Iliade (Homère)

 



Poursuite de la découverte des grands classiques avec l’ « Iliade » d’Homère.

Il est amusant voir navrant de constater que j’aurais lu avant  le classique originel « Ilium » l’indigeste et inutile version de science fiction de Dan Simmons.

Certes comme pour l’ « Odyssée » l’histoire est à peu prêt connue de tous pourtant, l’ « Iliade » est assez différente de l’ « Odyssée », c’est  en effet un pur livre de guerre, beaucoup plus violent et âpre, dont l’action se situe dans un lieu fixe.

Tout le livre d’Homère décrit l’affrontement entre les Achéens (ou Grecs) venus par la mer sur leurs navires (ou nefs ), assiégeant la ville fortifiée de Troie dans le but de récupérer Hélène la femme d’Agamemnon, enlevée par Paris le troyen.

Le récit est extrêmement dense, voir minutieux, les forces en présence ainsi que les caractères des principaux belligérants étant méticuleusement décrits.

Coté Achéens, le chef des armées est incontestablement Agamemnon le roi de Mycènes qui a poussé à cette guerre pour récupérer sa femme.

Il jouit d’une autorité quasi souveraine sur le commandement de part le nombre d’hommes qui lui sont dévoués.

Le seul à s’opposer à lui est Achille, le demi dieu fils de la déesse marine Thétis.

L’objet de leur différent est une jeune et jolie Troyenne du nom de Briseis qu’Achille a enlevée et garde comme esclave.

Agamemnon qui lui aussi tient en otage la fille d’un prêtre d’Apollon, provoque la colère du dieu de la lumière qui décime les rangs de ses soldats.

Pour l’apaiser il rend la fille du prêtre mais prend en dédommagement non sans autorité la captive d’Achille, ce qui froisse grandement la fierté de ce dernier.

L’ « Iliade » commence donc par un affrontement fratricide entre les deux Grecs les plus dominateurs de l’armée.

Finalement la dispute se solde par un violent rejet d’Achille qui décidant de ne plus combattre se retire à l’écart dans sa nef avec son fidèle ami-amant le vaillant Patrocle.

Le retrait d’Achille revêt une grande importance car le demi dieu, considéré comme invincible sur un champs de bataille, inspire une immense terreur aux Troyens.

D’autres personnages importants du contingent achéen sont Ménélas le roi de Sparte et frère d’Agamemnon, le puissant Diomède roi d’Argos appelé le « dompteur de cavales », les deux Ajax, le petit aux pieds rapides et le grand, sorte de terrifiant colosse, mais aussi dans des registres plus intellectuels le rusé Ulysse et Nestor, le vieux monarque dont la sagesse et les conseils tactiques sont écoutés de tous, y compris Agamemnon et Achille.

Coté Troyen, les héros sont plus rares, le chef incontesté est Hector, fils du roi de Troie, le vieux Priam, trop âgé pour combattre.

Il y a aussi bien entendu la cause du conflit le beau Paris, plus connu pour ses dons d’amants et d’archer que pour sa vaillance au combat.

Et puis fourmille une multitude de personnages secondaires comme Glaucos, Sarpédon ou les innombrables fils de Priam.

Le point important de cette bataille est que les Dieux de l’Olympe y jouent un rôle prépondérant.

Ils n’hésitent pas à intervenir personnellement en faveur d’un camps ou l’autre, et l’enjeu entre mortels devient vite un objet d’affrontement entre Immortels.

L ‘  « Iliade » est une longue succession de batailles entre les deux camps, d’attaques et de contre attaques, chaque camps prenant alternativement l’avantage à la faveur de nombreux retournements de situations provoqués par les Dieux.

Les Achéens bénéficient du soutien d’Athéna, de Poséidon, d’Héra et Hephaistos.

Les Troyens de celui de Zeus, Apollon, Arès ou Aphrodite.

Parmi tous ces soutiens, celui de Zeus prévaut sur tous les autres.

Les luttes entres les hommes sont dures, âpres et sanglantes et les morts nombreux.

Homère décrit admirablement l’action, utilisant de nombreuses métaphores poétiques comme « l’ombre vint sur ses yeux » pour décrire la mort ou « la flèche lourde de sanglots » pour un trait fatal.

Il utilise également abondamment les comparaison avec les animaux, principalement les fauves (lions, loups, sangliers ) ou les insectes (abeilles, guêpes, sauterelles) pour dépeindre les coups d’éclats.

En réalité malgré une certaine répétitivité dans les affrontements indécis, Homère insuffle un formidable souffle de réalisme dans ces combats.

Il s’agit souvent de batailles rangées, ou les hommes fortement cuirassés, casqués, utilisent leurs longues lances de bronze pour tuer, leurs boucliers multi couches pour se protéger ou plus rarement leurs épées pour le corps à corps.

Les arcs sont utilisés pour le combat à distance, les chars pour la cavalerie.

La première partie du récit est marquée par l’aristie, la folie guerrière de Diomède, transformé en surhumaine machine à tuer par Athéna, et qui met en déroute presque à lui tout seul l’armée troyenne.

Diomède dans sa fureur va même jusqu’à blesser deux Immortels, Aphrodite et Arès, avant d’être stoppé de justesse par Apollon lui même.

Après cette première percée achéenne, les rôles s’inversent, les Troyens reprennent l’avantage grâce à Hector qui les fait pousser jusqu’au nefs des assaillants afin des les incendier.

Lors de ces assauts, Diomède, Agamemnon et Ulysse sont blessés et mis hors combat.

La Achéens se retrouvent donc à leur tour assiégés et à deux doigts de reprendre la mer pour s’enfuir du sol troyen.

A ce moment critique, les manigances des Dieux atteignent leur paroxysme.

Le tournant du conflit est la mort de Patrocle, l’ami d’Achille, tué par Hector alors que les dieux défenseurs de Troie l’avaient mis en position de faiblesse.

Cette mort douloureuse fait sortir Achille de sa réserve boudeuse et aiguillonne une soif de vengeance sans limite contre Hector et les Troyens, vengeance du reste considérée comme juste par Zeus lui même.

La dernière partie du récit est la plus passionnante avec un paroxysme d’intensité provoqué par la rage destructrice d’Achille, le plus puissants des hommes que sa mère Thétis a rendu invulnérable en lui faisant confectionner une armure indestructible par Hephaistos.

Achille fait un carnage, irrite même le dieu du fleuve Scamandre qui essaie de le tuer avant d’être dompté par les efforts conjugués d’Héra et Hephaistos.

Dans le même temps les Dieux redoublent d’intensité de part et d’autre, soutenant chacun leur camps, favorisant leurs champions.

Finalement Achille retrouve Hector et les deux hommes s’affrontent en combat singulier.

Achille venge son ami mort en tuant Hector.

Il refuse de rendre sa dépouille à Priam et traîne son corps derrière son char pour le ramener au camps achéen.

A cette époque, il était important de rendre les derniers hommages au corps des morts en les incinérant après moultes sacrifices.

Achille fait pour Patrocle les funérailles d’un roi et recueille les cendres de son ami dans une urne d’or.

Les Dieux autorise Priam a récupérer le corps de son fils et le récit se conclut sur ce status quo apparent.

En conclusion, j’ai moins légèrement moins aimé « L’Iliade » que « L’Odyssée ».

Le récit bien qu’accordant également une place non négligeable à l’irrationnel m’est apparu moins poétique et merveilleux que celui du voyage d’Ulysse.

Autre petite déception, le récit de la prise de la ville par le fameux cheval ne figure par dans l’ « Iliade », ce qui minimise quelque peu le rôle pourtant décisif d’Ulysse.

Les affrontements quasi permanents entre les deux camps créent à mon goût une certaine uniformité qui peut quelque fois lasser.

Ainsi lorsqu’un homme d’importance mineure est tué, Homère brosse à chaque fois un portrait de plusieurs ligne de la personnalité du défunt.

Malgré ces critiques mineures, la langue d’Homère m’a séduit par son inventivité et par sa richesse exceptionnelle.

A travers le récit d’un des plus vieux conflits (imaginaire ou non ) de l’histoire de l’Humanité, se dessine le portrait d’authentiques modèles, ces héros, ces demi dieux, ses surhommes aimés des dieux pour qui les notions d’honneur et de courage sont supérieurs en valeur à celle de leur propre vie.

Alors évidemment la grandeur, puis le souffle épique de l’ « Iliade » finissent par nous emporter comme le fleuve puissant emporte un rondin de bois et il est très agréable de céder à tant de majesté.

Pour toutes ces raisons, par Zeus !  L’ « Iliade » n’a pas fini de nous fasciner et de nous inspirer.

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