L'histoire de l'homme (Yves Coppens)
Vous y connaissez quelque chose, vous en paléoanthropologie ?
Bien moi pas plus que cela et pourtant nous devrions tous nous sentir concernés puisque cette science complexe mixant archéologie, médecine, biologie et physique s’intéresse à l’évolution de l’homme au cours de son histoire.
De plus, la France compte parmi elle un de ses plus éminents représentants au niveau mondial en la personne d’Yves Coppens, chercheur au CNRS et membre du collège de France.
Coppens a publié bon nombre d’ouvrages de vulgarisation dont « L’histoire de l’homme » qui regroupe en réalité les cours qu’il donna entre 1985 et 2003 au collège de France.
Bien, autant le dire tout de suite, cet ouvrage dit de vulgarisation est en réalité très ardu à aborder pour le néophyte et s’adresse plutôt à des gens (étudiants ?) ayant un certain nombre de prérequis nécessaires à sa pleine compréhension.
Néanmoins on découvre tout de même les théories de Coppens en matière d’études de l’évolution de l’homme, théories qui se sont en réalité grandement imposées au niveau mondial.
Le livre traite tout d’abord des origines, situées à plusieurs millions d’années … la théorie de l’évolution produit l’apparition des petits mammifères plus résistants aux variations climatiques avant l’apparition de la lignée des Hominines (grands singes ) qui elle même se découpe entre familles de Primates (Gorilles, Orangs-outans, Chimpanzés) et des Hominidés (Australopithèques et Hommes).
L’australopithèque apparu il y a 4 millions d’années bien que non affilié à l’homme comporte déjà un certain nombre de caractéristiques physiologiques proches de l’espèce humaine notamment le fait d’être un bipède omnivore.
Coppens affirme plusieurs fois l’origine africaine indéniable des premiers hommes caractérisés par un ensemble complexe de critères comme la taille des jambes, du bassin (bipèdes) , la forme des mains (présence d’un pouce ) , du crane (traduisant développement du cerveau) ou de la dentition (traduisant une alimentation omnivore).
La grande théorie de Coppens appelée « East Side Story » est celle d’un événement tectonique il y a 17 millions d’années autour de la Rift Valley avec le choc des plaques Africaine et Eurasiatique
Ce choc va engendrer d’intenses transformations dans l’habitat de cette région, initialement tropicale et humide.
A l’ouest la foret va subsister tandis qu’à l’est elle va disparaître.
Ainsi les grand singes vont rester à l’ouest tandis que les ancêtres des australopithèques et d’autres espèces bipèdes plus mobiles vont aller vers l’est.
Soumis au rythme des saisons et à d’intenses variations climatiques ces espèces vont devoir s’adapter et évoluer …
Elles vont continuer à se redresser, développer leur motricité sur les pattes arrières, la nourriture plus variée qu’elles vont trouver va conduire à une évolution de leur dentition, leur cerveau va aussi croître pour s’adapter à ce nouveau mode de vie.
Il y a 2,5 millions d’années a lieu la migration vers l’Eurasie des homo erectus d’Afrique.
Il y en aura plusieurs allant jusqu’en –30 000.
La théorie de Coppens est que piégés par des glaciers, les homos erectus vont subir une dérive génétique et se détacher de leur origine africaine pour donner en –100 000 les hommes de Néandertal ancêtres des homo sapiens.
Au final on retrouve donc un condensé des théories dominantes à l’heure actuelle dans le domaine de l’évolution de l’homme :
Le darwinisme des espèces soumises à des conditions environnementales changeantes aboutissant à une sélection par l’adaptation au nouveau milieu.
L’origine africaine de l’humanité puis d’un peuplement des autres continents par migrations successives avec en dernier lieu le peuplement des Amériques puis des îles comme Madagascar ou l’Australie.
L’affirmation basée sur la proximité génétique et morphologique d’un lien de cousinage étroit entre l’homme et le singe, tout particulièrement le chimpanzé.
Cette dernière affirmation a je pense de quoi hérisser les religions qui pensent toujours que Dieu a crée l’homme à son image et donc que l’origine de l’homme serait de source divine.
Le livre insiste également sur les erreurs commises au fil des siècles, notamment fruit de préjugés refusant de considérer l’homme de Néandertal au faciès grossier comme un ancêtre des hommes modernes dit « évolués ».
Bien entendu la paléoanthropologie n’est pas une science exacte et les recherches dans ce domaine continuent au fil des découvertes.
Ainsi au cours de ces dernières années certaines théories de Coppens ont été partiellement remises en cause.
En conclusion « L’histoire de l’homme » est un ouvrage scientifique plutôt dense dont l’aspect vulgarisateur pourrait être à mon sens plus développé, par exemple en rappelant en annexe les grandes période étudiées, les échelles de temps d’apparition et de disparition des espèces ainsi qu’en incluant un lexique des termes latins, extrêmement complexes à décrypter pour le non initié.
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