Rhétorique (Aristote)
La « Rhétorique » d’Aristote est un ouvrage composé de trois livres dont le but est d’étudier les moyens de persuasion dans les discours.
Cet ouvrage recense donc les techniques de démonstration ainsi que celles permettant d’influencer un auditoire en jouant sur les passions éprouvées.
Pour Aristote les démonstrations s’appuieront suivant les cas sur des enthymèmes ou des exemples composés à base de prémisses ou lieux communs reconnus de tous.
Les enthymèmes sont des syllogismes propres à la Rhétorique.
Reposant sur le vraisemblable des prémisses, ils sont en principe accessibles à tous.
Dans le premier livre, Aristote, après avoir défini la Rhétorique comme une branche particulière de la Dialectique, décrit les trois principaux genres de discours : le délibératif dont le but est de prendre une décision sur le futur, le judiciaire dont le but est de porter un jugement sur des faits passés et enfin l’épidictique proche du présent au style démonstratif traduisant l’éloge ou le blâme.
Pour chacun de ces genres, Aristote définit son objet.
Ainsi on délibérera sur les revenus, la guerre ou paix, l’importation ou l’exportation ainsi que sur la législation.
Le style délibératif tend donc vers le domaine politique et son but est donc logiquement l’atteinte du bonheur (sous entendu de l’homme dans la cité).
Aristote poursuit donc naturellement sur une sorte de « rappel » des biens constituant le bonheur (noblesse, enfant, richesse, réputation, vertus corporelles, amis, chance ..).
Le genre épidictique porte lui sur le beau ou le laid ainsi que les vertus et vices qui sont également « rappelés ».
Ce genre est naturellement porté à l’amplification.
Pour le genre judiciaire, Aristote s’intéresse aux causes qui font commettre des injustices en discourant autour des thèmes de l’illégalité et de la responsabilité.
Se dégagent chance, nature, contraintes puis habitude, réflexion, colère et désir.
Aristote traite aussi de l’ habitus c’est à dire la disposition de l’âme des hommes qu’ils soient agents ou patients.
Les notions de preuves, témoins, serments , conventions sont discutées.
Aristote décrit habilement les méthodes pour utiliser à son avantage ou contourner les textes de loi sachant que ceux ci ne sont pas parfaits et doivent quelques fois être interprétés dans un esprit de justice.
Le second livre traite des passions que peut éprouver un auditoire : colère, calme, amitié, haine, crainte, pitié ,honte, obligeance, indignation, envie, émulation ainsi que des techniques pour provoquer ces passions sur cet auditoire.
La suite logique est l’étude des caractères par rapport à l’age, la richesse, la puissance , la noblesse.
Ces chapitres sont de grands moments de psychologie et montrent toute l’acuité de l’esprit du philosophe pour percer les secrets de l’âme humaine.
La deuxième partie du second livre est plus technique et explique l’utilisation des enthymèmes, paraboles, fables et maximes pour arriver à ses fins.
Enfin le troisième livre, traite du style du discours .
Le choix des mots convenables, riches sans être trop poétiques ou pesants, l’emploi de métaphores à bon escient, la correction du langage, le ton approprié suivant les circonstances, le rythme vif (péon) des phrases utilisant fréquemment des antithèses, la concision de l’ensemble sont autant d’atouts pour convaincre.
Mon sentiment sur la « Rhétorique » est qu’il s’agit d’un livre plutôt difficile d’accès.
Avoir lu les « Tropiques » du même auteur et avoir une bonne connaissance d’Homère , Euripide, Sophocle ou Eschyle me paraît grandement aider à la compréhension de l’ouvrage car Aristote utilise souvent ces œuvres pour étayer ses démonstrations.
Ne possédant pas encore toute cette culture classique, j’ai eu quelques difficulté à tout assimiler.
Malgré ce handicap technique, j’ai été impressionné par la justesse des techniques proposées par Aristote pour gagner un auditoire à sa cause.
A mon sens ces techniques confinent à de la manipulation mentale ou tout du moins à de l’influence.
Elles requièrent donc une conscience aiguë de l’esprit humain comme seul un homme extrêmement brillant comme Aristote pouvait en être capable.
Cet ouvrage, par la large part qu’il donne au discours judiciaire me paraît constituer un indispensable manuel de référence pour qui se destine à des études de magistrature ou d’avocat.
Plus simplement, il peut également fournir de bonne idées pour construire un exposé oral, participer à un débat ou à une réunion.
Je crois donc que je relirai ce livre plusieurs fois dans ma vie.
Aujourd’hui quels sont les plus brillants rhéteurs français?
Bernard Tapie, Jean Marie Le Pen, Nicolas Sarkozy, Olivier Besancenot ?
Un bon rhéteur se doit d’être également un bon acteur ce que ne sont pas en général les énarques, trop froids et figés dans leur langage et leurs expressions corporelles.
Ceci aurait il donc une part d’inné ?
Commentaires
Enregistrer un commentaire