Load (Metallica)

 



Cinq longues années séparent « Metallica » de « Load ».

Compte tenu de l’immense succès commercial de « Metallica » en 1991 et notamment la conquête de toutes les radios du monde entier avec des tubes fracassants, « Load » était fortement attendu y compris par votre serviteur à l’époque qui plaçait le groupe de San Francisco comme leader incontestable d’un genre qu’il venait d’embrasser.

En 1996, après des tournées intensives et une grosse remise en question artistique, les four horsemen devenus des superstars prennent un virage à 180°, délaissant pour de bon leur thrash-heavy metal pour se diriger vers un rock lourd et poisseux.

Pochette étrange très concept, changement de style, de logo et de look (les musiciens commettent le sacrilège de se couper les cheveux !) , il n’en fallait pas plus pour que les fans purs et durs ne les étripent.

« Load » démarre pourtant de manière nerveuse avec « Ain’t my bitch » titre rapide, lourd et agressif truffé de refrains très rentre dedans, rien à dire.

Pourtant dès le second titre, les choses prennent une autre tournure, « 2x4 » est un boogie rock qui balance lourdement tandis que « The house of jack built » bien qu’assez réussi surprend par  sa structure alambiquée, ses sonorités étranges et sinistres rappelant Alice in Chains.

Plus classique, « Until it sleeps » déroule un heavy rock mélangeant habilement riffs, mélodie et passages plus appuyés.

Aidé par une vidéo promotionnelle au visuel très fort,  le single eut un joli succès radio, sans doute l’un des derniers du groupe en France.

On reste dans le dur avec « King nothing » titre trapu aux riffs robustes lui aussi doté d’une vidéo elle aussi réussie tournée dans une ambiance de désert neigeux.

Ensuite vient « Hero of the day » sans nul doute le titre le plus mauvais de toute la discographie de Metallica avec une pop irritante au possible.

Ceci est heureusement contre balancé par « Bleeding me » et ses huit minutes de rock planant ou le chant d‘Hetfield très aérien se montre superbe.

Souvent mésestimé, « Bleeding me » est  sans nul  doute l’une tentatives les plus réussies de cet album audacieux et mériterait assurément d’être rangé au même niveau que la ballade  « Nothing else matters ».

Après cette première partie jusqu’alors tout à fait convenable, Metallica dévisse franchement avec « Cure » rock médiocre et pataud puis « Poor twisted me » tellement planant qu’il perd tout contact avec la croute terrestre.

Seul titre de qualité dans ce musée des bizarreries, « Wasting my hate » décroche un bref uppercut de heavy agressif et méchant avant de laisser sa place à l’abominable ballade country « Mama said ».
On se souvient du clip hallucinant ou on voyait Hetfield déguisé en cow boys trainer un pauvre cheval dans un décor complètement toc le long des interminables cinqs minutes de ce calvaire.

Avec son heavy rock sombre et torturé à la Alice in Chains, « Torn within » ne rassure pas beaucoup plus et ce sentiment se concrétise avec la deuxième purge country « Ronnie » elle aussi bien insupportable.

L’album se termine pourtant sur une très bonne note par le mystique « The outlaw torn » titre complexe à l’ambiance d’orage menaçant s’étalant sur prêt de dix minutes.

Comme pour « Bleeding me » , le chant de Hetfield est fantastique.

En conclusion, « Load » est assurément l’album le plus fou de toute la discographie de Metallica.

On peut se demander si après avoir atteint le maximum du succès avec « Metallica » , les musiciens n’ont pas éprouvé le besoin de tout envoyer valser en brisant la dynamique de leur invraisemblable succés.

Complétement à contre courant, « Load » est un album de heavy rock fourre tout ou se croisent expérimentations diverses pop, grunge, blues et country.

Souvent étrillé par les fans adeptes d‘un métal simple et sans fioriture, « Load » est intéressant par sa complexité et par ses atmosphères souvent planantes et étranges.

Il est aussi souvent incroyablement irritant par son manque de structure et ses incessants changements de direction musicales sans qu’on sache réellement ou le groupe veut en venir.

A réserver donc à un public plutôt large d’esprit.

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