Le Joueur d'échecs (Stephan Zweig)

 


 

Stephan Zweig m’avait été recommandé de longue date par des sources différentes dignes de foi.

J’ai donc lu « Le joueur d’échecs » courte nouvelle extrêmement connue.

L’histoire se passe pendant la seconde guerre mondiale sur un paquebot faisant route vers l’Argentine.

Le narrateur, un Autrichien embarqué sur le bateau apprend que le champion de monde d’échecs du nom de Czentovic est à bord et intrigué par ce jeu qu’il tient en haute estime, il décide de provoquer une partie contre lui.

Pour se faire, il utilise la stupide vanité d’un riche ingénieur écossais pour arriver à ses fins en lui faisant payer 250 dollars afin de pouvoir affronter tous les deux le champion.

Czentovic est décrit comme un prodige des échecs, mais aussi comme un homme rustre confinant à l’autisme, terriblement orgueilleux et âpre au gain.

Au cours de cette partie, alors que les deux amateurs se retrouvent rapidement surclassés, un mystérieux inconnu intervient et grâce à ses précieux conseils, le tandem parvient à arracher un match nul face au champion qui en raison de l’offense subie réclame une revanche le lendemain.

Entre temps, le narrateur fait la connaissance de cet inconnu du nom de M. B.

L’homme lui raconte son histoire surprenante : proche du régime monarchique autrichien il a été détenu pendant des mois par les Nazi dans un hôtel de Vienne afin de lui extorquer des informations sur ses comptes en banque ou sur  la famille royale.

En captivité, l’homme dérobe un livre d’échecs retraçant 150 parties jouées par des Maîtres et pour ne pas devenir fou commence à se passionner pour ce jeu.

Il apprend tout par cœur, devient obsédé par les échecs.

Pire, une fois les parties mémorisées, il se met à inventer ses propres parties, jouant contre lui-meme dans une sorte de délire frénétique schizophrénique.

Une fois relâché pour raisons de santé ou politiques l’homme est contraint de fuir vers l’Amérique du Sud.

Mais sur le paquebot, ses vieux démons le reprennent.

Alors même si il sait que le jeu d’échec l’a rendu fou, il tient à affronter pour la seule et unique fois un véritable adversaire sur un vrai échiquier

L’affrontement entre l’impassible Czentovic et le très agité et fiévreux M.B est passionnant.

Le dénouement du livre bien que logique est très adroit.

« Le joueur d’échecs » est un livre très vivant, formidablement bien écrit.

Le style limpide de Zweig est un pur régal.

Bien entendu l’intérêt principal de ce livre est d’ordre psychologique.

Le jeu d’échecs, sorte de combat entre deux intelligences, art aux multiples combinaisons d’une richesse infinie, rempli de stratégie ou d’instinct est il est vrai un formidable terrain d’expérience pour les jeux de l’esprit.

Mais la passion obsessionnelle et pathologique développée par M.B en prison est elle même un combat mental intérieur encore plus passionnant.

L’homme face au néant, à la solitude, à l’ennui, à cette  gigantesque machine à briser les individus qu’était le Nazisme … qui réussit à trouver une échappatoire par la puissance son esprit.

Je recommande donc cette courte et excellente nouvelle à tout amateur de romans cérébraux

Séduit, je pense lire d’autres livres de Zweig.

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