Mindhunter, dans la tête d'un profiler (John Douglas, Mark Oldshaker)

 



Le monde ténébreux des tueurs en série avec « Mindhunter, dans la tête d'un profiler » livre co-écrit entre John Douglas et Mark Oldshaker.

Sorti en 1995, avant la série inspirée de sa carrière, « Mindhunter, dans la tête d'un profiler » s'inspire de la carrière John Douglas qui a été un des pionniers sinon LE pionnier du « profilage » criminel au FBI dans les années 70.

La première partie, que je juge moins intéressante est la plus autobiographique.

Douglas commence par le surmenage dont il a fait l'objet dans les années 80, sur ses déplacements incessants entre conférences et assistances aux polices locales, sur sa vie de famille négligée et sur le grave accident cérébral qui a failli lui couter la vie en 1983.

Il revient sur sa jeunesse, son passé de sportif (football américain, base-ball), son service militaire de « planqué » durant la guerre du Vietnam, un parcours somme toute médiocre qui prendra une toute autre tournure lorsqu'il intégrera le FBI auréolé de l'autorité et du prestige de John E Hoover.

Durant ses premières années, Douglas occupe des jobs de terrain dans diverses villes américaines puis s’intéresse à l'approche « psychologique » des délits pour augmenter leur résolution.

Titulaire d'un doctorat en psychologie, il lui vient alors l'idée de mêler cette « science » avec les méthodes policières classiques afin de pouvoir cerner les profils des meurtriers.

Se heurtant au scepticisme voir à l'hostilité de ces collègues, Douglas intervient d'abord comme conseiller dans les affaires, mais sa perspicacité et son charisme lui permettent de se faire connaître dans le milieu de la police et à gagner en influence.

La seconde partie consiste ensuite à égrener la longue liste des affaires de tueurs en série auxquels il a eu affaire durant toutes ces années.

Assez rapidement une distinction est faite entre un criminel psychotique, dément, désorganisé, tuant dans une bouffée de délire et un psychopathe, beaucoup plus dangereux selon lui car capable de se fondre dans la société, de préparer ses actions, d'améliorer ses stratégies avec surtout un haut degré de maitrise de la manipulation.

Les psychopathes sont souvent des personnes complexées, avec un besoin pervers de reconnaissance, de contrôle et de domination.

L'acte violent et ritualisé est pour eux un moyen de prendre une revanche, par exemple dans le cas d'abus subis pendant l'enfance ou tout simplement face à un handicap ; difformité physique, bégaiement, impuissance sexuelle, frustration.

Ils sont excités par la traque des victimes, la souffrance infligée. Ils aiment revendiquer leurs « exploits », avoir un écho dans la presse, collaborent souvent avec la police, reviennent sur les lieux du crime ou même sur les tombes des victimes pour revivre la jouissance de leurs actes.

Les exemples de tueurs en série sont ici légions et à chaque fois, l'intuition et l'expérience de Douglas permettent de dresser un « profil » d'une précision assez stupéfiante concernant : l'age, la race, l'emploi, le statut social, le physique, le et même style vestimentaire du tueur potentiel.

Douglas aime utiliser des techniques pro-actives qui consistent à piéger les suspects en faisant diffuser des informations vraies ou fausses par la police afin de les obliger à se découvrir.

Il joue sur leur orgueil, puisqu'ils se pensent plus intelligents que la police, mais sait aussi utiliser la manipulation pour feindre de « comprendre » leurs motivations et leur trouver des circonstances atténuantes pour leur arracher des aveux.

Pourtant, les cas exposés sont réellement horribles et comprennent malheureusement un coté répétitif déprimants : des femmes souvent jeunes, séduisantes et pleine de vie sont approchées, menacées puis enlevées par un mélange de ruse et de violence inouïe. Une fois la proie à sa merci, le psychopathe peut jouir de son emprise et infliger les plus cruels sévices à l'aide souvent d'objets de torture jusqu'à la mort et éventuellement la mutilation.

Les meurtres d'enfants accompagnés d'actes pédophiles sont encore plus insupportables et malheureusement les prostituées constituent des cibles assez fréquentes par leur vulnérabilité sociale.

Nourri de son expérience et de sa réussite, Douglas a crée un département spécial puis fait des émules dans toutes les polices mondiales.

En conclusion, assez peu intéressant dans sa partie autobiographique, « Mindhunter, dans la tête d'un profiler » est une mine d'informations pour les passionnés d'affaire criminelles « dures » voir insoutenables comme dans le cas de ce tueur obligeant sa victime à écrire une lettre d'adieux à sa famille.

Il en résulte que PERSONNE n'est malheureusement à l'abri d'une agression d'opportunité et la liste des victimes à « bas risques » égrenées par Douglas constitue en ce sens un avertissement à la prudence dans le comportement de tous les jours.

A travers de multiples exemples se dessine le portrait robot du tueur psychopathe type : intelligent, organisé, manipulateur et égocentrique.

Tous ces facteurs contribuent à leur extrême dangerosité mais aussi à leurs faiblesses que Douglas a appris à exploiter en faisant preuve lui aussi de techniques de manipulation.

Cependant le constat de l'expert est sans appel : une fois mis sous les verrous, les cas de rédemption sont rarissimes et à chaque fois que l'un d'entre eux est libéré après avoir souvent berné les psychiatres et juges chargés de l'examiner, il recommence dans la spirale des meurtres.

Passé un certain niveau de violence, nul retour possible dans la vie « normale » car tout simplement aucun traitement n'existe. Aux États-Unis deux issues possibles donc : la peine de mort ou l'emprisonnement à vie.

Mais aucun système n'est infaillible, Douglas le prouve, en montrant comment certains tueurs ont pu passer entre les mailles de l'administration.

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