Concert classics (Judas Priest)

 



J’ai quelque peu hésité avant de chroniquer l’album live « Concert classics » de Judas Priest.

Je possédais en effet cet album depuis une dizaine d’années, je l’avais acheté chez un disquaire d’occasion dans le Sud de la France et comme il n’apparaissait pas dans la discographie officielle du groupe j’ai pensé alors à un enregistrement pirate.

Mais en 2007, Judas Priest l’a ressorti en version officielle et remastérisée, ce qui m’a ôté quelques scrupules par rapport à la version originale.

« Concert classics » est l’enregistrement d’un concert de Judas Priest en 1980, date de la tournée américaine  du « British Steel » , album le plus connu du groupe.

Un rapide mot à propos de la pauvreté artistique de la pochette, un vulgaire copier/coller de la couverture du « British Steel ».

Assez ironiquement celle de la version initiale (pirate ?) était beaucoup plus vivante et réussie.

Le moins que l’on puisse dire c’est que ce disque commence de manière inattendue,  alors qu’on pense à un « Metal Gods » en entrée, on entame par « Hellbent for Leather » morceau toujours très percutant mais que le groupe, placera systématiquement à la fin de ses shows par la suite.

D’entrée le son paraît bien étouffé, faiblard et ne restitue pas la puissance habituelle du groupe sur scène, on a ainsi l’impression que Judas Priest joue dans un petit club (ce qui est bien entendu faux ) mais cela n’enlève rien à la qualité intrinsèque des morceaux et à celle de leur interprétation.

Bel enchaînement avec le « Ripper » toujours une leçon de dramaturgie épique en moins de trois minutes.

« Running wild » qui passe derrière est aussi un excellent morceau mais son tempo rapide et nerveux pâtit quelque peu du manque de puissance du son.

La place de « Living after midnight » en début de concert, a aussi de quoi surprendre…

Le public est inexistant et on sent le groupe jouant presque seul, un peu perdu dans un gouffre de solitude.

Premier véritable morceau complexe et épique du concert, « Sinner » contraste avec les premiers morceaux joués avec sa structure a rallonge et ses multiples changements d’ambiances.

La réverbération sur les cris aigus d’Halford est saisissante.

Jusqu’alors mitigé, je commence à prendre réellement du plaisir sur « Beyond the realm of death » , perle noire que le coté intimiste du concert rend encore plus fragile, superbe, émouvante.

Première rareté du disque, « You dont have to be old to be wise » que je trouvais génial sur la version studio est un bonheur à entendre sur une scène avec son riff fabuleux et la voix magique d’Halford.

Judas Priest fait intelligemment participer le public sur le refrain final et même si on ne l’entend pas beaucoup, l’ambiance de fête est fantastique.

Après ce live prend des allures de sans faute et d’Éden musical , avec « Grinder » terriblement puissant et menaçant avec son tempo saccadé et brutal, enchaîné d’un  « Victim of changes » de prêt de 8 minutes ou Rob semble quelques fois exceptionnellement se louper sur les aigus avant de tout emporter par son feeling à pleurer toutes les larmes de son corps dans la deuxième partie de ce titre éternel.

Deuxième rareté du disque, « Steeler » morceau très rapide et paroxysmique du « British Steel » est interprété de façon magistrale en live, c’est la fête !

Et la fête continue avec un version dantesque de « Genocide » rallongée d’un long passage instrumental ressemblant presque à une improvisation entre musiciens.

Avec ses 10 minutes de haute intensité et de symbiose musicale, « Genocide » est sans nul conteste LE morceau le plus incroyable de ce disque.

La fin de l’album plus classique est néanmoins excellente avec « Tyrant » puissant et efficace ainsi que « The green manalishi with the two pronged crown » toujours mythique.

En conclusion, « Concert classics » s’avère malgré une entrée en matière  un peu hésitante, un fantastique album live, avec une sélection parfaite de l’excellence musicale qu’avait atteint Judas Priest à l’époque.

De plus quelques raretés sympathiques figurant sur ce disque sont susceptibles d’aiguiser la curiosité des collectionneurs.

Toutefois la production quasi inexistante bien que conférant un coté intimiste (involontaire !) au disque, est  cependant assez indigne du standing d’un groupe comme Judas Priest et peut s’avérer un obstacle sérieux pour certains quant à  l’appreçiation de la musique.

Peut être la remasterisation aura-t-elle gommée ce phénomène assez rédhibitoire.

 

 

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