L'Histoire des animaux (Aristote)

 



Aristote toujours avec l’ « Histoire des animaux ».

Ce recueil n’est je pense pas à ranger directement dans la rubrique philosophie.

Il s’agit en effet de la première approche scientifique de la zoologie.

On pourrait également parler d’éthologie, de physiologie voir de biologie et de médecine tant les sujets abordés par Aristote sont vastes.

L’homme fait également partie des espèces étudiées mais son traitement se situe bien à part de celui des autres animaux.

Dans cet ouvrage découpé en dix livres, Aristote définit et classe les différentes espèces animales avec une grande rigueur scientifique.

Pour cela il  s’appuie sur des observations, certaines issues de dissections et d’autres de traités plus anciens comme ceux d’Hérodote ou d'Hippocrate.

Il est noter que les planches anatomiques auxquelles il est fréquemment renvoyé n’ont jamais été retrouvées.

Après un exposé de son système de classification basé sur les organes, le milieu de vie , les système respiratoire, sanguin et reproductif, Aristote décrit les grandes catégories d’animaux :  vivipares, ovipares, ovovivipares (poissons ), animaux à revêtement écailleux (mollusques ) , les animaux « mous » (les céphalopodes ), animaux à coque souple (crustacés ) , bêtes à entailles (insectes ).

La catégorie vivipare regroupe à peut prêt tous les mammifères sans grande distinction entre les différents types de carnivores ou d’herbivores.

Aristote n’a en effet pas crée les sous catégories des rongeurs, des petits carnassiers ou des insectivores.

Cependant il est remarquable que les cétacés soient inclus dans cette catégorie.

Aristote est le premier à reconnaître le caractère particulier de ces animaux marins et à ne pas les ranger comme ses prédécesseurs dans la catégorie des poissons.

Les animaux les plus abondamment décrits dans cette catégorie sont le chien (animal de référence en raison de son caractère commun ) , le cheval, le lion, le loup, l’ours, le chameau, l’éléphant , le bœuf, le mouton, le porc, le sanglier ainsi que le singe.

Il y a quelques passages surprenant sur les maladies des animaux comme les  chiens, les chevaux les bœufs ou les porcs soigneusement décrits du fait de leur caractère domestique.

Le chameau, l’éléphant et le lion, animaux sans doute exotiques pour un grec sont également largement décrits allant même pour ce dernier jusqu’à un certain anthropomorphisme ( le lion est courageux et loyal ).

Aristote relève déjà  les grandes similitudes physique entre le singe et l’homme et attribue à certains animaux sauvages une certaine forme d’intelligence notamment pour se soigner ou  faire des stratégie de chasse ou pour déjouer leurs prédateurs.

Les ovipares sont différenciés, les oiseaux sont longuement décrits, aussi bien les gros rapaces que les oiseaux pécheurs ou chasseurs de vers ou d’insectes.

Les reptiles et les amphibiens autres principales familles d’ovipare sont elles aussi décrites notamment le serpent, grenouille, tortue, lézard et crocodile.

Les ovovivipares sont également largement décrits, y compris les sélaciens (famille des raies et requins) avec une distinction entre poisson d’eau douce et poisson d’eau de mer.

Les notions de branchies, de système sanguin, de squelette cartilagineux ou osseux évoquées feront date.

Les animaux à coque souple ou mous sont moins abondamment décrits mis à part pour les pieuvres, les crabes et les langoustes ou même le bernard-l’ermite.

Il est à noter qu’Aristote parle de la stupidité du poulpe qui se dirige vers la main de l’homme alors que bien plus tard des expérience montreront que certains poulpes sont parmi les espèces les plus intelligentes du globe avec notamment la capacité à se servir d’outils.

J’ai été impressionné par la description des « bêtes à entailles » .

Certes les seules distinctions qu’il existe sont entre animaux volant et marchant mais Aristote décrit par exemple la société des abeilles et des guêpes avec une précision incroyable.

Il définit la hiérarchie avec un roi (une reine en fait), des bourdons mâles relativement inutiles et des abeilles ouvrières.

Cette minutie est sans doute due au fait que les Grecs cultivaient le miel et avaient sans doute étudié de prêt la question pour avoir un bon rendement.

En revanche Aristote ne s’attarde pas sur la société des fourmis, pourtant largement aussi complexe.

Les araignées sont aussi bien décrites notamment les tarentules.

N’étant pas médecin et étant un peu rebuté par cette discipline les chapitres consacrés à l’homme m’ont en revanche beaucoup moins intéressés.

Aristote donne des cours d’anatomie et décrivant les différents organes internes et externes du corps humain.

Les livres VII et X sont totalement dédiés à l’étude des organes sexuels et au processus de la reproduction humaine.

On peut parler d’antichambre de la médecine quand Aristote décrit les causes de grossesses difficiles, d’infertilité  ou de maladies infantiles.

L’église qualifiera ces chapitre d’indigent.

En conclusion je dirais que l ‘ « Histoire des animaux » est un étonnant recueil scientifique marquant les prémices de quantité de sciences à l’état de gestation durant l’Antiquité.

Comme à son habitude, Aristote est le classificateur, le bâtisseur, celui qui élabore à partir de sources éparses un système théorique cohérent doté d’une hiérarchisation.

Ce qui est passionnant aussi est de voir la trace qu’aura laissé cet ouvrage dans le temps, avec ses traductions latines, un oubli relatif à la chute de l’Empire Romain, un regain d’intérêt à le Renaissance avant que les grands savants du XVIII iéme et du  XIXieme siècle comme Buffon, Lamarck ou Darwin viennent enrichir la base fournie par Aristote en son temps à l’aide de nouvelles technologies.

En résumé je recommande la lecture de ce livre à tout ceux (et celles )  curieux d’esprit et intéressés par la science.

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