Redeemer of souls (Judas priest)

 



Cela ne sera pas sans une nouvelle et sincère émotion que je m’apprête à chroniquer un nouvel album de Judas priest, « Redeemer of souls » sorti en ce beau mois de juillet 2014.

Alors qu’on aurait pu penser qu’après le très abouti et aventureux « Nostradamus » enchainé de la tournée d’adieux « Epitaph », sonnait la fin glorieuse mais logique de la carrière des Défenseurs de la foi, Judas priest surprend encore six ans après avec ce nouveau disque, sans le légendaire guitariste KK Downing remplacé par le jeune Richie Faulkner et ses petits trente quatre printemps.

Comme tend à inciter la pochette usant d’une représentation apocalyptique d’une créature infernale surnaturelle venant faire expier par la violence aux hommes leurs péchés, « Reedemer of souls » se présente de facture somme tout classique.

Les prêtres de l’Enfer débutent en effet leur récital par « Dragonaut », qui basé sur des riffs puissants, déroule un tempo vif et des refrains diablement efficaces.

Nous restons certes dans le domaine habituel de Judas priest et prendrons garde de ne pas crier au génie, mais ne pouvons que reconnaitre « Dragonaut » constitue avec son dynamisme une entrée en matière quasiment parfaite pour un album de heavy metal.

Usant des mêmes procédés et techniques, « Redeemer of souls » garde le rythme en permettant à Rob Halford d’utiliser sa marque de fabrique : les montées dans les aigus, cette fois dosées avec contrôle et parcimonie.

Malgré un sens de la mélodie certain, « Reedemer of souls » manque sans doute d’un peu de punch pour tout à fait séduire ou impressionner, comme si le groupe de sexagénaires était encore à ce stade sur la retenue.

On brise alors intelligemment le début de linéarité qui semblait s’installer pour livrer avec « Halls of Valhalla » une longue et puissante composition contenant une forte dimension épique, avec un Halford parfaitement à son aise dans le registre viril et émotionnel des dieux nordiques.

Avec ses prenants changements d’atmosphère, ses chœurs guerriers et sa dynamique inexorable, « Halls of Valhalla » impressionne l’auditeur et constitue assurément le premier titre majeur de l’album.

Mais comme chacun le sait réduire Judas priest à sa dimension purement offensive serait une monumentale erreur, et nous basculons à présent dans l’ambiance plus calme et ténébreuse de « Sword of Damoclès » superbe mid tempo au charme hypnotique permettant à Halford d’explorer un chant plus varié et nuancé.

Encore sous le choc de la magie pénétrante de « Sword of Damoclès » surgit « March of the damned » mid tempo immédiatement accrocheur reposant sur des riffs et refrains originaux d’une incroyable qualité.

Rappelant par instant « Metal gods », « March of the damned » pourrait tout à fait devenir un des hits les plus accessibles de Judas priest si le grand public était un peu plus ouvert en terme de style musical.

« Down in flames » marque le retour du heavy metal dans sa plus pure essence, avec des riffs lourds, une dynamique porteuse, des lignes de chant hyper mélodiques et inspirées même si les refrains qui auraient du sublimer l’ensemble pour en faire un classique priestien, constituent au final le maillon relativement plus faible de la chaine enflammée.

Les choses se gâtent ensuite un peu sur le septième titre, « Hell&back » power ballade particulièrement ennuyeuse se réveillant brusquement, tardivement et maladroitement dans sa dernière ligne droite ce qui bien que dans un registre similaire, n’est pas le cas de l’excellent « Cold blooded » porté principalement par la voix du Metal god.

Changement radical d’ambiance et tentative de résurgence du Judas priest violent et agressif de « Metalizer » qui malgré sa puissance et de bons passages, se montre trop brouillon et approximatif pour atteindre sa cible et terrasser définitivement l’auditeur.

Un peu désarçonné on poursuit en ravalant sa déception le voyage sonore, découvrant « Crossfire » superbe trouvaille passant d’une ambiance chaloupée bluesy à des attaques meurtrières de guitares ou la voix de Rob transperce et vrille l’âme.

Plongée dans les ténèbres de l’au-delà sur les très mystérieux et mélodique « Secrets of dead » ou le Metal God se fait shaman et passeur vers d'autres mondes sous-terrains.

Mais alors que l’auditeur se remet difficilement du voyage mystique ayant mis ses sens à l’épreuve, la fin du disque surgit déjà : « Battle cry » sans doute le titre heavy metal classique le plus réussi et impressionnant du disque en raison de sa vitesse et de sa force de frappe sans faille et enfin « Beginning of the end », déchirante ballade conclusive ou la voix du Metal god arrache des larmes de tristesse et de bonheur.

En conclusion, « Reedemer of souls » n’est certainement pas un album aussi novateur (et casse gueule !) que « Nostradamus », ni aussi agressif que la doublette « Painkiller-Jugulator » qui il est vrai poussait le curseur particulièrement loin et sans doute également Mémé en perfecto dans les orties.

Une fois ceci évoqué et certaines petites faiblesses relevées montrant que les sexagénaires de Judas priest ne sont pas d’infaillibles machines à tubes, ce nouvel et inattendu album se laisse après plusieurs écoutes découvrir dans toute sa splendeur et sa richesse, s’imposant heure après heure, jour après jour comme une merveille mettant en émoi chacune de nos cellules sans doute régénérées par tant de bienfaits.

Extrêmement varié, complexe et prenant, « Reedemer of souls » confirme que Judas priest comme Black sabbath ou à un degré moindre Iron maiden, demeure le groupe de heavy metal le plus cérébral, le plus passionnant et le plus ambitieux de l’histoire.

Il reste fort à parier que même à vitesse réduite conforme à l’âge avancé de nos vétérans, Judas priest, même sans KK Downing, n’a pas terminé de faire parler de lui, de charmer et d’enflammer les cœurs et les âmes de millions de fans dans le monde.

Vous avez dit génies ? Pour ma part, il y a longtemps que la messe (noire) est dite …

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