Le boxeur manchot (Tennesse Williams)

 



De Tennessee Williams je ne connaissais que « comme tout le monde » les pièces de théâtre fantastiques comme « Un tramway nommé désir » ou « Baby Doll » toutes  deux  merveilles d’infernales tensions sexuelles, dramatiques et psychologiques.

Aussi la lecture du recueil de nouvelles « Le boxeur manchot » m’a donné envie de découvrir une autre facette de l’homme de théâtre, à savoir l’écrivain.

Et je dois avouer avoir été plutôt enchanté du voyage sous la plume de Monsieur Williams.

Tout est dit ou presque dans ce titre curieux, presque absurde, ces nouvelles ne racontent que des histoires de marginaux, de gens vivants hors des normes de la société ou des convenances mais avec un coté incroyablement émouvant.

Un jeune boxeur mutilé, devenu prostitué et paria de la société, qui s’auto-détruit dans la vagabondage, la débauche et le meurtre comprend presque miraculeusement dans l’attente de son exécution qu’il existe une humanité et qu’il a laissé passer son salut …. 

Destinée déchirante que l’auteur compare à celle d’une statue d’un apollon mourant …

Mais ce n’est rien à coté de l’histoire de « Malédiction », cet ouvrier perdu dans une ville étrangère ne vivant que pour la chatte qui partage sa solitude et sa détresse … Une histoire aussi simple que belle qui m’a  purement et simplement transpercé le cœur.

Les récits du « poète » amis des enfants vivant en ermite sur une plage dans des conditions d’extrême dénuement ou « les champs des enfants bleus » magnifique allusion au remord d’une femme par rapport à un amour de jeunesse, contiennent aussi des charges émotionnelles terriblement puissantes.

Mais il y a aussi des récits plus « durs » comme cette mystérieuse et morbide relation entre un petit homme masochiste et son colossal masseur noir qui le tue davantage à chaque séance à sa propre demande dans une volonté d’expiation par la douleur … ou la féroce révolte d’Alma dans « l’oiseau jaune », devenue prostituée indépendante et heureuse pour briser le joug du fanatisme de la religion qui a entraîné la mort de sa mère condamnée pour sorcellerie sur la foi de délirant témoignages des jeunes filles de Salem.

Solitude, misère sociale et affective, personnage décalés, rebelles, inadaptés au monde, poètes ratés, boxeur déchus, vierges hystériques, amantes malheureuses à jamais composent cette bouleversante palette d’humanité ébréchée.

Avec ce recueil j’ai compris que Tennessee Williams n’excellait pas seulement dans le théâtre mais que son art était plus vaste que ce champs déjà immense.

Cet homme possédait en effet le don de raconter des histoires et de toucher directement à la substantifique moelle des êtres humains.

« Le boxeur manchot » est donc un livre merveilleux, une véritable leçon de littérature.

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