Ma descente aux enfers (Christophe Tiozzo)

 



Il est assez rare que je lise des autobiographies des sportifs ou de personnages célèbres de notre temps… pourtant le parcours du boxeur Christophe Tiozzo m’a tellement touché que j’ai fait une entorse à cette règle en lisant « Ma descente aux enfers ».

Autant le dire tout de suite avec ce livre autant ne pas s’attendre à de la grande littérature mais plutôt à un témoignage sur un milieu sulfureux qui a toujours déchaîné les plus grands fantasmes : celui de la boxe.

Difficile de trouver en effet un autre sport ayant inspiré plus d’œuvres que le noble art.

Rares sont en effet les livres traitant des déboires des lanceurs de fléchettes ou des champions de trampoline.

Dans ce livre Christophe Tiozzo se raconte, vide son sac de manière cathartique et un peu désordonnée.

Ce boxeur charismatique a connu son heure de gloire en 1988 lorsqu’il a décroché le titre de champion du monde des super welters après une médaille de bronze aux jeux olympiques de Los Angeles en 1984.

Ce qui frappe dans le récit de la vie de Tiozzo dans ces années folles c’est un désir flagrant d’auto destruction, un comportement suicidaire voilé se traduisant par des sorties nocturnes incessantes, des fréquentations douteuses proches du milieu des voyous et des prostituées.

Paris pour Tiozzo se limite à Pigalle, Oberkampf ou les Champs-Elysées de nuit dans une quête sans aucun sens de défonce cocainée, alcoolisée et sexuelle.

Bien entendu le bonhomme avait le coup de poing facile et eu les pires ennuis, il fut ainsi témoin du meurtre d’un des ses « amis », arrêté en possession d’une arme à feu et balafré à coup de couteau après une bagarre avec des gitans devant une boite de nuit.

Cette vie semblant peu compatible avec les exigences d’un sportif de haut niveau, Tiozzo semble l’avoir menée, avec presque constamment d’énormes problèmes de prises de poids à régler.

J’ai été étonné et également déçu que Tiozzo dise qu’il ne boxait que pour l’argent qu’il déteste se lever tôt, s’entraîner, faire des régimes, que le milieu de la boxe ne lui plaisait pas …

Finalement il ne semblait même pas avoir de plaisir à son sport et est quand même devenu champion du monde et médaillé olympique, j’ai donc du mal à totalement le croire même si il devait avoir incontestablement des dons innés pour ce sport.

Cette manière de tout rabaisser et salir sans doute du à l’aigreur d’un homme blessé est je trouve un peu blessante pour les boxeurs peut être moins talentueux que lui mais qui triment tous les jours dans des gymnases obscurs pour arriver au plus haut niveau.

Donc les histoires de défonces tournent rapidement en boucle, les embrouilles en découlant aussi.

L’autre fait marquant du livre est la manière dont Tiozzo s’est fait arnaquer par son manger de l’époque Jean-Christophe Courrèges, un jeune et beau parleur qui l’a subjugué, emmené boxer aux Etats Unis et a apparemment dérobé la majeure partie de ses gains.

Tiozzo homme de la rue issu d’un milieu modeste n’avait pas comme beaucoup de boxeurs les armes intellectuelles pour voir venir le danger et a été la proie de vautours, de conseillers financiers escrocs et d’homme d’affaire brésiliens véreux qui sous couvert de « bons » placements en Suisse ou au Panama  l’ont purement et simplement dépouillés de tout son argent.

Pour ma part, être sportif n’excuse pas tout, Tiozzo aurait du être moins insouciant mois stupide, sortir un peu la tête de sa vie de fou et mettre plus souvent le nez dans ses comptes …

Terrible manque de lucidité donc qui se paye argent comptant.

Bien obligé de se reconstruire, le boxeur termine le livre sur une note volontairement positive, les procès en cours pour récupérer son argent (bon courage !) , sa paternité, l’ouverture de son restaurant en Ardèche mais compte tenu de l’extrême instabilité du bonhomme ceci ne peut que laisser sceptique.

Alors le cas Tiozzo, une tristement banale histoire d’un pauvre type qui l’a bien cherché ?

Je ne sais pas en tout cas ce livre ne m’a pas fait éprouver de compassion ou d’empathie pour le bonhomme que pour rien au monde je n’aurais aimé croiser un soir dans un bar.

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