groupes se reconvertissent soit dans d’autres formations mineurs ou plus étrangement en ingénieur en électronique en Californie pour Williamson.
Alexander est le premier des Stooges à décéder d’une infection à 27 ans seulement.
Le temps passe et les frères Asheton recommencent à jouer ensemble au début des années 2000.
Séduit Iggy Pop dont la carrière solo contient un creux accepte de les rejoindre et convainc Williamson de revenir pour jouer dans le fameux festival californien de Coachella.
La reformation officielle à lieu en 2003 avec un nouvel album en 2007.
Malheureusement le destin rattrape les musiciens qui meurent ensuite en série, les frères Asheton disparaissant entre 2009 et 2014.
Seul survivant avec Williamson, Iggy reçoit de bien tardives récompenses pour l’ensemble de leur œuvre et rend un vibrant hommage à ses amis disparus.
En conclusion, « Gimme danger » est un documentaire passionnant trouvant l’équilibre parfait entre les images d’archives évoquant la folie inégalée des concerts du début des années 70 et les interviews de rockers vieillis, Iggy Pop certes ridé mais encore en forme dents refaites et bronzage impeccable, mais aussi les frères Asheton, Scott surtout paraissant affaibli et malade, tout comme le saxophoniste Mc Kay.
Iggy encore une fois reste le fil conducteur, la mémoire vive de l’histoire et rend le témoignage poignant avec sa désinvolture apparente habituelle.
Mais le plus important reste la musique, qui du début à la fin est exceptionnelle, exceptionnelle comme les riffs de la paire Asheton/Williamson ou la présence vocale de l’Iguane.
Complètements ignorés ou moqués à leurs débuts, les Stooges ont après leur mort accédé au statut de légendes mais comme dirait Iggy « Music is life and life is not a business ».
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