La bête qui meurt (Philip Roth)

 



Retour à une littérature plus sombre avec « La bête qui meurt » de Philip Roth.

Voilà un livre intéressant, traitant des sujets profonds et universels comme la vieillesse sexe, l’amour, la maladie, la mort.

Ce livre raconte l’histoire de David Kepesh, sexagénaire, professeur de littérature et critique culturel qui tombe éperdument amoureux d’une de ses étudiantes une jeune femme d’origine cubaine Consuelta Castillo.

Mais la manière de raconter cette relation ou cette amour peu commun n’est pas déguisée, elle est crue et dit les choses de manière directe comme peut le dire un homme qui voit approcher la fin de se vie.

La vérité c’est que le vieux professeur n’a pas vu son désir s’étioler avec le temps et que chaque année il couche avec quelques unes de ses étudiantes.

Consuelta lui plait car elle n’a pas les manières de jeune étudiante, elle s’habille comme une femme active et mure, elle a des manières et un goût pour la culture presque anachroniques.

Mais Kepesh est surtout attiré par son physique, sa jeunesse et sa poitrine exceptionnelle.

De son coté Consuelta qui a été éduquée à la Cubaine, est fascinée par l’homme de culture, l’homme de radio, qui lui ouvre les portes d’un monde qu’elle ne connaît pas et qui l’attire.

Mais rapidement Kepesh devient obsédé par Consuelta, dévoré par une jalousie dévorante et s’aperçoit qu’il est prisonnier de cette relation avec une gamine de quarante ans de moins que lui.

Bien entendu ce qui devait arriver arriva et Consuelta une fois son diplôme obtenu le quitte pour s’installer à New York.

Kepesh découvre alors la souffrance, le manque, la jalousie qui le tenaille encore.

Présenté sous cet angle « La bête qui meurt » pourrait être vu comme un roman un peu pathétique et sulfureux sur le désir d’un vieux séducteur du troisième age, mais le roman couvre en réalité un domaine plus large que cela.

Roth élargit son sujet, retrace l’évolution des mœurs de la société américaine depuis son époque (des années 50 ), puis la révolution sexuelles des années 60/70 avec l’apparition de toute ces libertés, de l’émancipation des femmes jusqu’à nos jours ou tout ceci semble naturel et aller de soi depuis la nuit des temps.

Il règne sur ce livre un anticonformisme puissant avec une vision au vitriol du mariage, des conventions, de ces femmes quadragénaires cadres accomplies professionnellement mais dont la vie privée est un naufrage.

Puis la dernière partie fait basculer le livre dans une autre dimension, beaucoup plus poignante.

Consuelta revient brusquement plusieurs années après revoir le vieux professeur.

Elle a 32 ans, a un cancer du sein, a peur.

Sa superbe poitrine symbole de sa vitalité exceptionnelle va donc se retrouver mutilée pour tenter de sauver sa vie.

Ensemble, dans cette épreuve les deux anciens amants se retrouvent avec tendresse et respect.

Roth s’interroge sur les thèmes de la maladie, du temps, de la mort.

« La bête qui meurt » commence donc comme une histoire de sexe, une passion physique quasiment taboue, et se termine part des réflexions profondes sur la vie.

Je suis assez d’accord avec cette vision des choses.

Le sexe, élément central du roman, est également considéré comme l’élément central de la vie mais sans le coté « procréation et harmonie » de la vie religieuse, plutôt comme moyen de lutte naturel, instinctif contre le dépérissement et la mort.

« La bête qui meurt » est un donc un roman puissant, cru, sans complaisance traitant de notre société avec en toile de fond l’explosion des valeurs familiales et traditionnelles, un roman dont la noirceur et la lucidité semblent le fruit de l’arrivée au crépuscule de sa vie d’un grand écrivain.

Le roman que je relirai peut être à plus de soixante ans passés ?

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