Cesar Imperator (Max Gallo)

 



« Cesar Imperator  » est un livre fleuve de Max Gallo retraçant de manière romanesque la vie du plus célèbre empereur romain.

Il est vrai qu’aujourd’hui peu de noms ont fait autant impression au fil des siècles que celui de César, je citerai Napoléon, Hitler ou Alexandre le Grand dans la même catégorie des conquérants mais ne vois guère d’autres équivalents dans l’Histoire.

Mais je dois avouer qu’en dehors des sempiternels clichés autour de César et des Romains je ne connaissais pas très bien le déroulement de sa vie.

Et quelle vie ! Quel destin en effet ! Impossible sans doute de tout traiter dans les 400 et quelques pages du livre.

Gallo s’attèle pourtant à cette tache si dense et si complexe.

Je scinderai la vie de César en deux parties, la première celle des intrigues à Rome ou pas à pas il gravit prudemment les paliers visant à le mettre dans les meilleurs conditions pour accéder à des fonctions chaque fois plus importantes, la seconde ensuite après l’accession au poste de consul et le début de la guerre des Gaules

César, jeune homme issu d’une famille noble mais non de premier plan dans la vie romaine aimait à se dire descendant des familles troyennes et de la déesse Vénus.

Sa mère Aurélia Cotta semble avoir joué un rôle majeur dans le développement de son éducation et de son ambition.

César grandit dans une époque troublée déchirée par la guerre civile entre partisans de Marius (dont sa famille est proche) et ceux de Sylla.

L’objet de ce conflit est d’ordre politique, Marius veut instaurer un système plus égalitaire et favoriser la plèbe tandis que Sylla protége les « optimates » les aristocrates privilégiés.

Quand Sylla l’emporte, le jeune César parvient par les relations de sa famille à échapper aux massacres sanglants.

Il est néanmoins obligé de quitter Rome et s’engage dans l’armée pour aller mater une rébellion sur l’île de Lesbos.

Au cours de ce voyage le bruit court qu’il a eu une liaison homosexuelle passive avec Nicomède IV le roi de Bithynie dont il cherchait l’appui.

Ses adversaires politiques le railleront longtemps sur ce sujet l’appelant la « Reine de Bithynie ».

Pourtant César manifeste déjà de grande dispositions pour le statut de chef.

Capturé par des pirates, il négocie sa remise en liberté contre rançon et revient pour exécuter impitoyablement ses ravisseurs qui pourtant  l’avaient ménagé.

De retour à Rome, César tisse son réseau de relations.

Ayant appris l’art de la rhétorique à Rhodes, il fait de brillants discours pour s’attirer les faveurs de la plèbe.

Il donne également de somptueuses fêtes pour se faire connaître.

César emprunte des sommes colossales auprès de Crassus l’un des hommes les plus riches de Rome, afin d’acheter les élections et devenir successivement tribun, prêteur puis pontifex maximus, titre religieux prestigieux qui lui assure un haut rang social.

Mais César sait que le vrai pouvoir est détenu par celui qui possède le contrôle des armées.

Il parvient grâce à Crassus à se faire élire consul en –59 av JC, charge co-détenue avec Bibulus pendant une année.

Cependant César a de nombreux ennemis.

Ces sont les sénateurs, issus de la noblesse et farouchement accrochés à leurs privilèges.

Caton homme politique et philosophe est son ennemi le plus acharné.

Cicéron, qui soutient la noblesse est aussi un de ses adversaires mais Gallo le présente comme un lâche, peu enclin à l’action.

César se méfie également des ambitions de Crassus, homme ambitieux et dangereux qui a stoppé la révolte de Spartacus et dont il est sous le joug à cause des ses multiples dettes.

Mais le rival le plus en vue de César est Pompée, qui revient d’un succès militaire contre l’Empire Parthe.

L’idée géniale de César est alors de proposer à Crassus et Pompée, un triumvirat pour gouverner à trois et en réalité neutraliser temporairement ces deux plus dangereux rivaux.

Ensuite César cherche la gloire militaire, sans qui à cette époque finalement un homme ne peut prétendre aux plus hautes charges romaines.

Il se fait nommer proconsul en Gaule et reçoit le commandement de quatre légions.

Ainsi commence l’épopée gauloise et guerrière de Jules César.

Le livre oublie donc quelque peu la politique pour se consacrer aux conquêtes militaires de César.

La Gaule paraît un pays extremment divisée en des myriades de tribus.

César compte exploiter ces divisions pour conquérir la Gaule Chevelue située au Nord qui reste insoumise contrairement à la Gaule Narbonnaise et à la Gaule Cisalpine fidèles à Rome.

S’ensuit donc un jeu complexe d’alliance entre les différents peuples.

Au cours de ses voyages en Gaule, César défait une première fois les Germains et en profite pour devenir le premier empereur romain à passer le Rhin, exploit plus symbolique dont il se servira par la suite.

César entreprend de raconter ses mémoires pour créer sa propre légende, les récits de ses victoires donneront naissance à « La guerre des Gaules ».

En face les Gaulois parviennent enfin sous l’impulsion d’un chef charismatique Vercingétorix l’Arverne  à se fédérer.

Vercingétorix, a étudié les tactiques des légions romaines, il est intelligent, courageux et oppose une forte résistance aux Romains.

Le tournant de la guerre se situe à Alésia, date bien connue de tous les écoliers.

Gallo explique fort précisément cette bataille et la manière dont César l’emporte sur la coalition Gauloise pourtant quatre à cinq fois supérieure en nombre aux légions romaines.

La raison semble être tactique, construction de double palissades pour isoler la ville, de pièges à hommes redoutables, et également l’utilisation de troupes de cavalerie germaines qui terrorisent les gaulois par leur réputation d’invincibilité.

Vaincu, Vercingétorix sera capturé puis exhibé à Rome avant d’être exécuté.

Fort intelligemment César n’oublie pas d’envoyer une partie de son butin à Rome ou il finance de nombreuses constructions et reste populaire auprès de la plèbe.

César poursuit inlassablement ses succès militaires, il écrase les derniers feux de la rébellion gauloise, massacre sans pitié ceux qui se sont dressé contre lui et fait intelligemment preuve de clémence envers certains peuples combatifs qu’il compte intégrer plus tard dans ses légions comme auxiliaires.

César soumet également la Bretagne, terre mythique et inaccessible à l’époque.

Il a l’idée d’utiliser un éléphant pour terroriser les peuples insulaires.

Rien ne semble lui résister, il poursuit jusqu’en Égypte qu’il soumet également.

Il fait assassiner le jeune pharaon Ptolémée XIII et vit une idylle avec la jeune reine Cléopâtre.

César est séduit par l’Égypte et surtout impressionné par le rayonnement de la ville d’Alexandrie.

Il est vrai qu’Alexandre le Grand reste son modèle.

Entre temps à Rome, les sénateurs tentent de le destituer, Pompée ayant compris la menace qu’il représente, devient leur bras armé.

César hésite puis revient à Italie, passe le Rubicon (Alea Jacta est ! ) , et décide d'aller se faire Pompée comme on dit dans le milieu du X et se lance dans la guerre contre les légions de Pompée.

La défaite et la mort de celui ci en Thessalie, oblige ses partisans (Caton, Scipion) à se replier en Afrique sous la protection du roi de Numidie.

César les poursuit jusqu’en Afrique et les extermine.

Fatigué, il revient à Rome.

César a pris garde de ne pas exterminer les soldats vaincus et les partisans de Pompée comme son fils adoptif Brutus.

Sa clémence vise à préserver la paix civile entre citoyens romains.

A Rome la plèbe le célèbre comme un Dieu, un fils de Jupiter.

Les fêtes en son honneur se succèdent, le pouvoir du Sénat recule, la république pâlit.

Mais sa trop grande puissance effraie et attise les jalousies.

On le soupçonne de vouloir devenir roi et d’anéantir le république.

La plèbe le soutient mais les sénateurs complotent.

Infatigable César s’apprête à mener une immense campagne militaire pour vaincre enfin le roi des Parthes, puis soumettre la Dacie et la Germanie.

Mais il est assassiné un soir au Sénat, par une conjuration menée par des sénateurs et ou se tient son fils adoptif Brutus.

Cruelle ironie, l’homme qui survécut à d’innombrables batailles contre de féroces armées meurt assassiné par des hommes en toge.

Que retenir d’une telle épopée ? Max Gallo offre une vision captivante d’un des destins les plus extraordinaire qui ait jamais été.

Jules César est présenté comme un homme certes d’une ambition hors norme mais surtout comme un stratège génial, un brillant politicien et un chef de guerre insurpassable.

Sa manière de mener les hommes, d’allier sévérité et clémence, de partager avec eux les dures conditions de voyage, et surtout de ne pas hésiter à monter en première ligne pour mener un assaut lui a assurée une adhésion quasi sans faille de ses troupes.

Bien entendu le fait d’accorder le butin à ses soldats en cas de victoire était également très habile.

Néanmoins César n’apparaît pas réellement comme un être humain.

On ne sait rien de ces sentiments … on le sait aimer s’abandonner à la volupté dans le temps de sa jeunesse ou sous les mains expertes de Cléopâtre mais César apparaît comme une sorte d’homme de fer, à la volonté invincible le menant toujours en avant.

La quête sans fin du pouvoir, la guerre permanente, absolue.

César a il est vrai œuvré pour Rome, accroissant l’empire, renflouant les caisses et bâtissant mais il semble plus avoir agi pour sa gloire personnelle et ne semble pas avoir été un grand législateur ni même un grand penseur.

De ce livre on ressort admiratif devant l’intelligence du chef de guerre invaincu, du fin stratège mais aussi quelques peu écœuré de voir jusqu’où la quête absolue de pouvoir peut mener un homme.

Trop de pouvoirs concentrés dans un seul homme ne pouvaient pour moi mener qu’à ce type de fin tragique.

Les hommes, quoi qu’on en dise n’aiment pas ceux qui se prétendent des dieux.

Mais Jules César restera sans doute un sujet de discussions (et de fantasmes ) sans fin !

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