Zumbi (Jean-Paul Delfino)

 



Poursuite de la belle série de Jean-Paul Delfino consacré au Brésil avec « Zumbi » le quatrième ouvrage du genre sorti en 2009.

Se déroulant au XVIIieme siècle, « Zumbi » se consacre essentiellement au phénomène de la traite des Noirs au Brésil par l'intermédiaire du destin de Semba, un jeune guerrier Angolais capturé en Afrique pour se faire déporter.

Les premières pages du roman décrivent de manière précise les traitements inhumains réservés aux captifs, considérés comme des marchandises avec beaucoup de mépris par les négriers avec la complicité des rois nègres vendant sans remord leurs ennemis pour s'enrichir.

Au prix de pertes incroyables, plus de la moitié des esclaves périssent durant la traversée, essentiellement victimes des conditions de voyage, enchainés dans la cale, soumis aux vomissures, excréments et maladies qui en découlent.

Les Nègres trop abimés ou pas assez dociles sont également impitoyablement éliminés.

La chance de Semba est de rencontrer Macango, un cuisinier qui lui enseigne à parle le Portugais.

A Rio, Semba est séparé de Macango et vendu à un fazendeiro de Rio ,Don Joaquim de Fonsesca.

Il découvre le rythme de vie tout aussi violent des esclaves, obligés de se tuer à la taches dans les éreintants travaux manuels agricoles pour déboiser de nouveaux territoires et faire les récoltes de café et canne à sucre.

Il est néanmoins remarqué par Don Josefina la fille de de Fonsesca, et malgré les risques encourus, une étrange attirance se construit.

Pour se tenir loin de la fille du maitre, Semba jouit finalement d'une liberté relative et doit gagner sa vie dans la ville la journée pour rapporter ses gains à ses maitres le soir.

Au cours de ses pérégrinations, il rencontre Damiana, une magnifique femme noire affranchie et surtout Ernesto, un nègre albinos manchot qui du fait de son affranchissement jouit d'un certain pouvoir sur les travailleurs noirs des docks.

De son coté, Macango connait un destin similaire à São Paulo et s'éprend d'une esclave noire nommée Morongoé.

Tous les deux nourrissent des plans d'évasion et aspirent à retrouver leur condition d'hommes libres.

Le meurtre de Morongoé, est le déclencheur pour Macango qui fuit la nuit même, prenant tous les risques pour semer les chiens et les hommes de main souvent métis ou noir semi affranchis, lancés à ses trousses.

Après un périple aussi long que dangereux, Macango rejoint Semba à Rio. Devenu amant de Damiana, Semba ne peut se soustraire à son attirance pour Don Josephina.

Mais la belle noble, qui a réalisé un mariage de convenance avec son propre frère, le rejette finalement après lui avoir donné sa virginité dans un rendez-vous clandestin.

Surpris par un des hommes de main de Don Fonsesca, Semba le tue et doit se cacher.

Ernesto décide alors de partir avec lui pour le fameux Quilombo de Palmares, dans le nord de Brésil.

Ce quilombo de plusieurs dizaines de milliers de Noirs révoltés, est commandé par Zumbi, mythique roi nègre tenant en échec les armées portugaises depuis plusieurs années.

Le voyage se fait par la mer et après s’être perdus dans la jungle, les deux hommes sont finalement récupéré par les hommes de Zumbi.

Intégrés au quilombo, les deux hommes y découvrent son organisation et ses règles strictes avec une reproduction de la vie en Afrique.

Mais les autorités portugaises, poussées par le gouverneur du Pernambouco entendent bien mettre un terme à ce problème qui fait tache d'encre et menace la stabilité économique du Brésil.

A grand renfort de mercenaires sanguinaires et d'armes, le capitaine Domingo Jorge Velho est chargé de mener l'assaut contre le quilombo.

Après avoir essuyé des milliers de pertes, essentiellement des Indiens envoyés à la mort sans aucune émotion, Velho parvient à mettre les remparts à portée de canon en suivant les conseils d'un noble carioca Bernardo Viera de Melo qui lui conseille de faire construire des palissades pour se rapprocher.

Une fois à l'intérieur, les mercenaires tuent et violent les habitants, Ernesto se suicide et Zumbi après avoir pris la fuite est massacré puis décapité pour faire exemple.

Ayant échappé au massacre, Semba retrouve Damiana et décide de fonder une famille avec elle, en appelant leur fils, Zumbi...

En conclusion, « Zumbi » est une grande fresque romano-historique qui surpasse le pourtant déjà excellent « Carioca ».

Documentaire précis, Delfino décrit à merveille les conditions abominables de l'esclavage au Brésil à travers le destin de Semba, un Angolais capturé sur ses terres pour finir dans une fazanda de Rio de Janeiro.

Jeune et robuste, Semba connait l'amour au Brésil, un amour interdit avec la jeune Dona Josefina avant de comprendre son erreur.

« Zumbi » choque par sa violence, qui demeure à mon avis encore en deçà de la réalité et laisse perplexe quant à l'incroyable propension des hommes à exploiter leurs semblables pour des motifs purement lucratifs.

L'absence d'espoir et le traitements des Noirs considérés à peine comme des animaux, les a poussé logiquement à la révolte symbolisé par l'incroyable histoire de Zumbi, le leader d'un royaume nègre du Nordeste qui a tenu en respect les Portugais pendant une quinzaine d'années avant de capituler.

Brillant, violent et intense, « Zumbi » est un roman très fort aux puissantes vertus éducatives !

A recommander !

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