Ecstasy (Murakami Ryu)

 



« Ecstasy »  de Murakami Ryu est sans doute le roman le plus extrême que j’ai lu de ma vie avec peut être « American Psycho ».

J’aime en général beaucoup lire des auteurs étrangers pour m’imprégner de la pensée ou la culture d’un pays.

Le Japon comme d’autres pays recèle pour moi un important pouvoir de fascination.

« Ecstasy » est un roman qu’on pourrait classer dans le registre érotique.

Le thème principal est la dérive de Miyashita, japonais trentenaire travaillant dans une boite de production de vidéo qui lors d’un tournage à New York rencontre un curieux SDF japonais qui va lui poser une énigme « Sais tu pourquoi Van Gogh s’est taillé une oreille ? » et lui glisse un numéro de téléphone au Japon.

A son retour du Japon, intrigué Miyashita compose le numéro et tombe sur une femme du nom de Keiko qui lui donne rendez vous.

Miyashita rencontre cette femme et est rapidement complètement subjugué par elle.

Keiko est une adepte du sado-masochisme, essentiellement dominante.

Elle raconte à Miyashita une histoire complexe avec un jeu à trois entre le SDF new yorkais en réalité un ex milliardaire producteur de comédies musicales, elle même et une troisième femme, danseuse, japonaise et vivant à Paris.

Capturé par le magnétisme de Keiko, Miyashita subit passivement le déversement des anecdotes sado-masochistes qu’elles raconte, ce qui donne lieu à d’interminables descriptions d’orgies, ou les victimes recrutées pour leur coté « girl next door » sont brisées par le couple infernal composé du SDF et de Keiko.

Pour arriver à ses fins, le couple utilise beaucoup la drogue, et particulièrement l’ecstasy qui a la propriété d’annihiler la volonté des consommateurs.

Autant le dire tout de suite j’ai été terriblement éprouvé par ces descriptions et le sentiment dominant pour moi a été le dégoût et la révolte.

J’aurais d’ailleurs aimé que Miyashita se révolte également contre Keiko mais non, attiré tel un papillon par la flamme, Miyashita n’a pas les ressources pour résister et plonge dans le jeu machiavélique qui l’emmènera de Tokyo à Paris en repassant par New York.

Au final devenu lui aussi un esclave, pion consentant, toxicomane, Miyashita sentira sa vie se déliter peu à peu et perdra pied avec le monde réel pour poursuivre son obsession fatale.

« Ecstasy » est donc un roman très noir.

Les sexe y est très présent mais sur une forme malsaine, déviée, cérébrale, le dominant jouissant du moment ou il parvient à « casser » la volonté de sa victime et de la honte qu’il provoque chez elle.

La drogue est encore plus largement présente dans ce livre ou tous les personnages sont pratiquement en permanence défoncés soit à la cocaïne soit à l’ecstasy.

On ressort de cette lecture l’estomac plutôt retourné en se demandant le pourquoi de cette quête d’absolu nihiliste.

A mon sens le héros qui se découvre donc un penchant masochiste qu’il ne peut contrôler, n’a pas réellement envie de vivre.

Sa vie sociale et affective est prodigieusement vide, sans but suffisamment puissant pou l’ancrer et le préserver de cette attraction.

Inconsciemment il attendait sans doute cela et était prêt à tout quitter pour se lancer dans cette spirale mortelle.

Je vois donc de fortes tendances suicidaires enfouies dans l’inconscient de Miyashita , tendances se révélant d’une manière détournées par son addiction à cette configuration infernale pour lui.

Pour moi « Ecstasy » n’a finalement rien à voir avec la dérive d’une société japonaise, c’est juste la dérive d’un individu comme il pourrait y en avoir dans chaque métropole mondiale.

Ce livre, trop explicite en sexe et drogue m’a plutôt rebuté.

Je préfère mille fois l’érotisme suggéré, morbide et raffiné d’un Mishima.

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