Les Souffrances du jeune Werther (Goethe)
J’avais un grand père professeur d’allemand et germanophile intégriste qui érigeait Goethe au firmament de la Kultur avec un grand K.
Il était donc prévisible qu’un jour ou l’autre je vienne à tenter l’aventure germanique.
Ceci est chose faite avec « Les Souffrances du jeune Werther » roman culte en son temps (Napoléon le connaissait par cœur paraît il ! ) qui révéla au monde le talent du jeune écrivain.
« Les Souffrances du jeune Werther » s’inscrit pour moi dans la tradition d’un romantisme d’un autre temps, celui des « Liaisons dangereuses » , de « la Nouvelle Heloise » et plus généralement celui du siècle des lumières.
On peut trouver cela charmant ou parfaitement désuet et ridicule selon ses goûts.
C’est un mélange de son expérience sentimentale personnelle douloureuse et d’une tragédie survenue à l’un de ses proches qui inspira Goethe pour ce livre.
La forme utilisée est particulière puisqu’elle se présente comme un long échange épistolaire (à sens unique en fait ) entre le narrateur, le jeune Werther et un ami inconnu et factice un certain Wilhelm.
Werther y raconte longuement les tourments qui l’ont assailli, quand ayant pris du recul dans un charmant petit village de Wetzlar, il eut le malheur de tomber amoureux d’une certaine Charlotte fille d’un comte local et mariée à un certain Albert, homme de haut rang, apparemment irréprochable mais manquant de la fantaisie et de la folie de l ‘artiste.
Après une période de pleine euphorie ou Werther s’extasie sur la nature en fête, et sur l’effet bénéfique que lui procure son amour pour Charlotte, le jeune homme plonge progressivement dés l’arrivée d’Albert dans un enfer psychologique sans fin.
La situation est classique, l’infernal triangle amoureux avec une femme inaccessible ce qui ne fait sans doute qu’attiser le désir du jeune et fougueux Werther.
Ce qui ajoute au coté malsain de l’histoire c’est que Werther est régulièrement invité par le couple, Charlotte appreçiant en effet sa compagnie amicale et le mari le tolérant pour sa vivacité d’esprit.
Sentant le danger, Werther tentera bien de se faire muter dans un poste à l’ambassade mais il ne s’y sentira jamais à l’aise et pire, victime d’une rumeur nauséabonde en raison d’une liaison avec une jeune comtesse, il démissionna et revint précipitamment se jeter dans son piège tant adoré.
Au passage, les descriptions du monde de l’ambassade, de la médiocrité des employés et des cadres sont assez savoureuses, Werther y apparaissant comme un esprit libre terriblement anti conformiste et critique vis à vis de la noblesse, « race » qu’il déteste visiblement au plus haut point.
De retour à Wetzlar, la situation s’envenime et une succession de micro-drames vient exacerber la sensibilité à fleur de peau du jeune homme, l’acculant au désespoir.
L’ombre du suicide jusqu’alors esquissée se fait de plus en plus insistante.
Finalement le dénouement tragique aura lieu.
Goethe conclut donc de façon la plus dramatique cette histoire d’amour impossible et de chagrin trop lourd à supporter pour une vie terrestre.
Le succès foudroyant de ce roman me surprend fortement.
Je soupçonnais au départ un fort attrait du public féminin pour ce type d’ouvrage mais apparemment les hommes aussi aimaient ce livre peut être parce qu’au fond l’histoire de Werther est puissamment universelle et qu’elle renvoie tout à chacun à ses propres blessures amoureuses.
Quoi de plus universel et classique en effet de désirer une femme qui ne veut pas de soi ou qui nous est inaccessible ?
J’avoue moi-même m’être parfois douloureusement meurtri dans cet engrenage.
Sur le livre en lui même, je n’ai pas été très touché par les déboires de ce jeune homme de bonne famille, oisif et privilégié et ne pas être très réceptif à ce type de littérature trop sentimentale à mon goût.
Et puis Goethe n’est il pas tout au fond considéré comme un génie par ses poésies et ses pièces de théâtre (comme Faust) ?
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