Vers le sud (Laurent Cantet)

 

En 2005, Laurent Cantet adapte l’écrivain haïtien Dany Lafferiere dans « Vers le sud ».

L’histoire se déroule à la fin des années 70 dans un hôtel d’Haïti ou se réunissent des femmes d’âge mur occidentales dans le but de prendre du bon temps avec les jeunes hommes locaux.

Brenda (Karen Young) une quadragénaire américaine revient sur place dans le but de retrouver son jeune amant de dix huit ans Legba (Menothy César) qui lui a fait connaitre son premier orgasme lors d’une étreinte sous le soleil trois ans auparavant.

Mais elle réalise que Legba n’est pas plus attaché à elle qu’aux autres femmes et est déjà avec Ellen (Charlotte Rampling) professeur à l’université de Boston qui administre de main de maitresse les relations au sein du petit hôtel.

Brenda assiste donc au jeu cruel de voir l’homme pour qui elle est revenue se montrer intime avec sa rivale de 55 ans qui assume sans aucun complexe sa relation.

C’est en effet ce coté décomplexé qui marque le plus, comme le pratique la québécoise Sue (Louise Portal) avec un autre jeune homme noir musclé.

Le long des plages paradisiaques des caraïbes, on danse, joue et fait l’amour.

Mais derrière cet aspect idyllique se cache la réalité plus brutale d’Haïti, la misère, le racisme, la concurrence et les embrouilles avec un des colonels de la région que fuit Lossita (Daphné Destin) une amie proche de Legba.

Lorsque Brenda parvient à amener son petit protégé dans le centre ville pour lui faire des cadeaux, il est pris en chasse par Frank (Guiteau Nestan) un homme de main qui tente de le tuer.

Legba s’en sort en se cachant puis revient au club chercher refuge auprès de ses protectrices blanches.

Après une dispute avec Ellen qui tente de l’aider, Legba retourne dans sa famille.

Son corps sans vie ainsi que celui de Lossita sont retrouvés au petit matin près de la plage.

Brenda est effondrée, Ellen lui reprochant violemment d’avoir causé sa perte en introduisant une ridicule histoire d’amour dans un monde qui ne le permettait pas.

Seul Albert (Lys Ambroise) le maitre d’hôtel rassure dignement les femmes, tout en sachant que le meurtre de Legba sera classé sans suite.

Albert raccompagne Ellen à l’aéroport tandis que Brenda prend un bateau pour se lancer dans un périple vers les iles des caraïbes dans le but de connaitre d’autres de ces hommes du sud qui lui ont donné tant de plaisir.

En conclusion, « Vers le sud » aborde un sujet brulant et tabou : le tourisme sexuel féminin et l’exploitation qui est faite des jeunes hommes des iles des caraïbes…

Derrière l’attrait de la chair fraiche, se cache un grand manque affectif, la peur de la vieillesse, de la solitude et de la mort…qui trouve en écho la misère économique et sociale de la jeunesse d’Haïti.

Lorsque l’amour nait dans un contexte aussi difficile, il ne peut être que déséquilibré, dangereux et conduire à des situations dramatiques.

Ici ces femmes riches et détachées finissent par se heurter à la violence qui existe bel et bien derrière les plages et les hôtels tropicaux…

Film puissant et dérangeant, « Vers le sud » est marqué par son rythme lent, indolent et par une certaine froideur qui glace tout le long le spectateur.

A voir pour les plus courageux d’entre vous.

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