Deux jours à tuer (Jean Becker)
Une fois n’est pas coutume, le cinéma français de Jean Becker est ici mis à l’honneur avec « Deux jours à tuer ».
Sortie en 2008, « Deux jours à tuer » est une adaptation franchouillarde d’un roman tout aussi franchouillard de François D’Epenoux.
Quadragénaire parisien travaillant dans une agence de publicité, Antoine Méliot (Albert Dupontel) effectue une spectaculaire sortie de route lors d’une réunion avec Mortez (Jean Dell) un gros client du yaourt.
Il se moque de lui et l’insulte en public puis quitte la salle de réunion.
Sébastien (Guillaume de Tonquédec), son associé et ami le rattrape dans un bistrot parisien et lui demande ce qui lui arrive.
Mais Antoine refuse de reprendre le travail et lui annonce vouloir lui vendre les parts de sa société.
Passant prendre sa belle mère (Marie Christine Adam) à la sortie de l’hôpital, il se montre particulièrement désagréable à son égard.
De retour dans sa bourgeoise maison de banlieue, Antoine essuie la colère froide de sa femme Cécile (Marie Josée Croze), qui est au courant d’une liaison extraconjugale.
Sans nier, Antoine lui explique son ras le bol de sa vie et se montre parfaitement odieux le jour de son anniversaire en rembarrant ses deux enfants.
En virée avec son ami Eric (Mathias Mlekuz), Antoine « emprunte » la jaguar d’un vieil homme très bourgeois (Thierry Lagre) et effectue un rodéo sauvage sur ses pelouses avant de lui rendre sous son regard ulcéré.
Revenu chez lui, il essuie la vraie-fausse surprise d’un anniversaire surprise dans lequel tous ses « amis » sont là.
Mais ceci ne calme pas Antoine qui dénigre ses cadeaux, pelote la sexy Virginie (Cristiana Reali) dans une cave à vins, puis le donne une gifle appuyée après en avoir reçu une pour son comportement outrageant.
A table, Antoine se déchaine et aligne un par un les convives : Clara (Claire Nebout) est traité de bourgeoise hypocrite se donnant bonne conscience en aidant les Africains, le psychiatre Paul (François Marthouret) de profiteur, Bérengère (Daphné Burki) d’idiote puis le gentil Eric est traité de « gros » ce qui le pousse à lui jeter son verre de vin au visage…
La situation dégénère franchement avec l’avocat Etienne (Samuel Labarthe) qui se bat avec lui lorsqu’il apprend qu’il a agressé sa femme dans la cave.
Après le départ de ses amis, Antoine embrasse ses enfants et leur annonce partir « pour longtemps ».
Il prend le volant de sa BMW et taille la route à 240 km/h vers la Normandie.
En chemin il prend un autostoppeur chômeur Marc (Xavier Gallais) et le laisse avec une forte somme d’argent.
Il prend ensuite le ferry à Cherbourg et se rend en Irlande trouver son père (Pierre Vaneck), qui vit en ermite en passant le plus clair de ses journées à pécher à la mouche.
Le dialogue est difficile entre le fils et le père, très taciturne.
La cohabitation vire à l’engueulade sur ses absences…puis Antoine accepte de partir pour une partie de pêche ensemble.
Dans la vaste lande irlandaise, père et fils se réconcilient le temps d’une belle prise mais soudainement Antoine s’écroule dans la rivière.
Il annonce enfin à son père être malade d’un cancer et condamné à court terme, ce que confirme plus tard à Paris, Marion Dange (Alessandra Martines), la liaison présumée d’Antoine.
Tous les éléments du puzzle se mettent donc ensemble : l’attitude incompréhensible d’Antoine, son refus des convenances bourgeoises, de la matérialité, de la routine et même de sa famille pour vivre pendant quelques jours pour la dernière fois des sensations fortes au contact de la nature et de quelques humains croisés sur la route…
En conclusion, « Deux jours à tuer » est un film comme je le pensais 200% français et 200% prise de tête, ce qui devrait en principe me le rendre insupportable.
Malgré cette approche, la performance d’Albert Dupontel dont les qualités d’acteur extrême se montre véritablement exceptionnelle et mérite à elle seule de s’accrocher au film.
Devant une œuvre aussi forte, difficile donc de ne pas à son tour virer à l’introspection et de se demander ce que l’on ferait si on avait que 2 jours à vivre….
Commentaires
Enregistrer un commentaire