De profundis-La Ballade de la geôle de Reading (Oscar Wilde)

 



Premier contact avec le très (trop ?) renommé Oscar Wilde avec « De profundis » suivi du poème « La Ballade de la geôle de Reading ».

« De profundis » est en réalité une seule lettre écrite par en prison par Wilde à son amant Alfred Douglas dit « Bosie ».

Wilde, suite à un procès que lui a fait le père de Douglas le marquis de Queensberry, purge en effet à Reading une peine de prison de deux ans pour homosexualité, crime grave dans l’Angleterre du XIX iéme siècle.

Cette lettre se veut comme une leçon donné à Bosie afin de lui faire ouvrir les yeux.

En réalité elle sert surtout de théâtre à une grande remise en question  personnelle et artistique de l’écrivain.

La première partie de la lettre retrace le fil des évènements ayant amenés à la condamnation de Wilde, sa relation avec Bosie y est longuement décrite.

Il apparaît que celui ci vivait aux crochets de l’auteur à succès, menant une vie de favori capricieux peuplés de paresse et de plaisirs faciles.

Wilde est extrêmement critique envers son amant, il semble déverser sa rancœur et dans le même temps avoir du mal à se pardonner sa faiblesse et son aveuglement.

Mais ce que semble lui reprocher le plus Wilde est d’avoir tari lors de leur relation son talent artistique.

Cette première partie façon « règlement de compte dans un couple homo » m’a prodigieusement ennuyée, Oscar Wilde n’hésitant pas à se traiter lui même de génie.

Ensuite Wilde sort de la critique autour de la personnalité de Bosie et s’interroge de manière plus profonde.

En prison il a découvert la souffrance, la vraie.

Contrairement à ce que j’aurais pu penser la vie carcérale n’est pas tellement décrite, Wilde se concentrant sur les effets de cette expérience sur sa personnalité et son talent artistique.

La dureté de la prison a ramené l’écrivain vers plus d’humilité.

Il reconnaît l’erreur de sa vie passée, mondaine, superficielle, vaine.

Il magnifie la douleur, indissociable pour lui de la condition de véritable artiste.

Puis vient la partie la plus mystique ou Wilde compare la destiné des artistes à celle de Jésus Christ.

Le Christ est alors adulé comme le saint patron des artistes en raison de son ouverture vers les autres, de son goût pour la pauvreté mais surtout de son martyr supporté avec dignité.

Comme beaucoup de prisonniers l’écrivain connaît une grande ferveur religieuse en prison, ferveur sans doute utile pour supporter les conditions de détention.

La lettre reboucle finalement par une  ultime et pesante leçon donnée à Bosie.

Je dois avouer ne pas avoir franchement aimé « De profundis ».

J’ai trouvé Oscar Wilde très narcissique, imbu de lui même et n’ai pas été touché par son malheur.

« La Ballade de la geôle de Reading » poésie d’une vingtaine de pages, est en revanche plus centrée sur le destin des hommes en prison.

L’émotion est plus prenante et on ressent l’effroi que peut causer un séjour dans cet enfer gris, sale et dangereux ou le spectre de la mort rode la nuit venue.

Oscar Wilde semble d’ailleurs prendre clairement parti contre la peine de mort.

Pour finir le livre recèle deux autres lettres adressées au Daily Chronicle dans lesquelles  Wilde demande de meilleurs traitements pour les prisonniers, et tout particulièrement pour les enfants et les malades mentaux.

Ce sont au final ces deux lettres qui me feront prendre conscience de la dure réalité d’une prison anglaise au XIX iéme siècle avec une nourriture infecte cause de diarrhées continuelles, des conditions sanitaires horribles, des taches épuisantes et bien souvent absurdes, le tout mené en conformité à un règlement appliqué de façon brutale et inhumaine

En guise de conclusion je n’ai pas été très séduit par cet ouvrage, qui fut il est vrai le dernier de l’écrivain.

Comme avec Joseph Conrad, j’aurais sans doute du commencer par les écrits les plus renommés de Wilde, même si je dois avouer être moins enclin à lire du théâtre ou de la poésie.

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