Saint anger (Metallica)

 



La période de la fin des années 90 jusqu’au début des années 2000 est assez catastrophique pour Metallica qui après deux albums expérimentaux assez indigestes (« Load » et son jumeau « Reload » ) , une compilation de reprises intitulée « Garage inc »  et un live enregistré avec un orchestre symphonique semble disperser son talent aux quatre vents.

Cette impression se confirme par l’étalage au grand jour des tensions internes qui minent le groupe et le départ du bassiste Jason Newsteed profondément frustré au sein d’un groupe gouverné de manière tyrannique par le duo James Hetfield/Lars Ulrich.

A la dérive, Metallica fait alors appel à un psychologue pour remettre les choses à plat et cette expérience douloureuse sera retracée dans le DvD « Some kind of monster ».

Mais chaque situation ayant une issue, après la cure de désintoxication d’Hetfield et la thérapie de groupe collective, les horsemen réagissent, embauchent un nouveau bassiste, Robert Trujillo  pour sortir un nouvel et inespéré album intitulé « Saint anger ».

L’artwork de la pochette assez crade et violent annonce clairement la couleur, « Saint anger » a été enfanté dans la douleur et les tourments intérieurs.

L’entrée en matière est directe, frontale avec un niveau de violence qu’on croyait presque oublié depuis la période thrash metal de la fin des années 80.

« Frantic » le bien nommé déboule très vite et frappe fort en s’appuyant sur des riffs terriblement agressifs et des guitares sous accordées.

Le clip montrant à partir d’un accident de voiture la vie remplie d’excès d’un homme (alcool, drogue, sexe) est la plus parfaite illustration de la vie de rocker.

Mais malgré son efficacité, on ne peut s’empêcher de remarquer l’affreux son de batterie de Ulrich, similaire à une vielle casserole matraquée à coups de cuillère.

Ce son si particulier donnera un coté non fini à l’ensemble du disque.

La suite fait aussi mal, « Saint anger » est un titre fantastique alternant passages ultra rapides très colériques et refrains travaillés délicieusement mélodiques.

Le clip montrant le groupe jouant dans la prison de Saint Quentin en Californie avec des vrais détenus est également un chef d’œuvre de réalisme cru.

Par la suite le Metallica énervé fait place à celui plus intellectuel avec le trop long et massif « Some kind of monster » qui s’écroule lui-même sous son propre poids.

Cette alternance entre vitesse et lenteur se poursuit pour le meilleur et le pire avec le robuste « Dirty window » remarquablement équilibré entre mitraillage intense et légers ralentissements et « Invisible kind » insupportable morceau à rengaine d’une longueur rédhibitoire.

Plus à l’aise dans le registre vindicatif, les four horsemen font encore une fois mal avec « My world » qui vient trouer par son punch et sa brutalité la garde de l’auditeur mal préparé à pareils assauts.

La nuance intervient pourtant avec « Shoot me again » , mid tempo habile mélangeant faux rythmes doucereux et subites poussées de fièvre.

Le procédé est réutilisé avec un peu moins de génie sur « Sweet amber » qui s’écoute néanmoins de manière très plaisante.

Le retour aux morceaux longs, sinueux et incroyablement peu efficaces est marqué avec « The unammed feeling » manquant de fluidité malgré des refrains mélodiques.

Lancinant, saccadé et poussif, « Purify » s’en sort tout aussi mal malgré un format un plus ingérable.

La conclusion a lieu avec « All within my hands » qui alterne hallucinants déchainements de violence et fausses accalmies apaisantes sur prêt de neuf minutes.

En résumé, « Saint anger » est un coup de poing en plein visage, un coup de pied dans le bas ventre, un crachat sale et visqueux accompagné d’un cri de rage émanant du plus profond de l’âme de musiciens meurtris désirant exorciser leurs démons intérieurs.

Peu de place pour les fioritures ou la sophistication ici, juste pour la survie dans une lutte primitive entre la vie et la mort pour ne pas entre englouti à tout jamais dans le néant.

Album bancal et approximatif doté d’un son de batterie exécrable, « Saint anger » me touche car il est rempli de rage, de douleur et de brutalité.

J’aime ce Metallica brut de décoffrage, roots, plein de défauts mais avançant courageusement malgré les coups qu’il se reçoit en plein visage.

Bien sur, « Saint anger » aura ses détracteurs mais il marque pour moi le début du salut pour le groupe avec un retour à plus de simplicité et d’énergie.

A réserver néanmoins aux amateurs de musique brutale et virile.

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