Mulheres, femmes du Brésil (Titouan Lamazou)

En 2008 le marin-explorateur Titouan Lamazou publie « Mulheres » consacré aux femmes du Brésil.
A travers les portraits de 19 femmes, Lamazou tente de raconter une histoire : montrer le fameux métissage brésilien mais aussi parler des représentantes des couches les plus défavorisées de la société, Indiens et Noirs des favelas.
« Mulheres » nous fait donc voyager à travers ce pays-continent qu'est le Brésil, avec une prédilection marquée pour le Sertão cette région désertique du Nordeste.
Nadia une jeune indienne kamajura vivant dans une réserve du Mato grosso est pour lui l’occasion de défendre longuement la cause indienne, qui doivent lutter pour ne pas disparition face à la voracité du phénomène de la déforestation.

Très belle également, Evania est l'occasion de prolonger l'ethnie indienne même si cette pankararu est elle plus urbanisée dans une favela de São Paulo.
On demeure impressionné par l'élégance de Nelida, modèle à São Paulo, qui incarne pour l'auteur la synthèse du métissage brésilien en raison de son type mulâtre.
Plus glauques sont les prostituées comme Cassia filmée dans un bar miteux avec ses « collègues » ou la vieille Rosa, archétype de la putain au grand cœur.
Les clichés sur le Brésil demeurent : playmate sexy de Rio avec Paula, danseuse de samba avec la jolie Dani puis surprise avec Dercy, actrice de télénovelas de plus de 100 ans dont la liberté d'esprit force le respect.
On est touché par Tiana, professeur de capoiera à la favela de Rocinha, subjugué par le conte de fée de Tiane, extirpée des décharges à ordures de Rio pour vivre une carrière de modèle.
Isa incarne les descendants des fazendeiros dans un univers post-colonial et Maria de Lourdes, modeste coupeuse de cane à sucre, incarne l'autre face de cette agro-économie.
Moins saillantes sont les sœurs vaqueras du Mina Gerais, les reines de beauté de bleds improbables, la ministre Marina avant de terminer en beauté(s) sur les portrait de Deuzilia et Dayna filles de la cambrousse rêvant de plus d'instruction et de parcourir le monde.
En conclusion, même si le coté moralisateur sur les méfaits de la colonisation, de la déforestation et des inégalités sociales peut agacer comme si les Français ne pouvaient s’empêcher de jouer en permanence les donneurs de leçons, « Mulheres » est un bel hommage à la beauté, à la diversité et au courage des femmes brésiliennes.
Les photos sont belles, capturant pour l'éternité un moment de vie et les dessins font oublier la lourdeur de certains textes..
Il en ressort une belle œuvre qui impressionne, fait rêver et renforce le respect et l'admiration qu'on peut avoir pour ses femmes qui luttent dans des conditions de vie souvent insoutenables pour n'importe quel Européen.

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