Chourmo (Jean-Claude Izzo)

 




J’ai un instant hésité avant d’entamer la suite de la trilogie marseillaise de Jean Claude Izzo mais ai finalement décidé de continuer avec « Chourmo » deuxième volet de la série après « Total Khéops ».

Première remarque sur la couverture de Folio extrêmement attirante et sensuelle avec cette belle jambe bronzée de femme du Sud à la robe légèrement relevée.

Le ton du roman détonne pourtant avec cette première impression visuelle.

Le premier chapitre très fort décrie en effet la mort de Guitou un adolescent abattu par de mystérieux tueurs alors qu’il avait fugué à Marseille pour rejoindre sa petite amie Naima et connaître l’amour physique pour la première fois.

Cruel…

Ensuite le lecteur retrouve l’univers du premier roman avec un Fabio Montale ayant démissionné de la police, vivant retiré des « affaires » dans sa maison aux Goudes avec une vie rythmée par la pêche et les bons repas chez ses amis restaurateurs.

Guilou, une cousine que Montale avait perdu de vue, redébarque dans sa vie pour lui demander de retrouver la trace de son dernier fils le petit Guitou.

Guilou a apparemment bien réussi dans la vie, et remariée à un conseiller financier à Genève, semble baigner dans l’opulence.

Dans le même temps, alors que Montale commence son enquête, son ami Serge, éducateur de son état est assassiné sous ses yeux dans une cité des quartiers Nord.

Montale se retrouve donc à mener deux affaires de front.

J’ai dans un premier temps été déçu par « Chourmo », je trouvais en effet que Izzo se répétait sur les thèmes abordés dans le premier roman, comme s'il avait déjà dit tout ce qu’il avait à dire dans le premier volet des aventures du commissaire.

Bien sur il y avait toujours les descriptions chargées de saveurs, de senteurs et de tendresse de sa chère ville de Marseille mais tout cela semblait tourner quelque peu en rond entre désillusions des jeunes arabes des quartiers Nord et volonté de relance économique d’un ancien port majeur de la Méditerranée aujourd’hui supplanté par ses rivaux italiens ou hollandais.

L’originalité ici de la variation consiste à décrire par l’intermédiaire de l’enquête sur le meurtre de Serge, le fonctionnement des réseaux terroristes islamistes qui recrutent dans les banlieues ou les prisons françaises des jeunes arabes en perte de repères.

Ce thème, était assurément très porteur en 1997, peu après la vague d’attentats à Paris et en plein milieu d’une sanglante guerre civile algérienne.

Donc en fait on remplace le donnée « Front National » par la donnée « Islamiste » avec le même rejet un peu consensuel à mon goût des extrêmes…

Et puis il y a eu la dernière ligne droite du roman, avec ce brusque revirement dans l’affaire du petit Guitou.

Ce revirement m’a surpris et a donné du piment à une affaire que je trouvais un peu ronronnante.

Montale de nouveau confronté à l’insondable face obscure de l’humanité a vu ainsi son goût de la vie une fois de plus mis à rude épreuve.

Rythmé par une intrigue un peu moins prenante que dans le premier opus, de personnages masculins et féminins moins attachants comme Cuc cette Vietnamienne toute droite sortie d’un pur fantasme asiatique, « Chourmo » se sauve ainsi la mise au prix d’une fin surprenante et haletante ou Montale se retrouve une nouvelle fois aux prises avec les anges de la mort de la Mafia.

Suite et fin dans « Solea » ?


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